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Louise Carpple ou l'art d'être française à Poudlard
21 novembre 2013

Chapitre 40 : Le trésor du grenier

Suitcases_by_JBridgesJe ne qualifierais pas le grenier de poussiéreux, je dirais plutôt qu’il est enseveli par le temps. Et les souvenirs. Grand père adore voyager et Mamie raffole des babioles. L’association des deux explique donc ce capharnaüm… 

« Dis Mamie pourquoi tu ne nous a jamais rien dit à Papa ou à moi ? » 

« Je ne voulais pas que ton père sache qu’il a été abandonné, tout comme moi. Même si lui n’était qu’un nourrisson à l’époque de son adoption, ma famille, ta famille, m’a lâchement laissée tomber quand j'ai eu 8 ans… et qu'ils se sont rendu compte qu’il n’y avait plus d’espoir pour moi. Je revois encore ma mère me pétrifier puis s’en aller sans se retourner mon regard suppliant pour seul cri. Sache une chose ma petite fille, les Avalon ont le cœur froid comme la glace, tu ne tireras rien de bon à les fréquenter. »

« Je veux juste savoir qui je suis réellement… Mais du coup, pour toi, Papa, génétiquement parlant je veux dire, c’est qui ? »

« Ton père est, génétiquement comme tu dis, mon neveu. Ma sœur Melodya est à la tête de la famille à présent et c’est ta grand-mère biologique. Quand elle a su que Marc ne ferait jamais de magie, elle est venue me trouver, me proposant une somme d’argent outrageusement élevée pour que je m’occupe de son bébé. Vingt ans que je ne l’avais pas vue et elle me fait l’affront de me revoir juste pour m'abandonner son enfant… Sur le moment, j’étais furieuse et j’ai refusé catégoriquement, mais quand j’ai aperçu la frimousse souriante de ce petit homme, je le lui ai presque arraché des bras. Trop ravie de s’en débarrasser, Melodya s’est arrangée pour que Marc deviennent officiellement mon fils aux yeux de la loi, en un coup de baguette je suppose… Comme tu le sais, ton Grand-Père et moi n’avons jamais réussi à avoir d’enfants... Alors j’ai décidé de l’élever ! Comme Filias ne connaissait rien à la magie, je lui ai raconté que j’avais trouvé cet enfant au parc, comme il était aussi heureux que moi, il ne m’a jamais posé la moindre question. »

 « Mais… Tu n’as pas songé que peut-être… Nous, ses enfants, nous pouvions être… magiques ? »

 « Non… Jamais je n’aurais imaginé que cela soit possible… Quand tes parents sont venus nous annoncer la nouvelle, j’ai cru défaillir… Mais je n’ai rien dit… Je ne voulais pas que ma sœur te reprenne à nous… »

 « Mais pourquoi ferait-elle ça ? »

 « Pour pouvoir te transmette une éducation magique due à ton rang ! Elle peut faire tout ce qu’elle veut ! Un coup de baguette et hop ! Elle nous fait oublier votre existence à ton frère et toi ! »

« Tu sais Mamie, il y a des lois dans mon monde, il est interdit d’utiliser la magie sur les moldus  à des fins personnelles ! »

« Parce que tu crois que ca l’aurais arrêtée ? Vois-tu ma chérie, chez les Avalon, ce sont les femmes qui héritent de tout, les hommes ne sont rien. Or, ma sœur n’a qu’un petit fils, elle fera de toi son héritière ! Es-tu certaine de vouloir porter ce poids sur tes épaules ? »

« Tout ce que je sais, c’est que je veux connaître cette partie de moi… Je me ferai ma propre opinion, mais je veux leur laisser une chance… »

Silencieuse, Mamie se met à fouiller une pile de vielles boîtes de cuir.

« Tu te souviens à quoi il ressemblait cet objet ? »

« Non c’est trop vague… Je n’avais que huit ans… Je me souviens seulement que ma mère m’a fait promettre de veiller sur lui, que c’était ma mission et que c’était un honneur qu’elle me faisait. »

 « Tu crois que ce truc à un super pouvoir ? »

 « Aucune idée Trésor… Je sais juste que c’était très précieux, ça brillait et c’était lourd… »

 « Tu es sûre que c’est rangé ici ? »

 « Oh oui ! Toutes les babioles de ma maison d’enfance sont entassées ici, il doit être quelque part, n’ai pas peur d’ouvrir des tiroirs ! »

 Deux heures que nous respirons le bois moisi et l’humidité, deux heures de fausses joies, de fous rires et d’échecs… Rien… Toujours rien !

 « Hé !!! Vous fichez quoi là haut ? Venez vite Tonton Marius a sorti sa guitare ! » Hurle Max par la trappe.

 Ah ce bon vieux Marius… L’oncle de mon père, un véritable mélomane ! C’est lui qui m’a appris à jouer du violon. A chaque Nöel, nous sortons tout deux nos instruments et offrons un petit concert privé à la famille.

 Mamie attrape ma main et m’offre un de ses sourires de réconfort que seule une grand-mère peut vous adresser. Dans un soupir nous descendons ensemble, mais je reviendrais ce soir, seule. Il y a encore une pile de valises rongées par les mites que je veux inspecter.

 S’il y a un secret de famille planqué ici, je le trouverai !

 ~*~

 Il est quatre heures du matin, la maison est silencieuse… Dehors, seules les branches de pin frappant aux carreaux osent briser le calme alentours. Armée d’une lampe torche, à défaut de pouvoir utiliser ma baguette, me voilà en pyjama en train de grimper à la vieille échelle bancale menant au grenier.

 Je me faufile entre les piles de cartons pour enfin me trouver devant ce qui m’intéresse, les valises anciennes. Instinctivement, l’une d’entre elle m’attire plus que les autres, c’est comme si je savais qu’elle me cachait quelque chose…

 Patiemment, j’enlève ses sœurs empilées au dessus d’elle, en manquant plusieurs fois de me faire écraser. Enfin, je parviens à l’extraire. Elle est en cuir sombre avec des loquets en or terni. Après une analyse plus approfondie, j'aperçois des armoiries à moitié effacées. Je souffle vigoureusement pour retirer la poussière et je constate qu’il s’agit de deux chevaux cabrés qui se font face surplombant deux épées croisées. Quelques mots semblent gravés mais je ne parviens pas à les déchiffrer.

 Excitée comme un lutin, je l’ouvre délicatement, comme si un monstre allait me sauter au cou. A l’intérieur, de vieux vêtements d’enfants de différentes tailles… et, après l'avoir vidée de tout son contenu, un objet lumineux tombe sur le sol et attire mon regard. Il est long et incrusté de pierres transparentes scintillantes, des diamants ! On dirait une sorte de manche… comme celui d’un couteau L’objet est rugueux entre mes doigts qui parcourent ses courbes d’or avec avidité. Entre deux diamants, taillés dans une écriture élégante, une lettre, le L. 

 Ravie, je fourre le précieux trésor dans la poche de mon pyjama et retourne me glisser dans mon lit en savourant cette découverte.

 ~*~

60 ans plus tôt, quelque part dans le sud de l’Angleterre.

 « Tu es bien sûre de vouloir lui confier notre bien le plus précieux ? »

 « Nous n’avons pas le choix Ophélia ! Nous ne pouvons pas prendre le risque qu’ils le trouvent. Jamais ils n’imagineront qu’on confie un tel trésor à une Cracmole. En plus, je l’ai ensorcelé pour qu’il devienne indétectable par magie. Elle ne risquera rien. »

 « Tout de même… Et si elle le perdait ? »

 « Aucun risque, il est lié à notre famille, il revient toujours. Les moldus ne pourront jamais le toucher, seul ceux de notre sang en ont le pouvoir. »

 « Bien… Si tu penses que c’est nécessaire… »

 « Évidemment que c’est nécessaire ! Je te rappelles que le dernier cambriolage a bien failli nous coûter cher. Il n’est plus en sécurité ici. Mais rassure-toi, j’ai pris mes précautions. J’ai retiré Anul. »

 « Tu as bien fait. Les gardiennes sont-elles au courant ? »

« Oui, elles veilleront pour nous, comme toujours. »

~*~

3 jours plus tôt.

 

 « Tu l’as trouvé ! » S’exclame ma grand-mère joyeusement.

« Oui ! C’était dans une veille valise… Qu’est ce que c'est exactement Mamie ? Quel est son pouvoir ? »

« Je pense que c’est un manche de poignard…Mais je n’ai rien senti de magique chez lui… »

« Et cette gravure là ? Cette lettre, que signifie t-elle ? »

« Je ne sais pas Trésor… Je pense qu’il y a un rapport avec une vieille légende familiale… Une légende datant de la Grèce Antique… Ne me demande pas de te la raconter, voilà bien longtemps qu’elle a disparu de ma mémoire… »

« Je crois que ça a quelque chose à voir avec mon petit ami… »

« Le jeune homme qui m’a écrit ? Pourquoi crois-tu cela ? »

« C’est lui qui m’a conseillé de fouiller le grenier… »

~*~

En ce moment :

 « Que penses-tu de celui là ? »

 « Pas suffisamment musclé… Et il parait un peu trop apathique. »

 Comme promis, j’accompagne Chris dans sa tournée des écuries pour trouver le pégase de ses rêves. La journée n’a pas très bien commencé… Après trois visites des Pégharas les plus huppés de France, aucun des trente six spécimens admirés n’a provoqué le moindre coup de cœur. Je sens Chris déçu et dépité, alors je lui ai proposé de choisir des domaines plus petits, où la convivialité et la bonne humeur remplacent la froideur de l’excellence des grandes écuries.

 Nous sommes chez Monsieur Pomdapi, le grand-père d’un de nos amis, c’est un petit éleveur mais très réputé au niveau régional. Bien sûr, ses montures n’ont pas la prestance des cracks de chez Dorfer, mais ils ont les mêmes capacités. Libellule en est la preuve.

 « Alors les jeunes vous trouvez votre bonheur ? » Nous demande le vieil homme.

 « Hé bien… Pas vraiment en réalité… Je sais précisément ce que je souhaite, mais je sais aussi ce que je ne veux pas… Et là visiblement, je n’ai pas encore rencontré celui ou celle qui rentrera dans mes critères… »

 « Luc m’a dit que tu étais un futur champion, il s’y connaît mon petit-fils ! Je lui fais confiance ! Je sais ce qu’il te faut ! Suivez-moi ! » Nous encourage t-il en trottinant joyeusement.

 Curieux et perplexes, nous le suivons jusqu’à une bâtisse de briques jaunes qui semble silencieuse. Silencieuse… Seulement au premier abord ! Une fois le seuil franchi c’est une chorale de hennissements et de coups de sabots qui nous accueille !

 « Les enfants, je vous présente les fiers descendants de Perle d’Argent ! Mon meilleur étalon ! »

 Je suis totalement émerveillée… Dans chaque box, j’ai l’impression de revoir mon Libou, hormis la couleur de la robe, l’attitude enthousiaste de ses Pégases m’est très familière.

 « Wahou ! Je ne savais pas que Libellule avait une si grande famille ! »

 « OH ! C’est donc toi sa célèbre cavalière ? Je me disais bien que ton visage me disait quelque chose ! Je t’ai déjà vue dans L’Envol Mag ! Tes trophées m’ont offert une sacrée pub ma jolie ! Merci ! »

 Mes joues s'enflamment et je le remercie d’un sourire… Je n’ai eu qu’une seule fois la chance d’apparaître dans ce magazine, mais c’est vrai que je me suis sentie comme une star le temps d’un instant… C’était d’ailleurs ma seule consolation de m’être fait voler ma première place par cette garce d’Allison…

 Alors que je discute joyeusement avec l’éleveur de ma monture favorite et de ses innombrables talents, j’aperçois Chris qui avance silencieusement en ligne droite, comme hypnotisé.

 Tout à coup, il s’arrête, sourit et se retourne vers moi :

 « Lili ! C’est celui-là ! »

 J’accours jusqu’à lui, suivie du vieil homme, visiblement satisfait.

 « Très bon choix jeune homme ! Mais attention à ne pas vexer votre future compagne ! Cette dame est très susceptible ! Je vous présente Faucon ! La petite sœur de Libellule ! »

 La jeune Pégase est tout bonnement superbe ! A l’instar de Libou, son poil ébène absorbe toute la lumière de la pièce ! En revanche, sa longue crinière tressée rayonne d’un rouge rubis profond, tandis que celle de mon compagnon respirait les ténèbres. Ses prunelles semblent nous défier, voilà une créature fière.

 Chris entre dans le box, et avant même que M. Pomdapi et moi ne hurlions un « non » préventif, mon ami se retrouve au sol, face contre terre, la bouche pleine de paille fraîche.

 « Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle a du caractère ! Je crois qu’on a trouvé ta réincarnation pégasine Lili ! »

 Sans même que j’ai besoin de protester, la solidarité féminine fait son effet.

 « Aïe ! Non mais ça ne va pas ! »

 Hop ! Un bout de fesse en moins ! J’éclate de rire avant de tendre ma paume à la belle Pégase.

 « Bien le bonjour charmante Faucon !  Je m’appelle Louise et je crois que toi et moi, on va très bien s’entendre ! »

 Pendant que Monsieur Coben s’occupe des différents papiers, Chris se fait joyeusement malmener par sa nouvelle monture. Faucon est une force de la nature ! Aussi éblouissante qu’un phénix mais aussi caractérielle qu’un Saule Cogneur en plein hiver !

 Voilà à présent vingt minutes que je le regarde tenter, en vain, de grimpe sur la croupe de sa Pégase. Cette dernière semble d’ailleurs follement s’amuser à lui claquer sa longue queue rubis sur les fesses.

 Elle est définitivement le yang de Libou, lui qui est si doux et docile.

 « T’as une baguette ! Sers-t’en ! » Hurlai-je, morte de rire.

 La corrida, avec en guise de toréador une jument virevoltante, dure encore dix bonnes minutes avant que la demoiselle ne se lasse et se laisse enfin caresser les naseaux.

 La montée dans le van n’est pas une mince affaire non plus. En effet, impossible de transplaner avec un animal aussi imposant… Seule solution, la bonne vieille méthode moldue… Direction Grasse, à 3h de route du petit haras des Pomdapi !

 Quand nous arrivons enfin, à la tombée de la nuit, je me félicite d’être une sorcière et de prochainement passer mon permis de transplanage !

 Nous invitons patiemment Faucon à rejoindre son nouveau box, rénové pour l’occasion et autrefois occupé par ce joli cœur d’Ouranos.

 « Bien ! Madame est installée ! Il est tard… Je vais rentrer ! Ton père peut me déposer ? » Demandai-je, épuisée.

 « Bien sûr ! Mais tu ne manges pas avec nous ? Maman va être déçue… Elle a préparé son Strangulot rôti au paprika ! »

 Ah… Le célèbre Strangulot rôti de Madame Coben…. Je craque !

 « Bon alors si c’est pour faire plaisir à ta mère, je veux bien rester pour dîner ! J’ai prévenu mes parents que je risquais de rentrer tard alors… On n’est plus à une heure près !»

 Ravi, il passe son bras autour de mon épaule et m’entraîne, à moitié congelée, vers le vieux mas de pierre.

 Toujours aussi galant, Chris retire délicatement ma veste et je ressens de plein fouet l’étrangeté de la situation. Me voilà chez mon ex petit ami, pour un dîner en famille… Comme quelques années plus tôt. Si Will savait cela, j’aurais sans doute droit à une de ses terribles crises de jalousie, à juste titre cette fois…

 J’ai beau être claire dans mes sentiments, je culpabilise déjà de mon futur mensonge par omission…

 «  A table les enfants ! Chris chéri, veux tu bien aller chercher une bouteille de jus de Plumuduk s’il te plaît ? Je voudrais la faire goûter à notre invitée. »

 En fils modèle, il acquiesce, me lance un regarde désolé et prend la direction de la cave.

 Sapristi… Mais qu’est ce que cela va être comme mixture encore… Madame Coben, ou Eolyn pour les intimes, a une passion tout a fait originale… Elle transforme en boissons toutes les plantes qu’elle trouve… Cependant, elle ne prend jamais vraiment la peine de les goûter, préférant tester ses créations sur de pauvres cobayes… Comme moi. Par politesse, je n’ai jamais pu me résoudre à recracher ou vomir le moindre de ses échantillons, même si parfois je m’en sortais avec une éruption de pustules violettes ou des diarrhées atroces pendant plusieurs jours.

 Je lui lance un sourire forcé, me préparant psychologiquement à mon futur calvaire.

 Ma seule consolation, le délicieux parfum de la chair rôtie et des pommes de terres soufflées au fromage qui règne dans la cuisine. Alors que je m’installe tout juste, Pantoufle saute sur mes genoux pour réclamer quelques caresses de son regard aux mille sagesses.

 Je m’exécute avec plaisir, laissant filer mes doigts entre ses poils moelleux.

 « Alors Louise ! Raconte-moi tout ! Comment ça se passe à Poudlard ? Chris m’a dit que tu étais à Serpentard ? J’avoue que j’ai été assez surprise, je t’imaginais davantage à Serdaigle ! Une jeune fille aussi brillante que toi ! »

 Je m’apprête à répondre à sa question quand Chris revient de la cave et trébuche d’une manière tout a fait bizarre ce qui lui fait lâcher la bouteille.

 Malheureusement, celle-ci ne s’éclate pas au sol, miraculeusement sauvée par un coup de baguette…

 « Voyons ! Chris chéri ! Fais un peu attention ! Tu sais très bien le mal que j’ai eu à fabriquer ce breuvage ! Cela aurait été tellement dommage de ne pas pouvoir le déguster ! »

 « Dommage oui… C’est le mot ! » Réplique t-il en me lançant un regard lourd de sous entendus.

 « Alfred ! Ouvre nous cette bouteille veux-tu, je vais couper le rôti ! »

 Le père de Chris s’empresse de faire péter le bouchon, ce qui fait sursauter Pantoufle qui, ennuyé, quitte mes genoux pour rejoindre le canapé.

 Monsieur Coben capte mon regard et m’annonce d’un ton solennel après un coup d’œil à la cuisine :

 « Ma chère Louise, toutes mes condoléances… »

 « Si c’est vraiment aussi immonde qu’une bouse de dragon trempée dans de l’urine de Dioxy, ne te gêne pas pour recracher… Personne ne t’en voudra. » Ajoute Chris pour m’encourager.

 Eolyn revient, un plat fumant flottant devant elle.

 « Oh quelle jolie couleur ! Bien ! Portons un toast ! A Faucon ! Notre nouvelle future championne ! Et à Louise, pour son aide précieuse ! Santé ! »

 D’une traite, elle avale le liquide violacé, sous nos yeux ébahis.

 « Il manque un peu de sucre mais c’est de loin ma meilleure réussite ! »

 Alfred, Chris et moi nous lançons des regards d’encouragements mutuels, puis trempons nos lèvres dans la boisson.

 Instantanément, l’acidité me pique les yeux, et me brûle la moitié de la langue. Et quand j’avale pour ne plus souffrir, les flammes se prolongent tout le long de mon tube digestif. Si j’étais un dragon, je cracherais sans doute du feu !

 Chris semble aussi enflammé que moi au vu du teint rougeoyant qu’il vient de prendre.

 « Maman… Si un jour tu veux que Faucon devienne une championne… Il faudrait que tu évites d’essayer de tuer son cavalier ! »

 « Oh chéri ! Ce que tu peux être chochotte quelquefois ! Les filles sont bien plus solides ! Regarde Louise ! Elle adore ! »

 A deux doigts de m’évanouir, je lui adresse un sourire penaud, tentant de me concentrer sur la viande délicieuse qui emplit mon assiette.

 « Bien ! Puisque nous sommes d’accord ! Bon appétit ! »

 Après avoir refusé plusieurs fois de reprendre du dessert, je sors de table totalement vannée, avec la grâce d’un Troll des Montagnes ivre.

 « Merci pour ce repas Madame Coben, c’était délicieux ! »

 « Je t’en prie ma chérie ! Je t’ai déjà dit de m’appeler Eolyn ! Nous sommes toujours ravis de t’accueillir ici, tu es comme de la famille pour nous ! Tu reviens quand tu le souhaites !»

 Elle me serre dans ses bras puis retourne à la cuisine pour ranger sa vaisselle.

 « Papa ! Tu peux transplaner Louise ? Elle voudrait rentrer ! »

 « Bien sûr ! Je fais un tour par le petit coin et j’arrive ! »

 Nous échangeons tout deux un sourire, puis c’est lui qui rompt le silence.

 « Tu sais… Ce soir… Ici… C’est comme si rien n’avait changé… Comme si… Toi et moi… »

 « Chris… Je t’ai déjà expliqué… Nous sommes amis, de très bons amis, et je ne veux pas perdre ça… Et il y a Will… »

 « Will… Je sais… C’est juste que ça m’a fait plaisir de ne t’avoir que pour moi pendant une journée… En tant qu’amie ! Et puis, ne t’emballe pas ! Je suis casé maintenant ! Faucon ne serait pas très contente de savoir qu’une blondinette sur deux pattes remue sa crinière devant son cher et tendre ! »

 Il m’arrache un sourire, m’embrasse tendrement les joues et m’apporte mon manteau.

 «  A samedi Liliborgne ! Et merci pour ton aide ! »

 « A samedi ? Pourquoi samedi ? »

 « Hé bien parce que c’est la fête d’Emilie pour la St Sylvestre ! Elle ne t’en a pas parlé ? »

 La fête… Merde… J’ai totalement oublié… Il va falloir me trouver une robe d’urgence !

 « Si si bien sûr ! A samedi Volplané ! Si Faucon ne t’a pas piétiné avant ! »

 Sur ce trait d’esprit d’une subtilité digne des plus grands, j’attrapai le bras d’Alfred et nous nous fondîmes dans la nuit.

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Commentaires
Louise Carpple ou l'art d'être française à Poudlard
  • La rentrée est proche, et pour Louise, pas le choix, elle s'effectuera à Poudlard ! Notre jeune française de quinze ans prend donc la direction de l'Angleterre où elle fera sans aucun doute des rencontres qui changeront à jamais son image de l'Ecole
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