Chapitre 21 : Des nouvelles du reste du monde

7 jours, plus quatre, plus tard
Jeudi 19 septembre

Je me réveille en douceur, les raies de lumière rosées me réchauffant la peau. C‘est l‘aurore, je suis seule dans la pièce, toujours aussi fleurie. Je prends mon temps, remets mes idées en place, cherchant une explication à toute cette folie.
Je m’assois sur le rebord du lit, toute courbaturée mais avec la détermination de me mettre debout.

Je m’élance vers l’avant, prenant appui sur mes bras bizarrement indemnes… C’est un échec cuisant et je m’étale de tout mon long sur le sol de pierre. Aïeeeeeuuu !
Note à moi-même, toujours vérifier la stabilité des ses jambes avant toute tentative de bipédie !

Madame Pomfresh accourt, paniquée.

« Voyons Miss ! Vous voulez aggraver votre cas ?! Si vous avez besoin de quoi que ce soit, appelez moi, mais ne vous levez surtout pas ! Vous êtes encore trop faible ! »

« Oui… Trop faible… Je voulais juste voir s’il y avait des cartes avec les bouquets… »

« Oh ça oui ! Votre amie, Miss Santos, les a toutes lues avec avidité ! Elle les a classées par ordre chronologique je crois… Mais elle les a gardées, de peur que ça ne tombe entre de mauvaises mains soit disant… »

Ah cette Ka alors ! Toujours aussi prévoyante ! Mais de qui cela peut-il bien venir ? Clément ? Il sait que j’adore les fleurs et peut être que je lui manque terriblement ! Non… Il n’a pas dû être prévenu… Peut-être Will alors ? Je rougis rien que d’y penser…

Soudain, la porte claque et laisse apparaître une Carla essoufflée, les cheveux en pétard et encore en pantoufles.

« Lili ! Dès que j’ai lu le mot de McGo j’ai couru jusqu’ici ! Tu va bien ? Tu te souviens de moi ? »

« Heu… Vous êtes la femme de ménage ? » Lui demandai-je en rigolant.

A sa mine choquée, je crois qu’elle ne saisit pas la plaisanterie.

« Détends toi, c’est une blague ! Bien sûr que je me souviens de toi ! Tu es Carla Santos, superbe Serpentard brésilienne et batteuse à tes heures ! »

« Ouf ! Tu m’as fait flipper sur le moment » Me répond t-elle en se jetant sur moi. « Alors belle endormie ! Tu t’es enfin décidée à revenir parmi nous ! Tu as vu un peu… ton admirateur secret n’a pas chômé… »

« C’est sûr ! Toutes ces fleurs sont justes magnifiques ! Combien il y en a d’ailleurs ? »

« Dix bouquets! Pour tes dix jours d’inconscience ! Dès que je venais te rendre visite, ils étaient là…Mais j’ai été déçue… il n’y avait que les noms des fleurs sur les mots… C’est pourquoi, j’ai supposé que ça signifiait quelque chose, alors j’ai recherché par-ci par-là et au bout de cinq jours, j’ai enfin trouvé ! Ton mystérieux admirateur s’est servi du langage des fleurs ! Ca fait un peu vieillot, mais quelle classe ! »

« Wahou ! Qu’est-ce que tu attends ! Dis-moi tout ! »

Aussi excitée que moi, elle sort le résultat de ses recherches, qu’elle me tend avec fierté. J’examine sa liste, truffée de petits commentaires.

J1 : Doussrêves (fleurs blanches et bleus) = Parfum ayant la propriété d’apaiser et guérir. En gros, il te souhaite un prompt rétablissement…

J2 : Violettes = Aucun pouvoir mais signifie que quelqu’un est amoureux en secret…
Oho ca se corse ma belle !

J3: Lys orange = L’explication est trop gnangnan… je te résume en deux mots : T’es canon, je te veux !

J4: Hortensias = Y a-t-il un espoir ? Un espoir que tu te réveilles ou que tu sortes avec lui… j’ai pas trop su déterminer…

J5 : Morpheal Mortis = Fleurs extrêmement rares poussant dans l’écume des vagues et qui auraient le don légendaire de réveiller les morts… Hé ben, il est optimiste le petit… et en plus il doit être riche, parce que vu le prix de ces bidules dorés au marché noir…

J6 : Lavande = Tendresse et Loyauté… Ca veut dire que c’est un Pouffy? En tout cas, elles puent sacrément ces fleurs !

J7 : Capucines = Caliente ma petite! En gros son cœur est un immense brasier d’amour…

J8 : Myosotis = Il pense follement à toi… J’espère que tu aimes les mecs romantiques !

J9: Impatience = Je crois que ça ne peut pas être plus claire… Tu n’as plus qu’à te réveiller et découvrir qui est ce fameux prince charmant !

J10 : Roses en boutons : Le « en boutons » est très important ma belle, Jackpot ! Ca signifie « Promesse… », avec trois petits points ! Il termine sur du mystère… Grrr c’est chaud !

J’ai comme l’impression d’être rouge comme une pivoine ! Hé bien, je ne savais pas que j’étais autant appréciée…

« Tu penses que ça peut venir de Will ? » Me souffle Ka.

« Je ne sais pas trop… qui d’autre sinon ?

« Je ne sais pas, un mec timide qui aurait eu le coup de foudre en te voyant dégringoler des gradins ! Non je rigole… Ce n’est pas drôle… surtout que mon frère est super mal en ce moment… »

« Ah oui? Pourquoi cela ? »

« Ben enfin ! Louise ! C’est lui qui t’a envoyé ce Cognard à la tronche ! »

« Quoi ! Gabriel a essayé de me zigouiller avec un Cognard ?! Il ne perd rien pour attendre celui là ! »

« Calme-toi Lili ! C’était un accident ! Sa batte lui a glissé des mains, et du coup, il n’a pas pu contrôler la trajectoire… Il était certain que tu le croirais coupable à cause du pari que vous avez fait… D’ailleurs, ca ne l’a pas empêché d’être sélectionné… Pas comme moi… »

« Oh non Ka… Cet imbécile de capitaine ne t’a pas choisie ? »

« Hé non ! Ni les deux autres filles d’ailleurs ! Ma désertion après ta chute lui a servi d’excuse… à la place il a pris ce minable de Nott… »

« Je suis vraiment désolée… Tu vas faire quoi finalement ? »

« Je ne sais pas encore… Je réfléchissais à créer une équipe de football… Qui sait, je ne suis peut-être pas la seule à être fan de sports moldus… »

« C’est une super idée! J’en connais déjà un qui se jettera sur l’occasion, Max est aussi accro que mon père ! En parlant de ça… Tu as rencontré mes parents ? »

J’avoue craindre sa réponse, si elle est positive… Ma nature de Née-Moldue a certainement été dévoilée…

« Oui! On s’est croisés quand je sortais d’ici ! Ils sont adorables ! Et ta mère fait des gâteaux délicieux ! Tu as vraiment beaucoup de chance, ils semblaient très unis… »

« Alors ce n’est pas grave si je suis une Serpentard Moldue ? »

« Il y a une seule chose qui est extrêmement grave… C’est que tu n’ais pas assez confiance en moi pour me le confier ! Sinon, ca prouve enfin que l’on n’est pas des maniaques du sang pur! Je ne te cache pas que ca en gênera certains, mais je serai là pour défendre ma Moldue préférée ! »

Je ne peux cacher mon soulagement et je serre la main de mon amie avec reconnaissance, ce qui la fait sourire.

« Bon ! Je suppose que tu veux savoir ce que tu as raté en dix jours de sieste ?»

« Tu es une véritable Légilimens ! Dis moi tout ! »

« Humm… Par quoi commencer… Bon ! Les Bouffondors ont aussi sélectionné leur équipe, avec à nouveau Weasley dans les buts… On va bien rigoler tiens ! Les Serdaigles ont récupéré Will comme poursuiveur, je ne savais pas qu’il était du genre sportif… Ah oui ! J’y pense ! Il a aussi parlé à tes parents et apparemment, il aurait une piste sur quelque chose…Un truc important apparemment… Lena est passée te rendre visite, c’est sympa de sa part… Je t’ai dit qu’elle était batteuse chez les Pouffys ? Et sa sœur est gardienne ! Sinon mis à part le Quidditch, tu es une star ! Anonyme, certes, mais une star quand même ! La Gazette a parlé d’une arrestation de dangereux criminels par une jeune élève de Poudlard et son professeur ! C’était un petit article, mais c’est le début de la gloire ! »

Je suppose qu’ils n’ont pas précisé qu’une pauvre victime innocente avait été tuée…

« Voyons… Quoi d’autre… Ah si ! Hagrid m’a chargée de te dire à ton réveil, que l’éclosion des œufs n’était qu’une question de jours, il semblait débordé le pauvre ! Sinon, pas grand-chose, des babioles, Rusard a eu des oreilles d’éléphant pendant trois jours, Rogue nous surcharge de devoirs, Shanon et Emma ne se parlent plus à cause d’un mec, tu as reçu une, non ! Pardon, deux lettres, une de Salem et l’autre de Beau… »

« QUOI ! Chris m’a répondu ! Mais tu aurais dû me dire ça tout suite ! Tu les as avec toi ? »

« Oho… Madame semble pressée… » Me dit-elle la voix pleine de sous-entendus. « Elle sont dans ton tiroir de coiffeuse, je te les apporte ce soir, promis ! Il faut que je file ! On a Défense contre les Forces du Mal dans vingt minutes et je ne suis toujours pas habillée ! A plus tard ! Bisous ma belle ! »

Après une journée ennuyeuse à mourir, comme elle l’avait promis, Ka revient le soir même, mes deux lettres dans une main et quatre Chocogrenouilles dans l’autre.

« Alors la Frenchie ! Bien reposée ? »

« Arrête ! On dirait ton maléfique de frère ! D’ailleurs ! Il compte venir voir de lui-même si je vais bien ou il préfère se cacher derrière ton dos ? »

« Il est venu avec moi une fois quand tu étais inconsciente, mais je crois qu’il appréhende ta réaction… Avoue, tu vas essayer de le massacrer non ? »

« Je ne sais pas trop encore… Je réserve ma sentence pour plus tard, je préfère attendre ses excuses, je jugerai après ! Mais je compte tout de même en faire mon débiteur à vie ! Gnakgnakgnakgnak ! » M’écriai-je avec un rire diabolique.

« Alors là ! J’aimerais bien voir ca ! Gabriel en esclave ! Tu rêves ! Même si tu étais morte et revenue en fantôme pour le hanter ça n’arriverait pas ! »

« Tu doutes de mon extraordinaire charisme ? » Lui demandai-je faisant mine d’être vexée.

« Désolée Lili mais ton charisme, bien qu’indéniablement éblouissant, ne fait pas le poids face au narcissisme de mon frère… »

« Mon sens aigü de la stratégie alors ? »

Elle éclate alors de rire.

« Encore moins ! Je ne dirais pas que dégringoler de cinquante mètres est la plus brillante des idées pour gagner un pari ! »

J’éclate de rire à mon tour, puis elle me tend mes lettres avant d’ouvrir un paquet de Chocogrenouilles et de sortir une pile de parchemins.

« Je te laisse profiter de ton courrier, il faut que je termine mon devoir de botanique… Pffff la poisse ! »

Je décide de garder la lettre de Chris pour la fin et déplie avec attention le second papier granuleux qui est cette fois-ci d’un joli pourpre.

Coucou ma Poulette !

Je vois que tu t’es ressaisie ! J’aurais reconnu ton parfum entre mille ! On pouvait me suivre à la trace dans tout le château !! Nous avons aussi beaucoup apprécié l’image de ton dortoir (on ne maitrise toujours pas son sortilège d’Impression n’est-ce pas ?), le vert ne te monte pas trop à la tête ? C’est quoi cet escalier bizarre au milieu ?

Ton Will m’a l’air très… appétissant ! J’espère que tu lui auras sauté dessus avant ta prochaine lettre, que je vive un peu la passion par procuration ! Je sais ce que tu vas me dire… Lâche-toi un peu et laisse sa chance à Loïc… Non! désolée ma biche, mais moi, je rêve d’intellect, pas de tas de muscles inutiles ! En parlant de ça… Adam m’a envoyé son premier parchemin. Tu aurais pu me dire que tu trainais avec un garçon aussi intéressant ! Halala, je te pardonne ! Je sais bien que les garçons timides et discrets ne t’ont jamais attirée, tu préfères les rebelles aux cœurs tendres… Il t’a parlé de moi ? Et toi lui as-tu parlé de la plus canon et merveilleuse amie que tu possèdes ? Je veux touuuuuuuuuut savoir !

Passons maintenant à des trucs moins gais. Ma belle, assieds toi et sois forte. Je ne vais pas y aller pas quatre chemins, Clément sort avec Allison. Oui, je sais, c’est horrible, immonde, dégueulasse, à vomir, bref ! Je trouve ça honteux et la bande et moi, on ne lui adresse plus la parole, en soutien pour l’affront qu’il a osé te faire ! Et dire qu’il l’a traitée de petite garce sournoise il n’y a pas si longtemps… L’amitié et la loyauté, ce n’est plus ce que c’était… !

Pour tout de même finir sur une note joyeuse, je t’annonce la renaissance de Libellule ! Je crois qu’il a enfin réussi à surmonter ton absence ! Il faut dire que Pierre le bichonne sacrément ! Monsieur Libou a droit à une séance de massage deux fois par semaine… encore plus gaga que toi, je te jure ! Et le petit bonus, c’est qu’Allison a eu beau taper un scandale et appeler à l’aide son papa chéri, rien n’y a fait, Madame Maxime l’a définitivement confié à Pierre (qui au passage, porte à merveille la culotte de cheval… un vrai régal pour les yeux !). Là tu es en train de te dire, « ça y est ! Enfin ses hormones brûlent pour un derrière masculin! » Hé bien oui ! J’avoue ! Ce mec m’embrouille le cerveau ! Mais comme tu n’es pas là pour jouer les entremetteuses je peine à mort pour lui faire comprendre les signes que tu m’as si difficilement appris…! Heureusement, Soso et Claire me filent des tuyaux et j’espère passer rapidement à l’étape « rencard roulage de pelle dans les écuries » (by Soso bien sur!).

On attend avec impatience tes nouvelles aventures aux pays des Pluies Eternelles !

Gros bisous tout plein du nouveau gloss crée par ma maman, Electric Love !

Em’, Soso et Clairinette

Je rigole toute seule en lisant ces mots. Du 100% Emilie! En tous cas, que des bonnes nouvelles ! Madame se décoince un peu avec les mecs ! Il faut que je briefe Adam sur la « génialité » de mon amie ! J’avoue tout de même être super jalouse de ce Pierre ! Aussi joli derrière ait-il, il m’a piqué mon Libou quand même ! Enfin ! S’il est heureux, c’est l’essentiel ! Bizarrement, le fait que Clément et Allison soit ensemble ne me fait ni chaud ni froid, comme si cette relation datait d’une autre vie…

Je relève les yeux de mon parchemin et je vois que Ka est toujours plongée dans le sien, hyper concentrée. Je m’apprête à ouvrir la lettre de Chris quand Madame Pomfresh déboule, chassant Ka pour que je me repose.

« Mais Madame ! Je n’ai fait que ça tout l’après midi ! » Protestai-je avec vigueur.

« Inutile de négocier ! Il est temps pour vous de prendre vos potions et Miss Santos semble avoir beaucoup de travail, alors ne discutez pas ! »

Je cède à regrets et embrasse Ka qui ramasse tout le barda sur mon lit en vitesse et sort de la pièce en m’adressant un petit signe encourageant avec la main.

« Promis! Demain, je ramène tout le monde ! »

Une fois la porte refermée, je me languis déjà d’arriver au lendemain.
Pour palier à ma soudaine solitude, je saisis la lettre de Chris. En réalité, je ne saisis que du vide, elle n’est plus à sa place ! Je regarde sous le lit, les draps et même dans le tiroir, mais elle n'est nulle part… Oh non ! Ka a du la mélanger à tous ses parchemins ! Je me lève donc pour récupérer mes chaussures et partir à sa poursuite quand l’infirmière me force à boire trois potions aux goûts passablement immondes et trois minutes plus tard, la fatigue m’achève. Je m’endors comme une souche, l’inquiétude de voir mon précieux sésame se perdre dans le château…