Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Louise Carpple ou l'art d'être française à Poudlard
19 novembre 2013

Chapitre 9 : Coïncidences du bout du monde

Une fois attablées, Carla subit un assaut de questions sur son état et celui des autres personnes atteintes. Heureuse de revoir du monde, elle se prête de bonne grâce aux interrogations des curieux. Pendant ce temps, je déguste tranquillement ma salade composée aux ingrédients non identifiés et multicolore, tout en attendant de pouvoir poser la question qui me brûle les lèvres : dans quel état est Will ? C’est au dessert, la cuillère plantée dans mon mille feuilles framboise/pivoine/cola/poivron, que je saisis enfin ma chance.

« Dis moi Ka, les pustules de Will était-elles aussi grosses que les tiennes ?» tentai-je sur le ton de l’humour.

Elle me tire puérilement la langue puis me répond :

« Je ne peux même pas te répondre ma vieille ! Il a été transféré ailleurs quand il a commencé à avoir de la fièvre ! On nous a dit que c’était un cas spécial… Nous étions cinq à être atteints par la dragoncelle, un Serpentard de deuxième  année, deux Poufsouffles et une Gryffondor. Mme Pomfresh pense que je les ai contaminés pendant les cours communs… mon cas reste tout de même une énigme… »

Il faut croire que j’avais toutes les raisons du monde de m’inquiéter pour Will, sans savoir à qui m’adresser pour obtenir les bonnes informations.

N’ayant que très peu de temps avant la reprise des cours, je range mon inquiétude dans un coin de ma tête, bien décidée à mettre la main sur le mystère derrière le chaudron, comme on dit chez nous !

Carla m’entraine vers la salle d’Histoire de la Magie, matière enseignée par un fantôme. Déjà ce cours est par essence d’un ennuie mortel, s’il en plus inculqué par un spectre triple centenaire, ce doit être pire que de renifler de la poudre d’Hypnos ! Nous entrons dans une pièce impersonnelle et tristement banale où une masse transparente et phosphorescente flotte calmement. Les Poufsouffle, déjà installés, s’envoient des boulettes ensorcelées et des avions-dragons qui crachent de la salive. Le professeur ne prête pas attention à eux, semblant somnoler. Adam vient s’installer à coté de nous, seul et souriant.

« Carla ! C’est génial que tu sois sortie ! Louise t’a donné tous les devoirs ? Sinon, si tu as besoin, je t’aiderai avec plaisir ! » Dit-il d’un ton enjoué.

Zut ! Avec toutes ces aventures, j’ai complètement oublié de lui dire de laisser tomber son plan drague ! Je lui envoie un petit coup de pied discret pour essayer de lui faire comprendre mais il continue de sourire bêtement à mon amie qui le remercie gentiment.

Ah les hormones ! Incroyable comme ça vous rend niais ! Mais où est donc est passé ce déluré de Gabriel ? J’ai comme un mauvais pressentiment…

Soudain, une voix monotone entame son discours et le cours débute sur la guerre d’Ecume des êtres de l’Eau. Nous apprenons comment Typhondoragedanlatempête, chevauchant son hippocampe Blurps, a massacré à elle seule une horde de Kelpys affamés. Comme si j’étais capable de ressortir ce nom à coucher dehors lors de l’examen !

Le cours se poursuit dans un silence comparable au Nundu à l’affût, quelquefois brisé par un ou deux ronflements. J’en profite pour glisser un petit mot à Adam concernant l’absence de son double diabolique.

Il me répond en vitesse tout en baillant discrètement. Son écriture est  arrondie et volumineuse, très féminine.

« Il m’a dit qu’aujourd’hui, il avait mieux à faire que d’écouter les boniments d’un vieux détritus ectoplasmique. On s’est séparés après le déjeuner, il ne m’a pas précisé où il comptait se rendre…

PS : Je t’avais bien dit qu’il craquait pour toi ! »

Je fronce les sourcils simulant l’ignorance, tout en me demandant s’il est au courant pour le baiser. Il forme alors un cœur avec ses lèvres en battant frénétiquement des cils, répondant ainsi à ma question silencieuse.

Génial ! Moi qui espérais garder cet épisode incompréhensible pour moi toute seule ou presque… encore raté ! Je mettrais Carla dans la confidence ce soir, lorsqu’on pourra en converser tranquillement. Elle ne va pas en revenir la pauvre !

Le cours se termine sur deux rouleaux de parchemin de 30 lignes à propos de la fameuse Typhondoragedanlatempête et les conséquences de son massacre sur les autres peuples aquatiques.

Nous prenons la direction de la salle d’Etude des Runes, exaspérés par la pile de devoirs qui nous attend ce week-end…

Cette matière n’existant pas à Beauxbâtons , je me retrouve donc complètement perdue dans tout ces symboles arrondis aux formes folles et compliquées. Le professeur ayant pitié de moi, voyant que Carla peine à m’expliquer, décide de m’offrir des cours de rattrapage.

« J’ai une élève de Poufsouffle tout à fait brillante qui acceptera sans aucun doute de vous aider à combler votre retard ! J’en discute avec elle, et je vous tiens au courant, ne vous inquiétez pas ! »

La cloche résonne dans le couloir, je le remercie puis quitte la pièce pour rejoindre les filles devant la salle de Rogue où tous les cinquième année sont déjà presque réunis, bien avant l’heure prévue.

Le sinistre professeur à la chevelure graisseuse ouvre alors la porte, qui claque violemment contre le mur de pierre. Il nous invite à entrer d’un geste sec de la tête puis referme l’entrée tout aussi bruyamment qu’à l’ouverture, tel un geôlier après l’arrivée de ses prisonniers.

« Rangez-vous en file indienne devant mon bureau. Comme vous pourrez le remarquer, vous disposez de trois parchemins, chacun représentant une école de magie dans le monde. Le premier est celui de Beauxbâtons, le second Mahoutokoro et le dernier, Salem. J’ose espérer que vous savez où se situent toute ces institutions ! »

Son annonce provoque des chuchotements de satisfaction et d’excitation. Pour ma part, je sais déjà laquelle je ne choisirais pas, imaginez que je tombe sur cette imbécile d’Allison ! Je souris en pensant au malheureux qui piochera son nom.  Rogue réclame le silence en frappant sur son bureau comme un juge au tribunal.

« Je n’ai pas terminé ! Une fois votre choix défini, posez votre index sur une case libre, vous verrez alors apparaître le nom de votre correspondant. Vous pouvez commencer, qu’on en finisse avec ces idioties ! »

Nous avançons rapidement dans une ambiance bon enfant, Shanon et Emma hurlant littéralement leur bonheur de tomber sur des garçons. Des garçons de Beauxbâtons qui plus est, je me demande bien de qui il s’agit… Thomas ? Antoine ? Loîc ?

C’est au tour de Carla, elle choisit le parchemin du milieu, représentant l’école japonaise. Son empreinte s’imprime sur le document laissant place à un nom typiquement asiatique : Akiko Odaka. Bizarre… Est-ce un prénom masculin ou féminin ?

Elle me laisse sa place, je m’avance d’un pas hésitant vers la troisième feuille et pause délicatement mon index sur le papier. Le nom tarde à apparaître puis je finis par discerner des lettres. Ce que je crois lire devant moi ressemble à une blague de mauvais goût. Je me penche en avant pour mieux distinguer les mots, mais ils confirment impitoyablement ma crainte.

 Me voilà fixée, la personne à qui je vais raconter ma vie pendant une année s’appelle Chris Coben, et c’est mon premier amour !

Je constate qu’il a encore dû déménager, la dernière fois que nous nous sommes quittés, ses parents et lui prenaient la direction de l’Afrique du Sud ! Autant dire que du haut de mes treize ans, j’ai eu le cœur brisé, pire même, broyé et piétiné par une horde d’hippogriffes furieux ! C’était mon premier vrai petit copain et j’étais littéralement  folle de lui… Autant que peut l’être une gamine de cet âge là… mais le métier instable de ses parents, etnolomagico-chercheurs, nous a séparés aussi sûrement qu’une morsure de basilic vous élimine de la surface de la terre.

Nous nous étions parlés pour la première fois à la répétition du spectacle de fin d’année de l’Académie. Il était arrivé en France en plein mois d’avril et intégré rapidement chez les Voldelune. Je venais de rater un sort de décoration florale basique, tout le monde se moquait de moi, tout le monde, sauf lui.

Il s’est approché d’une petite Louise fière et sur le point d’éclater en sanglots, m’a souri et fait apparaître la couronne de Sublimeille la plus éblouissante que j’ai jamais vue. Il l’a posée sur ma tête et m’a encouragée à recommencer. Je n’ai jamais réussi à recréer autant de cascades de fleurs depuis ce jour.

Nous nous sommes écrits pendant tout l’été, puis à la rentrée en troisième année, il était inscrit aux courses de Pégases en ma compagnie. On ne s’est plus lâchés jusqu’à son départ douloureux en janvier. Nous avons réussi à garder contact quelques temps mais comme il se déplaçait énormément, c’était très difficile. Finalement, les lettres se sont espacées petit à petit jusqu’au silence total.

Et puis la roue tourne, l’année suivante, Clément est apparu dans son costume de marquis et a tenté de combler un peu ce vide.

Mais comment oublier Chris ? Il était à la fois mon plus bel amour et mon meilleur ami…

Je me demande bien à quoi il ressemble à présent… A-t-il pris encore des centimètres, lui qui était déjà si grand ? Ses cheveux sont-ils toujours aussi décoiffés? Je souris avec nostalgie au souvenir de son appareil Dentairreur… Finalement, il n’y a pas meilleure manière de renouer !

J’aurais adoré voir sa tête quand il a lui aussi aperçu mon nom ! Je suis quasiment certaine que ses petites pattes d’oies au coin des yeux se sont plissées pour vérifier puis, que ses sourcils délicats se sont haussés de stupéfaction. Par le caleçon de Merlin ! Chris Coben quoi ! Maman et Papa ne vont pas en revenir ! C’était bien le seul sorcier pur souche fan de football que je n’ai jamais rencontré et le seul garçon apprécié par mon père !

Je sors de la classe perdue dans mes pensées, quand une main attrape énergiquement la mienne, et me tire en arrière.

« N’oublie pas petite Frenchie, ce soir, toi et moi, 22h, devant la tour d’astronomie. »

Je hoche imperceptiblement la tête puis continue ma route vers la sortie. Comme si j’allais négliger ce genre de rencard… Je repasse mentalement la liste des choses urgentes à faire :

-        Premièrement, retourner à la grotte pour terminer les soins de Serdentard. Si j’ai le temps avant, chercher à la bibliothèque si son espèce est déjà répertoriée.

-        Deuxièmement, retrouver Will, vivant de préférence.

-        Troisièmement, tout avouer à Carla pour son frère et expliquer diplomatiquement à Adam que Ka n’est pas une fille pour lui.

-        Quatrièmement, ne pas oublier le concours de musique des Serdaigle, pour faire plaisir à Max.

-        Cinquièmement, enfin, me rendre au mystérieux rendez-vous de Gabriel ! Prévoir quelques sorts de défense et d’attaque au cas où…

Il y a combien d’heures dans une journée déjà ? J’ai la migraine rien que de cogiter à tout ça, alors le vivre… Mon existence était tellement plus calme en France ! Depuis que je suis ici, le monde tourne à cent à l’heure ! Et maintenant avec le retour de Chris dans ma vie, je crois avoir atteint ma zone de saturation ! On se croirait dans cette série moldue sans fin, qui se passe à Marseille ! Comment est-ce déjà ? Ah ! Oui ! Voilà, « Plus Belle la Vie » !

J’entraîne Carla par le bras en direction de la bibliothèque, pour enfin entamer un morceau de ma liste.

« Alors Ka ? Comme ça tu t’intéresses au Japon ? A ton avis, mec ou fille ton correspondant ? »

« Bah ! C’est plutôt par élimination que j’ai choisi ce parchemin ! La France ? Je connais, je t’ai toi ! L’Amérique ? Trop proche niveau au culturel, il ne restait plus que l’Asie ! Je suis sûre que je vais découvrir un tas de légendes géniales ! »

Carla continue de jacasser sur les merveilles nippones pendant que je réfléchis au moyen de me rendre discrètement dans la forêt. Un sortilège de Désillusion devrait suffire à la nuit tombée, mais une cape d’Invisibilité aurait été parfaite !

Nous pénétrons en sans bruit dans la bibliothèque toujours aussi silencieuse, où Mme Pince, la vieille bique aux traits tirés, nous suit d’un regard lourd de soupçons. Comme si nous nous apprêtions à lancer un feu d’artifice dans sa si précieuse salle !

Je pars en quête du rayon créatures magiques,  apparemment au fond à droite, d’après Ka. Je parcours minutieusement chaque rayonnage avant de tomber sur le saint Graal de l’encyclopédie magico-animal, « Toutes les Créatures presque connues du Monde Magique ».

Lorsque j’arrive enfin à l’extirper, je constate que les rebords sont extrêmement abimés et la couverture à demi recouverte d’une tâche brunâtre au parfum de café. Après avoir décollé quelques pages humides et découvert de nouvelles créatures aussi effrayantes les unes que les autres, je tombe enfin sur un animal semblable au mien. L’illustration n’est pas de très bonne qualité, reproduite à partir d’un dessin. En effet, d’après le texte, l’Occamy, c’est son nom, est, je cite :

« Une magnifique créature carnivore native des Indes ou d'Extrême-Orient, ressemblant à un serpent ailé, doté de plumes, marchant sur deux jambes et atteignant jusqu'à quatre mètres cinquante. Les coquilles d'œuf de l'Occamy sont faites d'argent fin et pur. Du fait de sa rareté, sa description est basée sur les quelques témoignages de chanceux ayant eu le privilège d’apercevoir cet oiseau, qui a la réputation d’apporter chance et félicité. »

De la chance ! Enfin ! Mais qu’est ce qu’un serpent volant originaire d’Asie vient faire par ici ? Carnivore ? Apparemment il aime aussi les biscuits en béton ! Je vais une fois de plus devoir jouer les Charline Rolmes, la célèbre détective dont un moldu s’est inspiré pour créer un personnage de fiction !

Je referme le pesant volume avec exaspération, puis rejoins Carla qui s’était installée à une table pour travailler.

« Tu as trouvé ton bonheur ? C’est pour quel devoir cette recherche ? » Me demande t-elle en m’apercevant.

« Oh rien de bien important ! Un truc que je devais vérifier pour mes excursions avec Hagrid… » Dis-je en demeurant le plus vague possible. « Tu restes bosser ici ? Tu n’as pas tes sélections de Quidditch ? »

« Oh non ! Ce n’est que la semaine prochaine ! Et puis, Gab et moi on est sûrs d’être repris, on forme une super équipe de batteurs lui et moi ! En revanche, il nous manque deux poursuiveurs, et ça, c’est très embêtant, toujours pas intéressée ? »

« Non merci, très peu pour moi ! Je me prendrais un Cognard au bout de deux minutes… Mais t’inquiète, je serai dans les gradins à chanter à tue tête pour vous encourager ! »

« J’espère bien ! » Me sourit-elle en tapant théâtralement le poing sur la table, faisant froncer les sourcils de la vieille bibliothécaire. « Et au fait, tu as pioché quoi comme nom, je ne t’ai même pas demandé ? » continue t-elle en chuchotant.

Je lui raconte alors tout à propos de Chris et de ma surprise de tomber sur lui. Elle ne peut s’empêcher de retenir un rire.

« Décidemment, les mecs et toi, c’est une véritable malédiction ! »

Malédiction… c’est le mot oui !

« Comme tu dis Ka ! J’aurais peut-être dû choisir les filles moi aussi ! »

« C’est sûr, nous au moins, on ne se prend pas la tête ! » me sourit-elle d’un air complice.

Nous prenons un peu d’avance dans nos devoirs avant d’aller dîner, passant tout de même plus d’une heure sur celui de Rogue, sans en avoir effectué la moitié ! Nous nous rendons en vitesse dans la Grande Salle, nos estomacs gargouillant devant le festin quotidien.

Pour moi, ce sera encore une salade ! Malgré les délices de gourmandises qui se trouvent devant moi, je résiste, j’ai besoin d’être légère pour courir dans la forêt ! Je m’accorde un minuscule morceau de cake en dessert, pour les féculents bien sûr ! Pendant que personne ne prête attention à moi, je subtilise quelques tranches de jambon et de rôti. Pratiques les grandes poches des ces robes finalement !

Toute la tablée semble focalisée sur la correspondance et les suppositions loufoques vont bon train. J’apprends que Shanon et Emma ont été associées avec Antoine, un très bon ami à moi, et Thomas, un idiot de première de chez Dolcéan, fidèle toutou d’Allison.

Je profite du brouhaha ambiant pour m’éclipser en toute discrétion, me faufilant en silence vers un endroit calme où je peux enfin lancer mon sortilège de Désillusion. Je murmure aussi doucement que possible un « Caméléus Absolus ». Le voile glacial, signe du bon fonctionnement du sort, recouvre mon corps, me donnant la chair de Povrebine. Je file au pas de course vers la salle commune en tentant tant bien que mal de raser les murs. Je récupère mon sac à dos, enfile un legging noir puis réitère le sortilège pour plus de sureté. Mode camouflage activé !

Dernière vérification avant le départ pour l’opération Sauvetage Serdentesque : Viande pour amadouer la bête, j’ai ! Bandages neufs et potion de Rogue, ok ! Lampe torche moldue offerte par Papa, c’est bon ! Il ne me manque plus que… ah la voilà ! La bonne vieille carte ! Bon eh bien, c’est parti ! Je sors du château tel une ombre dans la nuit, mes pas presque félins se fondant sur la pelouse, reste de mes années de gymnastique moldue.  Je vérifie furtivement que personne ne me suit puis continue ma route vers l’aventure.

Publicité
Publicité
Commentaires
Louise Carpple ou l'art d'être française à Poudlard
  • La rentrée est proche, et pour Louise, pas le choix, elle s'effectuera à Poudlard ! Notre jeune française de quinze ans prend donc la direction de l'Angleterre où elle fera sans aucun doute des rencontres qui changeront à jamais son image de l'Ecole
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Louise Carpple ou l'art d'être française à Poudlard
Visiteurs
Depuis la création 4 694
Pages
Newsletter
4 abonnés
Publicité