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Louise Carpple ou l'art d'être française à Poudlard
21 novembre 2013

Chapitre 37 : Quand le secret nous ronge

__Alcohol___by_Zwara02Le départ du lendemain se déroula comme prévu… Dans les larmes.
 
Après avoir câliné une dernière fois Libou, il est l’heure de partir.
Les filles sanglotent, me serrant chacune dans leurs bras. Quand Claire s’écarte, je vois que c’est elle qui porte le médaillon.
 
« Chacune son tour. » Me souffle t-elle en le serrant dans sa main. « Tu vas nous manquer… Ces deux jours, c’est comme si tu n’étais jamais partie… »
 
« Je sais… C’était bon de vous revoir… Mais on fait comme on a dit hein ?! On se retrouve chez mes grands parents aux vacances de Noël ? »
 
« Bien sûr ! On sera là ! »
 
Chris se fraye un chemin parmi la foule venue nous dire au revoir. Il n’est pas seul, dans ses bras, une boule de poils à l’allure fière me fixe avec bienveillance.
 
« Pantoufle voulait aussi te saluer ! Tu vas vraiment me manquer Lili… Ici, sans toi, ce ne sera jamais pareil… Tu continueras à m’écrire ? »
 
« Bien sûr ! Lindorie sera contente de te revoir ! Prends soin de Libou en mon absence et surtout surveille bien Pierre… Il n’est pas mauvais mais… »
 
« Mais c’est Libellule. » Termine t-il, le sourire aux lèvres.
 
Je caresse une dernière fois Pantoufle, embrasse rapidement Chris sur la joue alors qu’il tente de tourner la tête.
 
« Dis donc toi ! On était pourtant d’accord ! » Lui fis-je remarquer en plaisantant.
 
« Au moins j’aurais essayé ! » Me réplique t-il dans un clin d’œil. « A bientôt ma Lili ! »
 
Une main attrape la mienne, comme pour se rassurer.
 
« Prêt à rentrer Max ? »
 
« Oh que oui ! J’ai hâte de tout raconter aux copains ! »
 
Je lui ébouriffe les cheveux. Ah ce gamin ! C’est dingue comme je l’adore ! Heureusement qu’il s’est réveillé sans dommages… Sinon je crois bien que j’aurais pu parcourir la planète pour massacrer cette garce. Heureusement, elle ne nuira plus à personne ici, son père l’a envoyée dans un pensionnat en Russie… Bon débarras !
 
« TENEZ – VOUS PRETS ! » Lance la voix de Babbling.
 
Un dernier signe de la main à ma bande et nous transplanons…
 
L’atterrissage est moins rude que la première fois, je suis tout de même contente de ne pas trop avoir déjeuné…
 
« Sortez par petits groupes ! Ne vous bousculez pas ! Hopkins ca ne serre à rien de pousser ! » S’exclame Chourave.
 
Mon frère me tire par la main jusqu’au couloir, quand on est petit, c’est facile de se faufiler.
 
« Tu m’accompagnes jusqu’au Nid ? Tu pourras voir Will comme ça ! »
 
Bizarrement j’hésite… J’ai peur de retrouver le garçon distant que j’ai laissé…
 
« Lili ! Tu viens ?! » Me demande Ka de son coté. 
 
« Je te rejoins plus tard ! » Lançais-je à mon amie.
 
J’escorte donc Max jusque chez les aigles où ses amis sont visiblement ravis de le retrouver. 
 
« Je vais te chercher Will, Lili ! Ne bouge pas ! » 
 
De toute manière, je me vois mal débarquer dans le dortoir des garçons…
 
Je m’assieds sur un sofa pour patienter, quelqu’un m’y rejoint rapidement.
 
« Salut Louise ! Alors ! C’était bien la France ? Will a fait la tronche pendant tes deux jours d’absence ! Enfin je veux dire, encore plus que ces temps-ci ! »
 
« Salut Horem ! Oui c’était chouette de revoir tout le monde ! Tu sais ce qu’il a en ce moment ? »
 
« Hé bien je n’en suis pas sûr… Même nous il nous évite un peu… Il a tout le temps la tête dans de vieux bouquins miteux… Je ne sais pas trop ce qu’il cherche mais quoi que ce soit, il ne le trouve pas… »
 
« Moi qui croyais que c’était ses BUSES qui le tracassaient… »
 
« Oh non ! Il ne vient pas à nos sessions de révision… Ca m’inquiète un peu venant de lui, c’est pour ça que je préfère t’en parler… »
 
« Merci Horem, je vais essayer de découvrir ce qui le tracasse ! »
 
Il me salue d’un clin d’œil puis il disparaît derrière un pan de bibliothèque.
 
Je n’ai pas le temps de m’ennuyer qu’une main se pose sur mon épaule.
 
« Bonjour princesse ! Tu m’as manqué ! »
 
Il contourne le sofa et vient s’asseoir à mes cotés. Il me parait épuisé, d’épais cernes marquent le contour de ses yeux et sa peau est pâle comme la mort.
 
« Tu as une mine horrible ! Mais enfin qu’est ce qui t’arrive ? » Lui demandai-je inquiète.
 
Il me sourit tristement avant de se pencher vers moi pour m’embrasser. Ce n’est pas un simple baiser de bonjour, ses lèvres appuient durement contre les miennes, comme un baiser du désespoir.
 
Quoi qu’il se passe, ce doit être grave. Je le serre contre moi, le berçant comme un enfant, et quand je sens enfin ses muscles se détendre, je le relâche, doucement.
 
« Will… Dis-moi ce qui ne va pas… Je t’en prie… Je peux peut être t’aider ? »
 
« Tu peux, c’est sûr, il faut juste que je découvre comment… » Me murmure t-il tendrement en remettant une mèche rebelle derrière mon oreille.
 
« Que veux-tu dire par là ? » Demandai-je complètement perdue.
 
« Je ne peux rien te dire princesse… Par encore… Mais bientôt, je te jure, bientôt tu sauras tout. »
 
Je n’ai pas le temps d’insister qu’il assaille à nouveau ma bouche, avec plus d’insistance cette fois, plus de chaleur… On dirait qu’il a retrouvé la forme tout à coup !


Ses caresses deviennent de plus en plus entreprenantes mais un raclement de gorge gêné nous interrompt.
 
« Heu… Will ? Tu es en plein milieu de la salle commune et il y a des enfants ici… Tu crois que toi et ta copine vous pourriez aller vous bécoter ailleurs ? » Demande une voix féminine.
 
« Désolé Vanessa… J’ai un peu la tête dans le chaudron en ce moment… Viens princesse, je connais un endroit tranquille pour discuter ! »
 
Je m’excuse d’un signe de tête et suis mon petit ami dehors.
 
« Ça craint, on vient de se faire engueuler par ma collègue préfète ! » S’exclame t-il avant d’éclater de rire.
 
« Tu n’es vraiment pas dans ton assiette… Mais qu’est ce qui se passe à la fin ?! »
 
En guise de réponse, il prend ma main et m’entraîne dans les escaliers, puis vers son fameux miroir – passage secret.
 
« Will, je te préviens, je veux des réponses ! »
 
Il me fait asseoir sur une des banquettes blanches et prend un grand bol d’air.
 
« Tout d’abord, je voudrais m’excuser. Ces temps-ci, j’ai vraiment été un petit ami affreux… Mais je te promets que ça va changer ! Je vais me reprendre ! Je traverse juste une passe difficile… J’aurai bientôt seize ans et tout va changer ! Je ne peux pas t’expliquer pourquoi, c’est un truc de famille et je dois d’abord vérifier certains  trucs … Mais j’aimerais que tu me promettes quelque chose… »
 
J’ai l’estomac contracté. Je ne sais pas comment réagir… Il a des secrets, très bien ! Mais qu'est-ce qui peut bien bouleverser sa vie à ce point ? 
 
Il attend que je dise quelque chose, mais ma bouche semble scellée, il décide donc de continuer.
 
« Je voudrais que tu me promettes que quoi qu’il se passe,  tu n’oublieras pas qui je suis. »
 
Qui il est ? Quoi ? Mais qu’est ce qu’il raconte ! C’est insensé !
 
« Mais pourquoi dis-tu cela ? Il va t’arriver quoi ? Tu es malade ? Tu ne vas pas mourir au moins ?! » 


Voilà, ça y est, je panique !
 
« Non princesse, je ne vais pas mourir, c’est juste au cas où… Alors, tu me le promets ? »
 
Il a les larmes aux yeux, moi aussi, je me love dans ses bras et lui chuchote à l’oreille, déterminée.
 
« Je te le promets. »

 

Il sourit alors, comme si je venais de lui offrir un tour du monde en Hippogriffe. 
 
« Ne crois pas que je vais m’en tenir à tant de mystères… Je compte bien découvrir ce que tu me caches… Tu sais à quel point je peux être… convaincante ! » 
 
« Oh ça je le sais, voilà pourquoi je me suis préparé à toutes sortes de tortures ! »
 
« Comme… Ce genre de tortures ? » Lui demandai-je malicieusement avant de l’embrasser avec avidité.
 
«  Pour ce genre de tortures, je pourrais m’inventer tout un tas de secrets… ! » S’exclame t-il les yeux pétillants.
 
« Sérieusement Will… Je peux au moins avoir un indice ? Un nom, une date, une potion, je ne sais pas moi! N’importe quoi ! Tu sais que je ne te lâcherai pas avant d’avoir quelque chose ! Il est hors de question que je laisse ce fichu secret te ronger ! Tu as dit que ca concernait ta famille… Est-ce que quelqu’un te maltraite chez toi ? » Demandai-je prudemment.
 
« Non ! Bien sûr que non ! Notre famille est la plus soudée de la planète ! Tu peux stopper tout de suite tes suppositions, tu ne pourras jamais trouver… Mais si en échange d’un indice, je peux avoir un peu plus de torture, je veux bien faire un effort… »
 
« Très bien ! Si je t’offre ma soirée de demain, ca te semble équitable ? »
 
« Que dirais-tu plutôt de la nuit ? » Me demande t-il malicieusement.
 
Je rougis, m’imaginant passer la nuit blottie contre son corps rassurant…
 
« Qu’entends-tu par là ? Tu sais bien qu’il est interdit aux filles et aux garçons de se mélanger la nuit dans les dortoirs, surtout de deux maisons différentes ! »
« Mais qui parle de passer la nuit dans les dortoirs ? » 
 
Mais que mijote t-il ? 
 
« Que veux-tu dire à la fin ! Si tu essayes de m’embrouiller pour me voler mon indice tu te mets la baguette dans l’œil mon chéri ! »
 
« Je pensais plutôt à une nuit de réconciliations »
 
Wahou… Ça c’est direct… Je vire au rouge cramoisi.
 
« Quoi ?! »
 
Me voyant un poil choquée, il se reprend aussitôt.
 
« Non ! Je ne parlais pas de… ce genre de réconciliation » S’exclame t-il à présent mort de rire. « Plutôt une occasion de passer un petit moment rien que toi et moi ! Avec les cours qui reprennent… Nos journées  vont être bien remplies mais ont a toutes nos nuits libres ! Je sais que tu aimes la forêt, ça te dirait un peu de camping ? »
 
« Du camping dans la forêt ? Heu… Déjà, je pense que cela nous est strictement interdit, secundo  tu ne te rends pas compte du nombre de bestioles prêtes à nous bouffer qui vivent là dedans ! Ce serait terriblement dangereux ! J’ai eu le malheur de m’y aventurer une fois le soleil couché et… J’en fais encore des cauchemars ! »
 
Un frisson me parcourt le corps, comme pour prouver la véracité de mes propos. Il faut que je vérifie le planning de la Lune d’ailleurs…
 
« Tu es allée seule dans la forêt la nuit ?! Tu es dingue ! Crois-moi ! Je sais très bien ce qu’on peut trouver derrière un buisson dans ce maudit bois ! C’est pour cela que tu vas me promettre de ne plus jamais y mettre les pieds sans une personne pour t’accompagner ! »
 
« Ça fait beaucoup de promesses en une journée… Donc seule, tu me l’interdit, mais avec toi, aucun souci, on peut y dormir tranquille ! Ça prouve que tu n’as pas vu ce que j’ai vu ! »
 
« Je te promets qu’avec moi, tu seras en sécurité… Et puis, on ne dormira pas à même le sol, j’ai une cabane là bas, dans un arbre, c’est très confortable ! »
 
« Tiens donc une cabane ! Tu me caches autre chose monsieur mystère ? » Lui demandai-je soupçonneuse.
 
« Ah si tu savais… Alors ! C’est oui ? »
 
Mon esprit pèse le pour et le contre… C’est vrai que je me sens en sécurité avec lui et ça pourrait être génial comme expérience, je pourrais toujours demander à Graup s’il peut surveiller les environs… Non mais quelle idée ! N’importe quoi ! Mais si le Loup Garou débarque et décide de nous prendre pour dîner ?
 
« Si on ne s’y rend pas un soir de pleine lune, c’est d’accord ! »
 
Il me fixe à présent avec scepticisme.
 
« Pourquoi la plein Lune te tracasse t-elle autant ? »
 
« Hé bien… Parce que la dernière fois que je m’y suis rendue le soir, c’était la pleine lune et j’ai failli me faire croquer un mollet par un charmant loup garou… »
 
« QUOI !? Mais tu ne me l’avais jamais dit ! Mais qu’est ce que tu foutais là bas en pleine nuit ?! Il ne t’a pas fait de mal au moins ? Il ne t’a pas mordu ? » Me demande t-il à présent paniqué.
 
« Mais non ! Ne t’inquiète pas ! Un ours m’a sauvé ! Moi aussi j’ai le droit d’avoir mes secrets ! » Répliquai-je.
 
« Un ours ! C’est décidé, je ne te lâche plus d’une semelle ! Tu attires le danger autant qu’une citrouille pourrie attire les Veracrasses ! »
 
Charmante comparaison… Je lui tire la langue puérilement, m’écarte de lui et croise les bras en signe de protestation.
 
« Bon ! N’en parlons plus ! Mais si jamais il te reprend l’envie d’aller te balader au clair de Lune, préviens-moi avant ! Bon ! J’ai des nouvelles ! J’ai appris quelques trucs sur ta famille Sang Pur… »
 
Je dresse l’oreille et  me tourne alors vers lui, avide de connaitre ses informations.
 
« Ta lignée date à peu près de la Grèce antique, ce qui fait de ta famille, une des plus anciennes d’Europe. Les seuls hommes qu’il y ait jamais eu dans ton arbre généalogique direct, c’est Merlin et ton cousin Ulrich et donc d’après nos suppositions, ton père et par extension ton frère. Ce sont toujours les femmes qui transmettent leur nom et ta lignée regroupe donc environ quarante générations d’Avalon… La plus vieille représentante de ta famille que j’ai pu trouver est l’arrière grand-mère de Merlin, Ambrosia Avalon, une puissante enchanteresse, qui, selon la légende pouvait ramener les arbres morts à la vie… »
 
Je suis suspendue à ses lèvres, captivée,  ma famille à donc une très longue histoire derrière elle… Mais une chose est sûre, je ne tiens pas de cette Ambrosia… Je n’ai jamais vraiment eu la main verte…
 
« C’est fascinant ! Autre chose ? »
 
« Oui… Il y a une chose… Dans un vieux bouquin de la réserve, j’ai trouvé un ancien texte qui parle d’un poignard que posséderait ta famille, un poignard avec d’immenses pouvoirs… Je me demandais si… Tu avais déjà vu une arme ancienne chez toi… Incrustée de pierres précieuses… »
 
Un poignard enchanté ! Cool !
 
« Hélas Will, je doute fort que ma grand-mère cracmoliste ait transmis un objet d’une telle valeur familiale à son fils lâchement abandonné… »
 
« Au contraire ! Ça pourrait être la meilleure des cachettes ! »
 
« Hé bien… Je me rends chez mes grands parents pour Noël, je pourrais toujours fouiller le grenier… J’en profiterais pour interroger ma grand-mère ! »
 
« Super idée ! Ce poignard parait génial ! » S’exclame t-il, enthousiaste.
 
Tout a coup, mon cou se met  sérieusement à chauffer.
 
« Aïe ! » Criai-je en écartant mon pendentif de ma peau.
 
« Qu’est ce que c’est que ce truc ? » 
 
« C’est un cadeau ! Attends de voir ce qu’il fait ! »
 
J’appuie sur le petit faux diamant et la tête de Claire apparaît devant moi.
 
« On voulait vérifier si tu étais bien arrivée ! » S’exclame t-elle.
 
« En fait, c’était surtout Chris qui voulait vérifier ! » Taquine Shanon en prenant la place de Claire au centre du pendentif.
 
« N’importe quoi ! Vous aussi vous vouliez vous amuser avec votre nouveau joujou ! » Proteste une voix masculine à coté.
 
« Ça suffit ! Arrêtez vos enfantillages ! C’est un gadget de haute technomagicologie ! Ce n’est pas un vulgaire jouet ! Tiens, tiens ! Ne serait-ce pas le fameux Will à coté de toi ?! »
 
Les quatre visages de mes amies se tassent au milieu de l’écran pour mieux voir mon petit ami.
 
« C’est génial ce truc ! Vous les français, vous savez y faire avec  les super gadgets ! Salut ! » S’écrie Will en faisant signe à mes amis.
 
« SALUT ! »  Hurle t-il tous en même temps.
 
« Will, je te présente Emilie la rousse, Sophie la brune et Claire la… demi bonde ? Et en arrière plan, Chris ! »
 
Wills sourit à chacun, avant de me  souffler dans l’oreille : « LE Chris ? »
 
J’affronte son regard soupçonneux sans broncher avant qu’Emilie mette un terme à la conversation.
 
« Je vois qu’on vous dérange les amoureux ! On vous laisse batifoler en paix ! A bientôt Lili ! Ravie de t’avoir enfin vu Will ! A plus ! »
 
Je leur envoie un dernier baiser avant que leur tête ne disparaisse.
 
« Alors comme ça ton ex est de retour ? »
 
« Et toi, tu ne m’as toujours pas donné cet indice ! » Lançais-je pour changer de sujet.
 
« Lili… Depuis quand est-il en France ? »
 
« Il est arrivé hier… Je te jure que je n’étais pas au courant quand je suis partie avec l’équipe ! C’est un très bon ami ! Tu n’a aucun souci à te faire la dessus ! »
 
« Ouais… Il est revenu pourquoi ? »
 
Je lui répète alors les explications que Chris m’a données.
 
« Si tu veux mon avis, c’est louche… J’aimerais bien qu’il évite de t’appeler trop souvent avec ce… collier/téléphone. » Dit-il en fronçant les sourcils.
 
« Ne sois pas jaloux, ça te donne de vilaines rides ! » Le taquinai-je. « Bon alors tu me la donnes cette piste ? »
 
« Après tu me raconteras ton weekend en détails ? »
 
« Si ça peut te faire plaisir… »
 
« Alors… Si tu tiens tant à creuser, voilà ta piste... Cherche une malédiction.»

 

Une malédiction ? Voilà qui me parait plus grave que ce que j’imaginais !
 
Je m’apprête à lui poser tout un tas d’autres questions mais il pose un doigt sur ma bouche pour m’interrompre.
 
« Non princesse ! Tu as ta piste, je ne t’en dirai pas plus… Maintenant, passons à ton weekend ! Mis à part tes retrouvailles avec ta ribambelle d’ex… Qu’est ce que j’ai raté ? »
 
« D’abord ce n’est pas une ribambelle, c’est juste deux, et tout est parfaitement clair avec chacun d'eux. En revanche, il y a des retrouvailles que j’aurais préféré éviter… »
 
Je me lance alors dans le récit du plan machiavélique orchestré par cette saleté d’Allison.
 
« Incroyable ! Non mais c’est une détraquée cette fille ! S’en prendre à des enfants ! C’est inadmissible ! C’est bien la moindre des choses qu’elle ait été renvoyée ! Tentative de meurtre, moi je l’aurais expédiée pour un petit séjour à Azkaban plutôt ! »
 
C’est sûr que j’aurais préféré cela à un pensionnat chicos en Russie, mais l’imaginer grelotter de froid au milieu de pimbêches, peut être même pires qu’elle, ça me remonte tout même le moral.
 
« Mis à part ce mauvais point, tu as dû tout de même t’amuser non ? Tu n’as pas eu trop de regrets de devoir rentrer ? »
 
« Hé bien… C’était dur mais… Ma place est ici dorénavant, hé puis… J’ai mon super pendentif pour les joindre partout et n’importe quand ! Mais c’est sûr que c’était un weekend extraordinaire… Libou était tellement content de me voir… J’étais soulagée qu’il ne m’ait pas oubliée… »
 
« Voyons Lili ! On n’oublie pas ton caractère d’Hippogriffe si facilement ! »
 
Je le frappe du poing gentiment.
 
« Bon allez ! Il faut que je te laisse ! Ma malle doit être arrivée et j’ai des affaires à ranger… Il faut aussi que je passe voir Hagrid et termine mon rouleau de parchemin sur l’évolution de comportement du Rosacier au cours de son développement… Je m’en réjouis d’avance ! »
 
« Bah ce n’est pas si terrible ! Les Rosaciers sont des plantes fascinantes ! Tu sais que leurs feuilles sont si tranchantes que les Médicomages  les utilisent pour certaines interventions ? Comme des métamorphoses ayant mal tourné, ce genre de trucs quoi ! »
 
« Oui c’est clairement passionnant mais notre rapport risque d’être bien mince… C’était à Gabriel de s’occuper de notre Rosacier ce weekend mais avec le match de Quidditch… J’ai bien peur que cette pauvre fleur ne soit morte de faim… »
 
« Même si je n’ai aucune envie que cet abruti ait une bonne note grâce à moi, si vraiment vos résultats sont calamiteux, je te donnerais un des miens. » Me propose t-il.
 
« Tu ferais ça ?! Je n’ai pas le droit de me planter en botanique… Si je veux intégrer L’Institut du Dragon d’Or, je dois avoir au minimum un Effort Exceptionnel dans cette matière… »
 
« L’Institut du Dragon d’Or ? C’est quoi ce truc ? Un asile ? » Me demande t-il en plaisantant.
 
« Pas du tout ! C’est le meilleur établissement de soins pour créatures magiques d’Europe ! Et il est situé en France ! Au fin fond de la campagne auvergnate, là où personne ne risque d’apercevoir des Hippogriffes planer ou des araignées géantes grignoter un sanglier ! C’est très réputé ! Je rêve depuis longtemps de travailler pour eux ! Certains de leurs Vétéromages voyagent à travers le monde pour soigner des créatures blessées ! » Lui expliquai-je la voix pleine d’admiration et d’envie.
 
« Hé bien si c’est aussi réputé que tu le dis, je t’aiderai à réviser la botanique pour tes BUSES ! »
 
« Merci ! Je suis totalement affligeante dans cette matière… Je ne sais même pas reconnaitre une Tentacula Vénéneuse d’un Geranium Calamar… »
 
« Ne t’inquiète pas ! Je me ferai un plaisir de te donner ces petits cours particuliers ! » Me souffle t-il, les yeux pétillants.
 
« Oh ça je n’en doute pas ! Mais pour cela, il faudrait peut-être que tu sois en mesure de m’expliquer quelque chose ! Un petit hibou m’a dit que tu ne passais pas beaucoup de temps dans tes livres ces temps-ci… Allez ! Zou ! Au boulot ! Moi, je rentre ! »
« Bien mon général ! J’y vais de ce pas ! » Il me raccompagne jusqu’au bout du couloir, m’embrasse du bout des lèvres, puis disparait avec un petit signe de la main.
 
Il n’est que dix huit heures, et la fatigue commence déjà à se faire ressentir…
 
Alors que j’arrive près du hall, trois Gryffondor me rentrent accidentellement dedans pendant que je rêvasse.
 
A première vue, ce sont des quatrième année et ils font léviter un lourd tonneau de bois, à demi métamorphosé en peluche. En tous cas, je le suppose ! Car personnellement, je n’ai jamais vu un tonneau avec une crinière, une queue et des crocs en plastiques…
 
« Pousse-toi donc la Serpillère ! Il y en a qui on quelque chose à fêter ! »
 
Ils me dépassent en ricanant, visiblement fiers de leur saillie. 
 
Alors là mes petits chats c’est bien mal me connaître !
 
A l'aide d’une petite formule bien placée, le tonneau se perce à plusieurs endroits, douchant sans ménagement les trois compères.
 
Suivie par leurs plaintes dégoûtées, je rejoins mon dortoir, le sourire aux lèvres.
 
Pas pour longtemps… L’ambiance qui règne dans la pièce est aussi lugubre que celle d’un cimetière un soir d’Halloween… Certains élèves sont avachis sur les poufs, l’air dépité, d’autre chuchotent dans leur coin, maussades et puis… Et puis il y a ceux qui se lancent des regards lourds de reproches.
 
Je cherche un visage connu parmi ces mines renfrognées, j’aperçois Finn, un des amis de Gabriel, ainsi que Pansy qui semble furieuse, assise entre les jambes d’un type qu’on appelle Zabini.
 
Mon cerveau fait immédiatement le lien entre la joie des trois Gryffondors et les tronches
déprimées devant moi… Bien sûr ! Le match ! Pas possible qu’ils aient encore perdu quand même !
 
Je m’apprête à traverser la pièce pour rejoindre les dortoirs quand Carla apparaît au pied de l’escalier, les traits déformés par la rage.
 
« Ka ! Qu’est ce qui se passe ? Il y a eu un mort dans l’équipe ou quoi ? » La questionnai-je sans pouvoir m’empêcher de chuchoter.

« Oh non ! Pas encore ! Mais ça ne saurait tarder ! Cette fois-ci je vais le tuer ! Je te jure ! Je vais le massacrer cet idiot ! » Me répond t-elle en chuchotant et criant à la fois.
 
« Mais qui ? Le capitaine ? »
 
« Oh non ! Pas ce minable ! Bien qu’il mérite une mort tout aussi imminente ! Je parle de mon cher frère ! »
 
« Tiens donc… Qu’a-t-il encore fait ? » Demandai-je en insistant sur le « encore ».
 
« Cet imbécile, ce malade, sous le coup de la colère et de la frustration, a clairement signifié à Emma, et ce, je précise, devant tout le monde, qu’elle n’était qu’un vulgaire joujou hystérique et sans cervelle… Il lui a presque balancé au visage un échiquier qui traînait par là… Il s’est fracassé contre le mur… Tout le monde était bouche-bée ! Uquhart a eu le malheur de lui faire une réflexion, et avant de franchir la porte, Gab a sorti sa baguette et lui a lancé une espèce de sortilège bizarre… Je ne l’avais jamais vu l’utiliser ! Tous les os de son corps se sont mis à craquer et il s’est mis à hurler. Gab est parti sans même se retourner, Emma a éclaté en sanglots et elle s’est enfermée dans la chambre. Uquhart est à l’infirmerie, apparemment, tout ses os seraient démis de leur position normale… C’est officiel ! Mon frère a complètement craqué ! Je partais justement à sa recherche ! »
 
Par Merlin ! Mais ce garçon est complètement cinglé ! Pauvre Emma… Elle doit être dans un état… Je ne peux pas m’empêcher de culpabiliser…
 
« Et Emma comment va-t-elle en ce moment ? »
 
« Toujours enfermée… Elle refuse d’ouvrir… On a tout essayé… Elle a dû coller la serrure avec un sortilège de Glu perpétuelle… On entend juste ses sanglots à travers la porte… Je vais chercher Gab pour qu’il s’excuse, personne ne mérite d’être traité comme ça ! »
 
Je hoche la tête, songeuse. Ce n’est pas possible d’avoir un comportement aussi… volcanique ! Je sais à quel point c’est difficile d’accepter la défaite mais là… C’est allé trop loin.
 
« Je t’accompagne. »

Carla acquiesce, et je lui  emboîte le pas vers la sortie. Tant pis… Hagrid et Paon devront attendre…
 
« Je ne le comprends plus… C’est mon frère jumeau et pourtant, parfois, j’ai l’impression qu’il est devenu un étranger… Lui qui était rempli de joie de vivre et de bonne humeur, qui était toujours le premier à s’amuser… Il a changé, comme si sa part maléfique avait pris le dessus… Si tu l’avais connu quand nous vivions à Rio… Tu l’aurais adoré, c’est certain… Tout ça, c’est la faute de Salma… ! »
 
J’ai beaucoup de mal à m’imaginer un Gabriel sans sa perpétuelle mimique méprisante… Des sourires authentiquement heureux, j’en ai vu si peu chez lui…
« Qui est Salma ? Une ex ? » Demandai-je, curieuse.
 
« Non, Salma c’est mon égoïste de mère… Tu sais, celle qui préfère la danse à ses enfants… » Me répond-elle, amère. « J’ai de plus en plus de mal a l’appeler ma mère… C’est comme si au fil du temps, elle n’était devenue qu’un souvenir… »

 Je ne sais que répondre à de telles paroles… Ma mère et moi avons toujours été très proches… Ma famille est très unie et je n’imagine pas mes parent l’un sans l’autre…
 
« Heureusement, dans une lettre, elle nous a promis à Gab et moi qu’elle serait présente pour les vacances de Nöel ! Papa était ravi, Gab a fait semblant de s’en moquer bien sûr mais… Il n’a pas pu cacher sa bonne humeur de toute une semaine ! Ça doit faire au moins trois ans que nous n’avons pas fêté Noël tous les quatre…»
 
« C’est super ça ! Tu vois, rien n’est perdu, elle aussi elle souhaite réparer votre famille ! Peut-être même qu’elle restera ! »
 
« Je ne me berce pas de telles illusions… Déjà, j’espère qu’elle tiendra sa promesse, sinon, mon père risque de demander le divorce… Il ne supporte plus de voir le mal qu’elle nous fait, surtout à Gab…

 Tout en discutant, nous fouillons le château, glanant des informations un peu partout, mais nous devons nous rendre à l’évidence, personne ne l’a aperçu… 
 
« Je pense qu’on devrait se séparer… Tu n’as qu’à terminer les étages, moi je vais voir dehors, des fois qu’il ait eu envie de prendre l’air… » Proposai-je.

« Bonne idée ! Mais tiens ! Prend ma veste, il fait un froid de Détraqueurs aujourd’hui ! Si tu le débusques avant moi, tu n’auras qu’à lancer un Accio sur ce mouchoir, je vous trouverai. »
 
J’enfile la veste en moumoute qu’elle me tend, c’est vrai qu’elle ne sera pas de trop avec ce temps glacial… Je m’apprête à ouvrir la porte quand elle ajoute :
 
« Ah hé Lili ! Essaye d’être diplomate… Ne lui fais pas la morale, il déteste ça, il risque de se braquer et je ne sais pas comment il pourrait réagir, c’est une véritable bombabouse à retardement… ! Je suis la seule à pouvoir le calmer… avec un bon coup de pied au cul ! » Termine t-elle dans un sourire forcé.
 
« Compris mon capitaine ! » Ajoutai-je en imitant le garde-à-vous militaire.
 
Diplomate… Diplomate… Bon, mieux vaut que je n'ouvre pas la bouche alors… Il me provoquera, c’est sûr, hors de question que je le laisse me pousser à bout !
 
Je décide de tenter ma chance vers le lieu le plus évident… Le terrain de Quidditch.
C’est donc au pas de course, pour éviter la congélation,  que je descends la colline et entre dans les vestiaires. Je fais deux fois le tour, fouillant minutieusement chaque pièce mais, mise à part l’odeur de sueur et une famille de rats outrée d’être dérangée, rien à l’horizon. 
 
Je suis prête à rebrousser chemin quand j’entends un gros juron. Je retourne sur mes pas et pénètre dans les douches de mecs, où le parfum de transpiration se fait davantage ressentir. Je tombe nez à nez avec un Gabriel trempé, la tête dans les bras, assis sur le sol humide. Je prends mon courage à deux mains et m’avance vers lui.
 
Diplomatie Louise… 
 
« Tu sais que les douches du dortoir sont beaucoup mieux chauffées et... »
 
« Ne te donne pas la peine de continuer, je ne suis pas d’humeur à écouter tes sarcasmes de petite bourgeoise française. » M’interrompt-il durement.
 
Eh bam ! Dans les dents ! Au diable la diplomatie !
 
« Je pense que tu es très mal placé pour parler de sarcasme mon cher Gabriel… Après tout, c’est ton domaine préféré, pas le mien. Je vais te dire franchement, ton humeur je m’en moque royalement ! Moi, tout ce que je sais, c’est qu’une de mes amies, une personne adorable, qui n’a rien demandé à personne, souffre beaucoup en ce moment… Et tu es le seul coupable ! »
 
Il se lève furibond, le visage et les vêtements dégoulinants. . M’attendant à cette réaction, je lui bloque le passage et le force à s’asseoir sur un banc. Il me repousse sans ménagement, comme si je n’étais qu’un buisson sur son passage.  Il ne va pas s’en tirer comme ça ! 
 
Il se relève aussi sec et se dirige en grognant et à grands pas vers l’extérieur. Je ne me démonte pas et trottine à sa suite, cherchant les mots les plus à même de le faire réagir, de lui faire réaliser sa cruauté.
 
« Tu n’es qu’un enfant ! Un enfant capricieux qui se moque de la douleur des autres ! Un enfant que seule sa sœur peu encore supporter parce qu’il ne vit que pour lui-même ! Et encore ! Même Carla a de plus en plus de mal à te comprendre ! Tu es dégueulasse Gabriel ! Tu es dégueulasse et franchement, ton comportement me  dégoûte ! » Lui crachai-je alors qu’il me tournait le dos, prenant la direction de la sortie.


Il s’arrête net, ses cheveux dégoulinant toujours sur le sol boueux, sans doute pas encore nettoyé par les elfes. Il se retourne lentement, et c’est la première fois que je vois un regard aussi blessé… Finalement, je crois que ce n’est pas l’eau de la douche qui coule le long de son visage… Il lutte pour retenir ses larmes, c’est évident, mais sa colère semble prendre le dessus. 
 
Il se rapproche rapidement de moi, et pour la première fois, j’ai un mouvement de recul. Il ne se contrôle plus… Je lance discrètement mon Accio, espérant que Carla arrive rapidement pour tempérer son ténébreux de frère.
 
« Tu ne me connais pas... » Me souffle t-il, à deux centimètres du visage, son souffle chaud brûlant ma bouche. « TU NE ME CONNAIS PAS ! Comment oses-tu me juger ? Tu as fixé tes préjugés sur moi dès l’instant où l’on s’est rencontré ! Et tu crois savoir qui je suis ? Ce que je vaux ? Tu crois que je suis sans cœur ? Que je ne ressens rien ?! Si tu savais ce que je ressens en cet instant, tu ne serais pas venue ! »
 
« Tu vois ! Tu parles encore de toi ! Il n’y a que toi au monde ! Je n’ai pas besoin de savoir qui tu es ! Je le vois ! Tu es là devant moi, dans toute ta splendeur d’égocentrique pur et dur ! Pourquoi tu as fait ça à Emma ?  Si tu ressens réellement quelque chose, as-tu perçu la violence du mal que tu lui as causé ? Tout le monde n’est pas insensible ! Elle est amoureuse de toi et toi tu… Toi, tu brises son bonheur en quelques mots… Alors ? Pourquoi ? » Lui criai-je à mon tour, m’avançant d’un pas, le touchant presque du bout du nez.
 
C’est à ce moment là, qu’il recule et se laisse glisser le long de la paroi du mur, ne me lâchant pas du regard.
 
« Parce que comme tu l’as si bien dit, en ce moment, là, je ne suis qu’un enfant… » Murmure t-il d’une voix brisée.
 
Toute colère a disparu de ses pupilles, c’est un animal blessé que j’ai à présent devant les yeux, son souffle est court, son visage transpire le chagrin. Pour la première fois, je pense deviner le Gabriel de Carla… Je ne laisserai pas passer l'occasion découvrir cette partie de lui…
 
Je me laisse glisser à ses côtés, déstabilisée par un tel revirement de situation…
 
J’ose poser ma main sur la sienne, il la prend délicatement et la serre avant de me dire d’une voix rauque :
 
« Ma mère est une garce, elle ne reviendra plus. Je voudrais ne jamais l’avoir connue. »

Je sens qu’il hésite à poursuivre, alors je reste silencieuse, me contentant de garder mes doigts entre les siens. Cet instant semble irréel.

Il sort un étui argenté de sa poche et avale goulûment son contenu en fermant les yeux.

« Gabriel est-ce que c’est ce que je pense ? »

« Si tu penses à du jus de citrouille, alors je dirais que tu te goures… »

Il me tend sa gourde sans lâcher ma main.

« Je ne suis pas sûre que… »

« Oh allez Louise ! Ca ne te fatigue pas d’être toujours parfaite ? Prends donc une gorgée ! »

Je ne me dégonfle pas et lui arrache la gourde des mains. Le liquide brûlant déchire ma gorge et des oiseaux multicolores apparaissent devant mes yeux, seulement un instant…

Je tousse sans ménagement avant de lui demander :

« Bon sang mais c’est quoi ce truc ?! »

Il m’accorde un sourire moqueur.

« Ce truc vient de chez moi… C’est fabriqué avec de la Canne à Sucre Carnivorus, on l’appelle la Cachaça Enflammée… C’est la dernière bouteille qu’il me reste… Ma mère devait en apporter pour mon père à Noël… Je suppose que je ne suis pas prêt à d'en goûter de nouveau… »

Son chagrin semble reprendre le dessus, mais il fixe mes lèvres comme si c’était le remède à sa souffrance.  

J’essaie de me dégager gentiment de lui mais il tient fermement ma main, tout en s’approchant davantage.

« Gabriel… Non… Ce n’est pas… Tu n’es pas dans ton état normal… Je suis là en tant qu’amie »

Il soupire, puis reprend sa place.

« J’aurai essayé ! Mais si tu étais mon amie, tu essaierais de me remonter le moral par tous les moyens, et me laisser t’embrasser en est un ! »

Alors que je me tourne vers lui pour répliquer, je sens son haleine alcoolisée frôler ma bouche. Il sent le sucre et la pluie, je retiens mon souffle. Sa main libre caresse mes cheveux, son nez effleure ma joue… Des frissons me parcourent toute entière.

« Tu sens si bon…Je voudrais tellement te goûter… » Me murmure t-il à l’oreille.

Ses doigts glissent de mes cheveux à mon menton, entrainant avec eux ma tête perdue dans les nuages.

Mais qu’est ce qu’il m’arrive ! Il y avait quoi dans cette fichue fiole !

Heureusement, je suis sauvée in extremis par la voix paniquée de Carla :

« Lili ! Lili, vous êtes où ? »

Je repousse Gabriel sans ménagement, il s’affaisse sur le côté en protestant.

« On est là Carla ! » Criai-je.

Sa tête décoiffée apparait dans l’embrasure de la porte, visiblement soulagée.

« Ah ! Te voilà espèce de cervelle de Troll ! Je rêve ou tu as bu en plus ! Alors là ! C’est la fiole qui fait déborder le chaudron ! Lili ? Tu veux bien me laisser seule cinq minutes avec mon imbécile de frère ? »

« Bien sûr ! »

Je me lève maladroitement tandis que des doigts tentent de rattraper les miens. Nos regards se croisent un instant, juste le temps que j’aperçoive une émotion nouvelle dans ses yeux. De la gratitude ?

Je ferme la porte derrière moi, songeuse. C’était un de ces moments intenses où vous sortez hébété, la boule au ventre…

J’attends patiemment que Carla est ait terminé son sermon. Je sais qu’elle n’est pas tendre, j’entends ses cris à travers le bois. Visiblement, c’est une tirade, elle ne s’arrête pas un instant. Puis, c’est le silence total, je ne tente pas de tendre l’oreille, je sais ce qu’il se passe, ils pleurent tous les deux…


Quelques minutes plus tard, ils sortent, les yeux rougis, Carla soutenant un Gabriel avachi contre elle, les jambes visiblement flageolantes.

« Je veux bien un peu d’aide Lili… Comme tu peux le voir, l’alcool de Canne est très puissant…»

J’attrape donc le deuxième bras de Gab, et à deux, non sans difficulté, nous parvenons à le traîner jusqu’au château, sous les flocons de neige humides.

Il est tard, personne ne s'attarde plus dans les couloirs ni dans la salle commune.

« Installons-le ici, il faut qu’il cuve ! Mieux vaut qu’il soit en forme pour affronter Rogue demain… »

Nous l’allongeons donc délicatement sur un canapé moelleux et Carla le recouvre tendrement d’une couverture au parfum de crustacé périmé.

Nous rentrons nous coucher à notre tour, Emma dort profondément dans les bras de Shanon, les traces de larmes encore visibles sur son visage.

Alors que mes yeux se ferment et que mon estomac gronde, un murmure parvient jusqu’à moi.

« Merci d’avoir été là pour lui Lili… »

Je m’endors, le sourire aux lèvres.

Après cet épisode houleux. Les vacances de Nöel sont arrivées à une vitesse prodigieuse ! Gabriel, comme il l’avait promis a sa sœur, a offert le plus beau bouquet que j’ai jamais vu a Emma pour s’excuser, elle a accepté les fleurs, mais pas de le reprendre. J’en fus suis soulagée. Cependant, il est rapidement redevenu lui-même, en pire et sa faculté a m’exaspérer a effacé toute trace de notre brève complicité. Comme prévu, Uqhuart a été viré de l’équipe par Rogue, Adam a pris sa place de poursuiveur et contre toute attente, le poste de capitaine a été attribué au colérique Santos… Une raison de plus pour qu’il se pâme à nouveau comme un paon…

En parlant de Paon, mon petit protégé est à présent prêt à voler ! Enfin… s’il arrive à vaincre sa peur du vide… Le comble pour un oiseau quand même… Nox et Vola on été transférées en France, où, d’après Hagrid, elles sont traitées comme le septième Fléreur de Merlin ! Chris m’a promis de veiller sur elles et de me donner régulièrement des nouvelles. On doit se voir pendant mes vacances en France, je dois l’accompagner visiter des écuries de Pégases… Will a tiré un peu la tête quand je lui ai annoncé mais il semble réussir à contenir sa jalousie. Il s’est remis à étudier et est redevenu le meilleur de la classe… Mon enquête sur lui et la malédiction a débuté mais tous les livres intéressants se trouvent dans la réserve alors j’élabore un plan pour y entrer en douce… Je le surveille de près mais pourtant, parfois, il arrive à me semer et disparaît je ne sais où pendant un ou deux jours… Quand je lui pose la question, je n’ai droit qu’à un sourire énigmatique…

Carla, quant à elle, sort en douce avec Lena… Cette dernière me donnant toujours des cours de rattrapage en Runes. Ses sœurs et elles semblent me surveiller du coin de l’œil… Où que j’aille, il y en a toujours une derrière mon dos… Je ne sais pas trop ce que ça cache mais Carla est censée le découvrir pour moi.

Aujourd’hui, c’est le 20 décembre, le sol est recouvert d’une épaisse et moelleuse couche de neige, il est 19h et Carla et moi nous nous préparons pour la fête de Slughorn.

 

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Commentaires
Louise Carpple ou l'art d'être française à Poudlard
  • La rentrée est proche, et pour Louise, pas le choix, elle s'effectuera à Poudlard ! Notre jeune française de quinze ans prend donc la direction de l'Angleterre où elle fera sans aucun doute des rencontres qui changeront à jamais son image de l'Ecole
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