Chapitre 23 : Une liberté retrouvée
« Levez-vous ! Très bien ! Maintenant, pliez votre genou ! Parfait ! Je crois que vous êtes guérie ! Vous pouvez partir ! »
Je sautille de joie comme une gamine devant son premier cadeau de Noël.
« MERCIIIIIIIIIIIII Madame Pomfresh ! Vous êtes la plus chouette des infirmières ! »
« Ce n’est plus la peine d’essayer de m’acheter, vous êtes libre ! » Me dit-elle, amusée.
Je trottine vers la sortie, la lettre de Chris sous le bras quand j’entends un petit raclement de gorge moqueur.
« Heu…Miss ? Vous ne comptez pas traverser le château en pyjama tout de même ? »
Oups !
« Effectivement… Mauvaise idée ! J’ai des affaires propres ici ? »
« Il me semble que votre amie en a rangé dans votre placard. »
Décidément, Ka pense vraiment à tout ! J’enfile en vitesse mon jean et un tshirt que je n’ai jamais vu, puis sors joyeusement de la pièce qui m’a accueillie pendant ces quinze jours.
Voyons… il est 12h30... Ils seront surement tous dans la Grande Salle ! Je tourne à l’angle du couloir et percute violemment quelque chose… ou quelqu’un ! Ah non ! Je sors tout juste de l’infirmerie, ça va bien maintenant !
« P**** ! Regarde un peu où tu mets les pieds ! » Criai-je en me frottant le crâne.
« Pardon. »
Je lève alors les yeux vers mon malchanceux camarade et c’est avec surprise que je reconnais un Gabriel fatigué.
Le moment de la confrontation est arrivé plus vite que je ne l'avait prévu...
Quand il me reconnait à son tour, il ne baisse pas le regard et se tient raide pendant quelques secondes interminables, puis, il prend une bouffée d’air et se lance :
« Désolé Louise ! Je risque de te le répéter encore au moins cent fois mais je ne sais pas quoi te dire d’autre… Je suis un idiot, un abruti, un triple Troll, doublé d’un… d’un… »
« D’un crétin égoïste avide de pouvoir et de défis puérils ! » Terminai-je pour lui.
« Exactement ! Si tu savais comme je m’en veux… Je suis le meilleur d’habitude ! Mais là comme par hasard, ça a merdé… Quand j’ai vu le Cognard se diriger sur toi, j’ai essayé de le devancer, mais j’avais frappé si fort ! Tu t’es envolée dans les airs et j’ai bien cru t’avoir tuée… j’ai eu si peur ! D’ailleurs !, Tiens ! Voilà tes dix Gallions… Je sais que ce n‘est comparé à ce que je t’ai fait mais… mais… »
« Mais ? » Lui demandai-je les sourcils haussés et les bras toujours croisés.
« Rien. Je n’ai aucune excuse. Je te demande mille fois pardon Louise Carpple pour t’avoir lancé un Cognard qui t’a envoyée à l’infirmerie pendant quinze jours abominables… Tu sais, Ka me l’a bien fait payer… C’est limite si elle m’adresse la parole depuis ton… accident… »
C’est maladroit, mais ça me touche… en fait, je n’ai pas quitté ses lèvres une seule seconde des yeux, me demandant si en ce moment elles ont ce petit goût subtil de caramel…
« Louise ? »
Je sursaute et quitte sa bouche du regard, rougissant d’avoir était prise sur le fait.
« Je te pardonne Gabriel ! En fait, je suis tellement de bonne humeur aujourd’hui que même un Rogue grincheux ne pourrait pas me faire perdre ma jovialité ! Mais je te préviens, les paris débiles, c'est terminé ! C'est toujours les innocents qui finissent avec des membres en moins ! "
« Sérieusement ? Tu me pardonnes ? Je croyais que tu aller me le faire payer pendant des mois au moins ! En tout cas, si tu as besoin de quoi que ce soit, demande moi ce que tu veux je ferai n'importe quoi pour me racheter ! Enfin... Sauf si tu me demandes de venir à poil en Métamorphoses, là, je serais obligé de refuser, ça créerait une sacrée émeute sinon !»
Voilà une idée… intéressante ! Je rigole intérieurement en imaginant la tête de McGonagall.
Son visage retrouve cet air malicieux qui lui va si bien, puis il me serre une poignée de main virile en m’attirant légèrement à lui pour m’embrasser du bout des lèvres, au creux de la joue. Il m’a à peine effleuré la peau, que la pression violente du baiser de mes rêves me revient à l’esprit. Il remarque ma gêne et me sourit avec assurance.
« Tu peux m’expliquer pourquoi ton t-shirt vient d'écrire « Nana en morceaux, cherche sorcier bricolo ! » ? »
Je baisse les yeux sur ma poitrine et découvre un joli mot enflammé, dansant entre mes seins… Carla Santos ! Quand je te trouve, je te zigouille !
« Il semblerait que ce soit un coup de ta frangine… Il ne me reste plus qu’à filer me changer avant de les rejoindre… Tu sais où est la bande ? » Lui demandai-je mortifiée de sentir que j'avais à nouveau le feu aux pommettes.
« Je crois que Ka avait rendez-vous avec Rogue pour sa nouvelle lubie… une équipe de football ! C’est sacrément la honte… Je ne te dis pas comment cet abruti d’Uquhart me chambre à chaque entraînement… D’ailleurs, demain, premier match de la saison… Contre Serdaigle ! On va les massacrer ! Mais je comprendrais que tu ne veuilles plus mettre les pieds sur un terrain de Quidditch mais… Tout le monde sera là, alors… »
Je m’amuse beaucoup avec Gabriel l’Embarrassé !
« Je serai là ! » Lui répondis-je simplement.
« Super ! Bon ben je vais y aller… J’ai entraînement alors… A plus tard ! »
Il s’en suit la situation gênante classique du je passe à droite, il passe à gauche, je passe à gauche, il vire à droite. Il me prend donc par les épaules pour me maintenir sur place et me contourne avant de répéter dans un éclat de rire joyeux:
« A plus tard ! »
Je reste un moment immobile, pensive, puis je me dirige, le sourire aux lèvres vers le dortoir. Décidément, c’est une bonne journée !
Le soleil brille à travers les vitres poussiéreuses des couloirs, ce qui explique sans doute le fait que je ne croise personne. Les élèves doivent profiter du beau temps… J’ai de la chance, personne n’apercevra ce t-shirt ridicule que je parviens tant bien que mal à masquer avec mes bras croisés.
Quand j’entre dans la salle commue, toutes les personnes présentes me souhaitent la bienvenue et me font des sourires amicaux. Je leur réponds par un sourire un peu surpris mais j’aurais dû prévoir que mon atterrissage musclé ne passerait pas inaperçu…
Je m’empresse de rejoindre le dortoir, vide lui aussi, et farfouille dans mon armoire à la recherche d’une tenue plus appropriée. Allez ! Soyons fou ! Faisons péter la jupe ! Ca ne fera pas de mal à ma peau de prendre un peu le soleil !
Heureuse comme jamais, je me précipite dehors à la recherche de mes amis. Mes cheveux détachés volent dans mon dos, je cours, j’ai mal partout mais je suis libre, et c'est tellement bon !
« LILI !!!!!!!! Lili attends ! »
Je stoppe tout de suite ma course, me retourne et distingue un grand blond qui galope derrière moi. Will !
« Hé bien ! Tu cours sacrément vite pour une fille qui sort tout juste de quinze jours d’immobilité ! »
Avant même que je puisse lui répondre, il me serre dans ses bras avec force.
« Bon sang ! On peut dire que tu es passée maîtresse dans l’art de t’attirer des ennuis ! Quand des amis m’ont dit que Santos avait assommé une supporter Serpentard, j’avoue que j’ai bien rigolé mais quand j’ai vu Max pleurer le soir… J’ai tout de suite su que c’était toi la victime… J’ai foncé à l’infirmerie mais ils t’avaient déjà envoyée à Ste Mangouste… Alors je suis allée trouver Ka mais elle ne savait rien de plus si ce n’est qu’elle était hantée par ton visage recouvert de sang… Dès que tu as été rapatriée ici je suis venu tous les jours te rendre visite ! Je n’ai su qu' hier soir que tu étais réveillée… Je suis super content que tu ailles bien ! »
Il parle si vite que j’ai du mal à distinguer tous les mots…
« Merci Will ! C’est vraiment adorable ! Et merci aussi pour les fleurs ! Elles étaient, enfin, elles sont magnifiques ! Je ne pensais pas qu’on pouvait exprimer… Autant de choses avec un simple bouquet ! Je dois dire que je… »
« Des fleurs ? Hé bien… heu elles ne sont pas de moi… enfin, je pensais que tu préférerais quelque chose de moins… frivole…de plus recherché… alors voilà, j’ai choisi ceci… »
Quoi ? Les fleurs ne sont pas de lui ? Oh merde… mais quel boulet je suis… Mais qui d’autre alors ?
Will semble gêné pendant quelques secondes puis il me tend son cadeau avec fierté.
C’est à mon tour de sentir le rouge me monter aux joues, je récupère cependant le petit paquet minutieusement enveloppé.
« Will… Il ne fallait pas… Vraiment… Merci… »
Je déplie avec précautions le papier bleu brillant et découvre une petite boite en velours avec un W gravé dessus. Je lance un regard curieux à Will qui m’encourage d’un sourire. J’ouvre l’écrin et à l’intérieur, un petit médaillon doré avec une émeraude scintillante m‘attend. Emerveillée, je le récupère entre mes doigts et constate qu’il s’agit d’un trèfle à quatre feuilles. Le vent se lève et les pétales du trèfle bougent au même rythme. Je lève alors les yeux vers Will qui ne peut s’empêcher de bomber le torse.
« C’est moi qui l’ai fabriqué ! Tout bon sorcier irlandais se doit de toujours avoir un trèfle sur lui ! Désormais, plus rien ne pourra t’arriver ! »
« C’est magnifique ! Merci Will ! Mais c’est bien trop pour un cadeau de rétablissement… Comment as-tu fait ça ? »
« Avec ma mère… Quand j’avais huit ans! C’est un trèfle de mon jardin mais il est spécial, car il a baigné pendant 13 jours dans de l’essence de Felix Felicis, c’est pour ça qu’il est doré ! Ensuite, ma mère lui a lancé un sort de protection et a inséré cette petite émeraude. Je me suis dit que ce serait le cadeau idéal pour toi ! Maintenant, tu es protégée et si jamais il t’arrive quoi que ce soit, c’est vraiment que le Sinistros t’habite ! » Me lance t-il en plaisantant.
« Je le porte tout de suite alors ! Il m’évitera peut être une future chute dans l’escalier ! Tu peux me l’accrocher ? »
Ses mains délicates caressent tendrement mon cou, je le sens humer le parfum de mes cheveux, ce qui me fait frissonner… Will est si délicat…
« Et voilà ! Maintenant, tu es définitivement exorcisée ! »
« Chouette ! Je peux venir assister au match de demain sans problème alors ! »
« Super ! Comme ça tu pourras nous admirer mettre la pâtée à ces sales serpillières ! »
« Will ! C’est de ma maison dont tu parles je te signale ! Je serai là pour les soutenir ! »
« Je pensais que tu avais compris que ces hypocrites de Serpentard n’étaient qu’un ramassis de bons à rien ! Regarde ce que cet imbécile de Santos t’a fait ! »
« Il ne l’a pas fait exprès ! C’était un accident ! »
Les insinuations de Will ne me plaisent guère, et s’il n’était pas aussi gentil en temps normal, je crois que je l’aurais planté là.
« Ouais ! C’est ça un accident ! Ce type est diabolique Louise ! Tu es une fille qui ne voit que le bon coté des gens ! Mais réveille-toi ! Ce mec est dangereux ! »
« N’importe quoi Will ! Tu ne sais rien de lui ! Tu ne sais pas ce qu’il a vécu ! »
« Tu plaisantes ? Laisse-moi deviner… Il vivait dans un pauvre petit manoir avec sa riche famille mais un jour, son papa n’a pas voulu lui acheter le joli dragon qu’il avait vu pendant un de ses voyages autour du monde, il a été traumatisé et du coup, maintenant, il se sent comme un petit être que personne n’aime, comme c’est… »
« Ca suffit ! Tu ne sais rien de lui, de sa vie ou de sa famille ! Rien ! Alors je t’interdis de le juger ! »
« Oh ! Mais tout s’explique ! Ce n’est pas pour soutenir l’équipe si tu viens au match de demain, c’est pour lui ! »
Il s’écarte brusquement de moi, l’air dégoûté.
« Tu divagues complètement Will ! Je crois bien que je vais continuer ma route avant que tu ne dises quelque chose que tu regretteras ! »
« Bien sûr ! Va le rejoindre ! Après tout ! Vous faites partie de la même grande famille ! Enfin presque ! Miss Quasi Sang Pur ! Je te prouverai que j’ai raison ! Ce type n‘est pas fait pour toi ! Ciao bella !»
Sans que j’ai eu le temps de réfléchir, il tourne les talons et s’éloigne à grands pas.
Qu’est-ce qu’il a voulu dire par "quasi sang pur" ? Soudain, ça fait tilt dans mon esprit ! Par les chaussettes moisies de Merlin! Sa découverte ! Ma famille !
C’est donc tout naturellement que je hurle à pleins poumons :
« WILL ! ATTENDS ! REVIENS ! QUE SAIS-TU SUR MA FAMILLE ? »
Je remonte la pente aussi vite que mes jambes fatiguées me le permettent, à la poursuite du gardien de mon secret.