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Louise Carpple ou l'art d'être française à Poudlard
19 novembre 2013

Chapitre 13 : Clé de Sol

The_red_violin_by_bittersweetvenomNous restons silencieux, à l’inverse de la nature environnante qui, elle, hurle son indignation d’être ainsi réveillée. Hagrid me raccompagne jusqu’à la porte du château et me donne rendez-vous le lendemain pour notre visite à Serdentard. Je me dirige directement vers la Grande Salle où les filles m’ont gardé une place à leur coté. La nourriture semble plus appétissante que d’habitude ou alors c’est mon estomac qui est plus affamé, en tout cas, tout le monde est étonné de me voir me jeter sur les spaghettis. Je sens leurs regards suspicieux posés sur moi et relève la tête de mon assiette.

« Quoi ? » Bafouillai-je la bouche pleine.

« Tu es sûre que tout va bien Lili ? » Me demande Carla quelque peu inquiète.

L’image des deux corps mutilés des nymphes me traverse alors l’esprit et une nausée me transperce le ventre. J’ai juste le temps de tourner la tête sur le coté que je vomis déjà les quelques pâtes avalées. Un grand silence fait alors son apparition, en même temps, les regards me fixent comme si j’étais un troll des cavernes en plein strip-tease ! Carla me tend une tasse de thé, ignorant les curieux et leur impolitesse. La menthe, chaude et envoûtante, glisse dans ma gorge et ôte le goût persistant de la bile.

« C’est bien, tu retrouves des couleurs ! Allez, raconte nous un peu ce qui te met dans cet état ! »

Une bataille de baies Splash ayant éclaté sur la table des Gryffondor, je ne suis plus le centre d’attention. Je me penche donc en avant pour que seuls mes amis écoutent mon horrible histoire. Une fois terminée, tous repoussent leurs assiettes, aussi outrés que moi.

Remémorer cette affreuse mésaventure m’a coupé l’appétit et c’est l’estomac quasiment vide que je retourne au cachot me changer pour le concert. Je n’ai pas vraiment la tête à jouer mais passer un moment avec mon diablotin de frère ne pourra que me faire du bien. J’opte pour une robe noire, cintrée, aux manches volantes, dévoilant mes bras nus. J’ensorcelle le tissu souple pour qu’à chaque note, il soit balayé de reflets colorés. C’est un petit tour que j’ai appris en deuxième année et qui a fait ses preuves. Après tout, la musique et les couleurs sont habités par la même magie, qui une fois combiné, danse dans une harmonie merveilleuse. Une touche légère de maquillage, j’ondule mes cheveux blonds et installe un papillon de diamant entre mes boucles. Je suis prête.

Carla est en bas, elle aussi très élégamment habillée dans une robe blanche immaculée qui contraste sublimement avec sa peau dorée. Ses cheveux sont remontés en deux tresses, parsemées de petites émeraudes en forme de serpents. Elle ressemble à une déesse grecque ainsi vêtue.

« Je peux t’accompagner Lili ? Max m’a dit que j’étais la bienvenue, mais si tu as peur que je te gêne, je reste ici. »

« Tu plaisantes ! Canon comme tu es, tu m’accompagnes ! Et puis, j’aurai bien besoin de soutien serpentesque au milieu de tous ces oiseaux ! »

Elle m’offre un sourire aussi éblouissant que sa tenue, puis m’accompagne jusqu’à la tour de Serdaigle. Notre présence dans les couloirs ne passe pas inaperçue, certains sifflent même puérilement. Max nous attend devant l’entrée, du gèle plein les cheveux et sa cravate bleu et bronze de travers.

« Wahou !!! T’es trop belle Lili ! Toi aussi Carla !» Ajoute-il en rougissant. « Entrez, on n’attendait plus que vous ! Lili, regarde un peu qui est là bas ! »

Je suis son signe de tête du regard et tombe sur le sourire espiègle, mais néanmoins fatigué, de Will ! Il m’invite à le rejoindre d’un petit signe de la main, ce que  je fais en trois ou quatre foulées.

« Will ! Tu vas bien ? On te croyait mort ! » Affirmai-je avec une joie intense, me jetant sur lui.

« Tes amis Serpentard auraient bien voulu pas vrai ? Comme tu le vois, je suis solide comme un hippogriffe ! »

Il essaie de se frapper le torse de ses poings, pour illustrer sa soit-disant résistance, mais ce geste lui arrache une grimace de douleur.

« Inutile de faire l’idiot, raconte moi plutôt ce qui t’est arrivé ! »

« Pas tout de suite jeune padawan ! Tu as un concours à remporter d’abord ! Bonne chance ! »

Je souris devant ce surnom que seuls les moldus adeptes de la Star Wars mania peuvent comprendre, puis je pars m’installer entre mon frère et Ka. Les premiers candidats se succèdent, plus ou moins brillants, en commençant par un grand roux à lunettes qui joue une sublime balade au piano, reprise en canon par le piano lui-même. Ensuite, une fille de première ou deuxième année à la peau brune chante d’une voix puissante, accompagnée par un drôle d’animal ressemblant à s’y méprendre à une tortue, et enfin, une petite blonde aux drôles de boucles d’oreilles en forme de radis, porte à sa bouche une flûte traversière d’une longueur impressionnante. Elle souffle doucement dans son tube argenté mais aucun son n’en sort. Nous attendons la suite des événements, suspendus à ses lèvres délicates, dans un silence de plomb. Soudain, cinq petits oiseaux azur traversent la pièce et viennent se poser avec grâce sur le bout de l’instrument. Ils entament alors un chant cristallin, quasi enchanteur, dirigés par le souffle tendre de la blondinette. La salle est comme hypnotisée, les notes, intenses, vibrent dans tout mon corps, le tempo, apaisant, me berce doucement.

Un dernier « la » raisonne dans le plafond étoilé des Serdaigles, et tous les élèves présents semblent se réveiller d’une longue transe. La jeune fille salue la salle par une petite révérence puis nous l’applaudissons à pleines mains, encore hébétés et hagard. Le préfet chargé de la présentation se lève à son tour, étourdi, puis prononce mon prénom. Comme je tarde à rejoindre la scène improvisée, Carla m’envoie un coup de coude dans les côtes, ce qui me réveille à mon tour. Mon frère m’encourage d’une tape dans le dos, puis j’accède au coin des instruments et dégotte un superbe violon d’un bois très foncé, presque noir.

Sa forme et sa texture me sont familières et c’est tout naturellement qu’il trouve le chemin de mon cou. L’archet en main, je préfère fermer les yeux devant cette foule de regards. Allez ma grande ! On respire et on se lance !

 J’entame alors un air de ma composition, joyeux, innocent et festif, contrastant avec la cadence précédente.  Je me laisse emporter par ma musique, repensant à toutes ces leçons en compagnie de mes amis modus, à ma famille, mon ancienne école, Libellule… Tous ces manques ressurgissent en cet instant hors du temps, et je sens les larmes perler au rythme des mouvements de l’archer.

La dernière note s’évanouit dans l’air, je savoure ce moment de communion, puis ouvre mes yeux humides. Toute la salle applaudit avec enthousiasme, Max sautille même sur sa chaise, Carla à le visage mouillé elle aussi, et Will… Will siffle bruyamment tout en envoyant des étincelles vertes avec sa baguette. Je suis aux anges ! Le contact du bois vernis m’avait tellement manqué !

Je descends de la scène, rougissante, je pose délicatement mon instrument et rejoins ma place.

« C’était génial Lili ! Tu n’aurais jamais du arrêter ! Et ta robe, elle dansait un même temps que ton violon ! Ca c’est de la magie ! »

Je souris devant l’exagération de mon petit frère, pas très impartial.

« Ton frère à tout dit Lili ! C’était sublimissime ! Tu vivais totalement ta musique ! J’ai vraiment adoré ! »

Je ne sais que répondre à tous ces compliments et les remercie d’un signe de tête et d’un sourire rêveur… Quel sentiment de plénitude… !

Une fois assise, je prends une immense bouffée d’oxygène, laissant le stress retomber. Une main tapote mon épaule, c’est Will, rayonnant, qui m’indique un canapé derrière lui. Je le rejoins, encore un peu déconnectée, m’adossant contre un coussin moelleux.

« Tu étais magnifique Louise ! Vraiment ! Tu as fait d’un vulgaire violon moldu, le plus extraordinaire des instruments ! Je sui bien content d’avoir quitté l’infirmerie ! Je m’en serais voulu de rater un moment pareil ! »

Je rougis de plus belle devant tant d’éloges de sa part. Même si je ne gagne pas, cette soirée reste une victoire totale dans ma vie de musicienne… j’ai retrouvé l’Envie !

« Alors ! J’ai le droit de connaître le mystère maintenant ? Tu étais où bon sang ? »

Une semi obscurité règne dans la pièce, juste éclairée par les constellations et planètes peintes au plafond.   Le bleu de la pièce ressort intensément, j’ai l’impression d’être au milieu de l’océan. Will me fixe avec un sourire énigmatique, ses cheveux de miel retombant sur ces yeux verts profonds. Ce soir, il a laissé de coté ses petites lunettes d’intello, ce qui n’enlève rien à son charme, je le découvre autrement.

« Ce n’est guère un mystère… ton ami Gabriel m’a complètement fracturé le bras et démis l’épaule… j’étais dans un sale état, mais Mme Pomfresh à encore réussi un miracle, et le lendemain j’étais comme neuf. Mais c’était sans compter sur la jumelle diabolique, qui, elle, m’a refilé sa dragoncelle… étant encore un peu faible, j’ai eu quelques complications  et il a fallu m’isoler… Tu vois, rien de bien exceptionnel ni d’inattendu ! »

Il parle d’un ton détaché, cependant, à la façon dont il évite mon regard, j’ai comme la sensation qu’il cache quelque chose. Humhum… Je fais mine de gober son explication en lui souriant avec politesse, puis le dernier candidat se présente, bombant le torse. Entre ses mains, une guitare joliment gravée. Il entame sa balade, douce et tendre, mais dès qu’il ouvre la bouche, c’est l’horreur. Il chante tellement faux que plusieurs personnes ne peuvent retenir un fou rire. Le garçon semble si fier de lui qu’il ne remarque rien, et continue le massacre d’une chanson bien connue de Jeff Buckley. Will et moi échangeons un sourire complice, tandis que les élèves illuminent le bout de leurs baguettes, tels des briquets. Nous nous joignons au mouvement, à présent mort de rire et achevés par une monté dans les aigus pas du tout maîtrisée. Le chanteur est mauvais, mais l’ambiance est là, la foule des quelques Sangs Mêlés reprenant en cœur un« Hallelujah » magique.

Nous nous balançons doucement sur le sofa, un bras délicat et protecteur encadrant mes épaules. Je ne pourrais pas me sentir plus détendue et heureuse. Max et Carla gloussent comme deux enfants face à nous, imitant avec brio le piètre chanteur serdaigle. Tout le monde s’amuse et applaudit en cœur. Une véritable harmonie !

 Je me tourne vers Will, qui semble aussi savourer ce moment, un sourire authentique sur le visage. Sentant que je l’observe, il s’installe de façon à me faire face tout en se rapprochant furtivement. Sa main frôle mon front, où elle déplace une mèche qui tombait devant mes yeux. J’essaie de toutes mes forces de ne pas rougir, mais je sens déjà que je brûle de l’intérieur. Contrôle-toi bon sang !

Son visage se penche dangereusement vers le mien et l’envie qu’il accélère encore son geste enserre ma poitrine. Je ne sais comment réagir, me faire embrasser deux fois dans la même semaine par deux garçons différents est contraire à tous mes principes… en même temps… Will est tellement… tellement adorable et attentionné… impossible d’imaginer le blesser… Pourtant, il faut avouer que je ne le connais pas plus que Gabriel… Et puis je ne veux pas non plus passer pour une fille facile !

Je n’ai plus le temps de réfléchir, ses lèvres sont plus que proches que jamais, son odeur de cannelle mêlée à un inexplicable parfum de cuir me fait tourner la tête. 

« Nous allons à présent annoncer le ou la gagnante de ce premier concours musical de l’année ! Les candidats sont priés de rejoindre la scène ! »  Nous annonce le préfet d’une voix puissante.

La magie du moment s’est évanouie. Will recule brusquement, gêné et déçu, il se reprend rapidement en m’invitant à me lever. Je me dirige en vitesse vers le podium improvisé, aussi embarrassée que lui.  Je me place entre la blonde aux oiseaux et le garçon au piano, un peu anxieuse je dois l’admettre. Je pense que ma prestation a plu, mais la fille aux radis a fasciné par son originalité…

« Bien ! Comme vous le savez tous, le vainqueur est élu par le public ! Je demande donc aux votants pour le candidat numéro un, Mark Finch, de lever leurs baguettes ! »

Quatre ou cinq cylindres de bois jaillissent de la foule, suivis par les deux seuls votes en faveur de la fillette et sa drôle de tortue. Environ la moitié de la salle se lève ensuite pour la flûte silencieuse, ce qui ne me surprend pas du tout. Mon tour arrive et mon pouls s’accélère simultanément. Ce que je prenais pour un jeu dédié au plaisir de mon frère s’avère finalement me tenir à cœur. Après tout, je suis une compétitrice dans l’âme et gagner, dans n’importe quel domaine, se révèle jubilatoire.

 De très nombreuses mains se tendent, dont celles de Max, de Will et de Carla. Il ne reste plus que le piètre chanteur, mais il est évident qu’une victoire s’avère impossible pour lui, à moins que les spectateurs n’aient une bonne dose d’humour. Le duel sera donc serré entre la Serdaigle et moi, surtout qu’elle se trouve parmi les siens… Pourtant, j’y crois et j’attends impatiemment le résultat.

Après avoir compté le maigre nombre de fans du chanteur, le préfet nous annonce, la voix plein de suspens, que la dénommée Luna et moi-même, sommes les deux finalistes.

« Que les personnes souhaitant voter pour Luna teignent leurs vêtements en bleu, les partisans de Louise, en vert ! »

Survient alors un quiproquo de couleurs, certains élèves s’avérant incapables de lancer ce petit sortilège, se retrouvent avec des cheveux turquoise ou vert pomme. Les préfets, légèrement débordés, courent un peu partout pour rétablir l’ordre pendant que mon adversaire patiente calmement en sifflotant. Max n’a pas fait dans la demie-mesure et se retrouve, comme son héros favori, vert de peau, un teint qui lui donne l’air d’être à deux doigt de vomir. Carla a préféré le raffinement et a coloré sa si jolie robe blanche en un vert bouteille profond, parcouru d’un cobra à la gueule ouverte dont la queue frétille redoutablement.

 Impossible de déterminer qui est la gagnante parmi cette aquarelle de verts et bleus mêlés. Deux préfets font le décompte, puis, s’éclaircissant la voix, ils annoncent en cœur.

« Pour la première fois depuis… et bien depuis… depuis jamais ! C’est la première fois tout court qu’une serpentard remporte notre bien aimé concours de musique ! Applaudissons tous Louise et son violon moldu! »

Luna se tourne alors vers moi et m’offre un sourire sibyllin avant d’ajouter : 

« Bravo à toi ! Tu ne t’es pas laissée distraire par les Joncheruine ! J’ai beaucoup aimé ta robe ! Sais tu que les Vermolosses adore ce genre de couleurs ? Tu as de la chance qu’il n’y en ait pas eu dans la salle, ils sont très féroces ! »

Sur ces paroles énigmatiques, elle quitte la scène dans un petit saut gracieux, puis se noie dans la foule, ses longs cheveux flottant en cascade derrière elle.

Je suis toujours interloquée et je me souviens alors que c’est mieux de fermer la bouche quand une trentaine de personnes vous fixent et vous acclament avec entrain. Je ne sais que dire devant toute ces félicitations, alors je distribue des baisers à tout le monde, ce qui en surprend plus d’un. Il faut croire que c’est une coutume bien de chez nous ! Le préfet en chef vient me remettre un badge représentant un étrange diadème bosselé, serti de minuscules saphir et diamants. Voilà un gadget qui ravirait Emilie ! Je remercie chaleureusement tout le monde puis rejoins mon clan qui m’attend patiemment dans un coin de la pièce. Max se jette sur moi, manquant de me faire tomber. Je constate que la nourriture Poudlardienne lui réussit !

« Papa et Maman seraient super fièrs ! » me hurle t-il en français.

« Bravo Lili ! Ca se confirme,  tu es une vraie Serpentard ! Une Gagnante dans l’âme ! Tournée de Bierreaubeurre aux Trois Balais le mois prochain ! » Lance Carla, visiblement pressé. « Viens vite, il faut rentrer avant que l’autre Veracrasse de Rusard ne nous choppe dans les couloirs ! »

Elle prend ma main puis m’entraîne derrière elle, rapide comme un Basilic.

« Ka ! Deux minutes ! Je n’ai même pas dit au revoir à Will ! »

« Tu le verras demain ! » me réplique t-elle, toujours au pas de course.

Nous sommes presque à la porte quand j’aperçois enfin Will qui tente de se faufiler parmi la foule. Se sentant bloqué et voyant Carla déterminée à m’emporter avec elle, il me fait un petit signe d’au revoir, accompagné de son sourire à faire mourir de jalousie le célèbre Brad Pitt.

Je ne sais même pas s’il a eu le temps de distinguer mon haussement d’épaule désolé que je suis déjà dans l’escalier. Carla fonce à vive allure, ma main toujours dans la sienne et je manque plusieurs fois de me prendre les pieds dans ma robe. Heureusement que je n’ai pas mis de talons !

La porte pour descendre aux cachots n’est qu’à quelques mètres quand nous sommes stoppées par une chose poilue et son miaulement grinçant.

« Tiens, tiens, tiens ! Mais qu’avons-nous encore là ma belle ? »

Mon dos est parcouru d’un frisson… à une minute près on été sauvées ! L’ignoble concierge s’extrait alors de son recoin obscur, tenant déjà entre ses griffes une fille aux cheveux courts, l’air furieux.

« Mais oui ! Ca ressemble fortement à deux malheureuses âmes égarées ! Et que faisons-nous à ces âmes ma toute belle ? Nous souffle t-il sournoisement dans un sourire. « On les met en RETENUE ! » Hurle t-il à présent triomphalement. « Et hop ! Trois pour le prix d’une ! En route mes mignonnes ! Allons expliquer à  vos directeurs vos envies d’escapades nocturnes ! »

Il  nous entraîne sans ménagement vers un bureau dont la porte est légèrement en contre bas du Hall. Le genre de portes que vous ne voyez que si vous connaissez déjà son existence. Il tambourine violemment contre le bois, puis au bout de quelques secondes, une énorme touffe de cheveux grisonnants jaillit sur le seuil.

« Quoi ! Que ce passe t-il ? Des Tentaculas Vénéneuses nous attaquent ?! » S’écrie le fouillis de cheveux emmêlés.

« Non professeur Chourave, pire ! Des élèves, en dehors des dortoirs ! A presque minuit ! Vous vous rendez compte ! »

« C’est pour ca que vous me tirez du lit ! Une de mes filles qui a besoin d’air frais ?! Mais mon pauvre Rusard vous n’avez rien de mieux à faire ? »

Vu le visage décomposé du concierge, je dirais que non ! Nous échangeons toute trois des regards amusés.

« Mais… mais… mais… mais enfin professeur ! Il faut les punir ! » Bafouille t-il, indigné de sentir ses proies lui échapper.

« Je m’en occupe ! Maintenant que je suis debout, autant en profiter ! Retournez rôder dans vos couloirs, je vous délivre de ces trois là ! »

Il nous lâche à contre cœur, puis disparaît en maugréant assez fort pour que l’on puisse distinguer ces quelques paroles « Inadmissible », « pendu » et « cachots ».

« Alors mesdemoiselles ! Qui veut un thé aux racines de Snargalouf ? »

La fille entre en premier, visiblement familière du lieu, suivie d’une Carla plus que soulagée.

Je clôture la marche et je manque justement de la rater, cette marche, qui est en réalité… une branche ! Une branche ?! Mais où sommes nous encore tombées !

C’est confirmé, ce prof  a un grain ! Son bureau-chambre-cuisine ressemble à s’y méprendre à une jungle délirante! Il y a des fleurs dans tous les coins, des plantes aux allures louches suspendeus un peu partout et son lit… Son lit est un enchevêtrement de lianes, de feuillage et de branches noueuses.

« Posez vos chaussures les filles s’il vous plaît ! Ma Grassbrindille déteste l’odeur des semelles en plastique! »

Carla et moi échangeons un regard mi surpris mi amusé par cette étrange bonne femme aux allures de hobbit. Nous retirons nos ballerines et c’est à ce moment que nous comprenons où elle voulait en venir. Sous nos pieds, ce n’est pas de la moquette mais du gazon ! Du gazon qui soupire de soulagement au contact de nos pieds nus et nous chatouille à chaque pas. A la lueur des trois ou quatre bougies qui illuminent la pièce, je constate que cette pelouse vivante n’a pas la traditionnelle couleur verdoyante de nos jardins, elle est même plutôt bizarre, toute violette tachetée de bleue !

L’odeur qui nous entoure est en adéquation avec le décor puisque je distingue le parfum de la terre humide, du romarin, du basilic et d’autres plantes aromatiques bien connues. Si j’apercevais des oiseaux ou des vers de terre, je ne serais guère étonnée ! Quel drôle d’endroit pour vivre… c’est comme habiter dehors… mais loger à l’intérieur !

Elle nous sert à, chacune une tasse de son thé mystérieux puis nous invite à nous assoir sur des tabourets, qui sont en réalité de petits arbustes recouverts d’une mousse épaisse. Devant ma peur de l’écraser, elle sourit puis me dit :

« Tu peux y aller, ces Bidourouilles sont solides comme la pierre ! »

Nous posons donc prudemment nos fesses dessus et à mon grand étonnement, l’arbuste ne bouge pas d’une racine ! Au dessus de la table, qui doit vraisemblablement aussi servir de bureau, je remarque une jolie plante enroulée autour d’une poutre de bois. Ses feuilles évoquent  la forme d’un flocon de neige et ses bourgeons fleurissent en petites boules dorées et brillantes. Voilà l’explication du peu de bougies ! Cette plante éclaire suffisamment la pièce à elle seule !

Mes yeux parcourent la pièce, à la recherche d’autres merveilles. Je ne suis pas déçue, la salle est parsemée de pétales colorés aux formes insolites. Autour des petites fenêtres donnant sur la cour, j’aperçois une fleur tressée de rouge, d’orange et de jaune qui me rappelle un bon vieux scoubidou moldu. Deux immenses plantes à la gueule ouverte me persuadent que je ne voudrais pas y mettre la main, des dents discrètes parcourant tout le contour de cette si jolie fleur. Exactement le genre de beautés végétales qui transfoment votre « oh quelle est belle… », en dernières paroles ! La cheminée, quant à elle, est envahie par un lierre arc-en-ciel aux feuilles en forme de papillons. Il s’étend et forme une tapisserie si étonnante que l’on a l’impression que la pierre est recouverte de centaines d’yeux curieux. Je n’ai pas le temps de tout détailler que notre professeur de botanique prend la parole.

« Bon les filles ! Dites moi ce qui vous est passé par la tête à vous promener en pleine nuit ! Vous savez bien que Rusard rôde dans les moindres coins ! Et toi Lena ! C’est la deuxième fois cette semaine ! Sans compter tes sœurs ! Il va falloir vous montrer plus discrète ! Il t’a à l’œil ce filou et je ne pourrai pas te sauver la mise une troisième fois ! Tu m’as bien comprise ? »

La Poufsouffle acquiesce avec reconnaissance et ouvre enfin la bouche.

« Je suis désolée professeur… mais vous savez bien que nous ne supportons pas d’être enfermées mes sœurs et moi… mais promis, on essaiera de ne plus se faire attraper ! »

Sa réponse ne semble pas surprendre Chourave qui pousse un soupir exaspéré.

Lena à une voix bizarre pour une fille de son gabarit, elle est grave et rauque, presque masculine, comme sa coupe de cheveux. On pourrait presque la prendre pour un garçon si ses traits n’étaient pas aussi fins, mais elle est plutôt jolie dans son genre.

« Et vous mesdemoiselles serpentard ? Puis-je savoir ce que vous faisiez dans les couloirs ainsi vêtues ? »

Carla répond pour nous deux, beaucoup plus synthétique que moi.

« Nous étions au concours de musique organisé par les Serdaigle. Maxime, le petit frère de Louise est appartient à cette maison, du coup, il lui a demandé de participer et elle a gagné ! On est rentrées aussi vite que possible ensuite mais on aurait dit qu’il nous attendait ce bougre! » Explique t-elle en frappant du poing sur la table.

« Ca ne m’étonnerat pas que quelqu’un vous ai vendues ! Cependant, on ne peut vous punir pour vous être un peu cultivées ! Félicitations à toi ! Poursuit-elle en me regardant « Battre les Serdaigles dans leur domaine de prédilection, c’est impressionnant ! » Me souffle t-elle gentiment. « Allez ! Vous êtes libres ! Filez jusqu’à vos dortoirs que je puisse me recoucher ! Rusard ne devrait plus traîner par ici à mon avis. Allez ouste ! Ah ! Eh Lena ? »

« Ouiiii ? » Répond en souriant l’intéressée.

« Plus d’évasion nocturne nous sommes d’accord ? »

« Nous sommes d’accord professeur ! »

Nous avalons rapidement notre breuvage plutôt agréable, puis le professeur nous escorte jusqu’à la porte, comme si l’une de ses plantes pouvait se jeter sur nous, ce dont je ne doute pas.

« Hé bien ! Elle est drôlement plus sympa que Rogue votre directrice ! » Lançai-je à Lena une fois seules.

« N’importe qui est plus sympa que cet ignoble glaçon sur pattes ! D’ailleurs, vous avez l’air plutôt cools pour des Serpentard ! Je suis Lena Porter, en cinquième année, comme vous, je vous ai déjà aperçues pendant nos cours communs ! »

J’avoue que je suis bien incapable de répondre la même chose… cette fille ne me rappelle rien du tout.

« Carla Santos, et la blondasse d’à coté s’appelle Louise Carpple ! » Lui répond Ka en lui serrant la main.

« Enchantée ! Je vous laisse, je file avant que le fou furieux ne revienne ! Bonne nuit ! »

Aussitôt dit, aussitôt fait, elle s’enfonce rapidement dans le noir, comme une ombre dans la nuit. Nous prenons le même chemin, direction notre lit, avec notre dose d’émotion complète pour la soirée.

 

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Louise Carpple ou l'art d'être française à Poudlard
  • La rentrée est proche, et pour Louise, pas le choix, elle s'effectuera à Poudlard ! Notre jeune française de quinze ans prend donc la direction de l'Angleterre où elle fera sans aucun doute des rencontres qui changeront à jamais son image de l'Ecole
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