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Louise Carpple ou l'art d'être française à Poudlard
20 novembre 2013

Chapitre 33 : Pré-au-Lard

d8f714711530042c23831574f3ea2f0fJe retourne chercher quelques affaires au dortoir puis je rejoins la cour où les élèves attendent avec impatience le signal du départ. Max est parmi eux, les bras croisés et l’air boudeur. Je m’approche de lui en trottinant, me doutant bien de la raison de son irritation.

« Ben alors Max ! Tu n’es pas à la bibliothèque avec tes amis ? »


« Tu rigoles Lili ? Moi aussi je veux aller à Pré-au-Lard ! Ce n’est pas juste que les premières années soient interdit de sortie ! Il paraît qu’il y a un magasin rempli de bonbons là bas ! »

« Les règles sont les règles BirdBoy ! Promis ! Je te rapporterai de quoi te noircir les dents ! Et puis, tu n’as pas envie de croiser un Détraqueur ? Tu sais qu’il y en a tout plein autour de l’Ecole, peut-être se promènent t-ils tranquillement dans Pré-au-Lard ? » Lui soufflai-je pour lui passer l’envie de venir.

« Beurk ! Ce sont ces trucs tout noirs qu’on voit voler au loin ? Ils me font peur, on dirait la mort… Tu pourras me prendre des caramels ? Ce sont mes préférés ! »

« Je sais frérot ! T’inquiète ! Allez va t’amuser ! Ou faire tes devoirs ! »

Je parviens à lui ébouriffer les cheveux avant qu’il ne s’échappe, puis une main m’enserre la taille et des lèvres effleurent mon cou, me faisant sursauter et me retourner.

« Will ! Tu m’as fais peur ! Bon alors ! Je ne peux plus attendre ! C’est quoi cette surprise ! Dis-moi ! » Le suppliai-je avec ma moue habituellement irrésistible, en tous cas avec mon père.

« Cette charmante mimique aurait pu me faire craquer mais tu ne m’auras pas princesse ! Une surprise est une surprise et il n’y aura plus rien d’étonnant si je te révèle quoi que ce soit ! C’est notre première véritable sortie ensemble et je veux l’immortaliser ! J’espère juste ne pas m’être planté… »

Il m’embrasse avec ferveur tout en caressant mes cheveux, j’en ai des frissons… Cette journée sera décidément plus qu’agréable !

Une voix interrompt notre étreinte, c’est le professeur McGonagall qui nous autorise à partir. Will me prend par la main et m’entraîne à l’avant du cortège où ses amis sont attroupés. Ils me saluent tous joyeusement et Horem m’offre même un clin d’œil complice.

« Prête pour la surprise ? »


« Je n’attends que ça ! Tu sais quelque chose ? Je peux avoir un indice ? » Lui demandai-je, avide d’information.

« Un indice… Voyons voir… Rien que d’imaginer Will faire ça j’ai envie de m’écrouler de rire ! Je peux te dire qu’il t’apprécie sacrément pour faire un truc pareil ! »

Je boue de l’intérieur… Mais bon sang ! Qu’est ce que s’est !

« Tais-toi idiot ! » Le bouscule gentiment Will.

Nous mettons quelques minutes à descendre l’étroit sentier jusqu’à la célèbre ville de sorciers. Après avoir été miraculeusement sauvés de justesse par Will, d’une chute douloureuse, merci ma maladresse, nous arrivons enfin à la pancarte ensorcelée. Les maisons sont charmantes et authentiques, les rues sont animées d’un brouhaha permanent, les odeurs sont pareilles à celles d’un bordel marocain, en plus exotiques. Bref, je ne sais plus où regarder tellement c’est incroyable.

« Je t’abandonne cinq minutes, Princesse, je vais voir si la surprise est prête ! On se rejoint aux Trois Balais d’accord ? »

« D’accord ! » Lui répondis-je en trépignant d’impatience.

Il m’embrasse chastement sur la joue, un peu tendu puis s’éclipse silencieusement.

Qu’il est sexy dans son pantalon beige et sa veste de bûcheron bordeau, ses cheveux miel brillent au soleil, et même de dos, je peux l’imaginer sourire ! Je le suis du regard jusqu’à ce qu’il disparaisse au détour d’une ruelle…

« Hé Lili ! Viens par là ! On va boire un coup aux Trois Balais tu nous accompagnes ? » Me hèle Ka emmitouflée dans son manteau gris.

Je rejoins Shanon et Ka, espérant rapidement me réchauffer. Je pénètre à leur suite dans le bar accueillant et lumineux. L’atmosphère est apaisante et chaleureuse, le bois brut et le feu dans la cheminée me rappellent un Noël dans un chalet à la montagne quand j’étais enfant. Une femme aux longs cheveux bouclés nous accueille, souriante et les joues rosies.

Nous nous installons à une grande table de chêne verni tandis que Carla va prendre commande.

« Où est passée Emma ? Avec son mystérieux amoureux ? » Demandai-je à Shanon qui s’étire comme un chat.


« Je suppose ! Cette chipie s’est discrètement éclipsée pendant le trajet… C’est bien la première fois qu’elle arrive à me cacher quelque chose… J’ai hâte qu’elle arrive avec son Don Juan ! »

J’hésite à lui révéler ma découverte, mais je décide de garder le suspens jusqu’au bout.

Ka revient avec trois choppes de Bierraubeurre qu’elle renverse à moitié sur la table en les déposant.

« Oups ! Désolée elles sont trop pleines … »

Je sors ma baguette pour nettoyer les dégâts quand Shanon me met un coup de pied sous la table, qui me fait relever la tête.

« Par Mer-lin ! Non ! C’est impossible ! » Souffle t-elle sous le choc.

Je regarde à mon tour dans la même direction et c’est à moi d’être scotchée. J’avale ma salive avec difficulté et mes paupières papillonnent comme pour vérifier qu’il ne s’agit pas d’un mirage.

Emma se tient là devant nous, un sourire radieux sur les lèvres et tenant fièrement son petit copain par la main. Son petit copain, les cheveux en pétard, un pull à grosses mailles émeraude sur le dos, et un sourire espiègle à se damner sur les lèvres. Son petit copain, brésilien, frère de ma meilleure amie, j’ai nommé Gabriel Santos.

 

Je n’arrive pas à détourner ma vue de ce couple improbable… Emma tire Gab par la main et nous fixe avec appréhension. Enfin, c’est surtout de Carla qu’elle attend une remarque. Cette dernière semble atteinte d’un Petrificus Totalus très efficace. La connaissant, je sens qu’elle lutte pour ne pas massacrer son frère.

Gabriel, lui, ne me lâche pas des yeux. Des yeux dans lesquels brûlent un éclat victorieux, satisfait et provocateur.

J’essaie tant bien que mal de paraître décontractée et ravie pour mon amie et ça me tue de le dire mais, c’est impossible… C’est tellement fou ! Je boue intérieurement… Ca ne devrait pas… Ca m’est égal… Je suis avec Will… Will le surprenant, Will le tendre…

« Voilà… Vous savez… » Me coupe Emma dans mes sombres pensées.

Comme ni Carla ni moi n’arrivons à ouvrir la bouche, c’est Shanon qui rompt le malaise ambiant.


« Ben ça alors ! C’est, c’est inattendu mais je suis très contente ! Félicitation ma belle ! » Dit-elle affectueusement à Emma. « Quant à toi, tu as intérêt à faire attention à elle ! Et à ne pas te comporter comme à ton habitude ! On te connait monsieur Santos ! » Le sermonne t-elle.

En guise de réponse, il attrape Emma par la taille et lui embrasse tendrement les cheveux, ce qui la fait éclater de rire. Bon sang mais pourquoi ai-je cette boule dans la gorge ?!

Ka est toujours aussi silencieuse, elle fusille son frère du regard mais devant l’inquiétude manifeste d’Emma elle lui sourit pour la rassurer.

« Bon hé bien c’est à mon tour de te féliciter alors… Enfin si on peut féliciter quelqu’un pour se coltiner un boulet pareil ! » Dit-elle pour détendre l’atmosphère.

Emma se lâche enfin et se jette dans les bras de Ka, les larmes aux yeux.

« Tu n’imagine pas à quel point je suis soulagée ! J’avais tellement peur que tu sois furieuse ! Ca fait un moment que je veux te l’avouer mais… Mais j’avais trop peur de ta réaction… »

Un moment ? Mais depuis combien de temps se cachent t-ils tous les deux ?

« Regardez ce que Gab m’a offert ! N’est-il pas trop mignon ?! »

Elle sort un petit bouquet rond de son sac, ce sont des fleurs violettes, pailletées d’argent au parfum délicieux.

« Ce sont des Papillus Amicitia, elles signifient tendresse et compréhension, c’est dingue un mec qui connait les fleurs non ? Quelle chance j’ai ! » Susurre t-elle en couvant Gabriel des yeux.

Ka et moi partageons immédiatement un regard, que je fixe ensuite sur Gabriel, qui ne sourit plus mais me dévore toute entière. C’est lui. C’est lui mon mystérieux livreur de bouquets…

 

Il sait que je sais. Il se mord délicieusement la lèvre, j’ai des sueurs, des vertiges, il faut que je sorte.

« Bravo Emma ! Désolée, j’ai dû boire trop de Bierraubeurre, il faut que je prenne l’air… »

Je me précipite à la porte, en évitant soigneusement le regard brûlant de Gab et m’assieds sur un banc en face du bar.

Je reprends doucement mon souffle, la tête entre les mains, complètement perdue.

Je ne comprends plus rien… Il me déteste, il m’aime, il me veut, il en désire une autre… Que faire ? Ne rien dire et laisser Emma vivre sa romance ? Tout lui révéler au risque de perdre son amitié ? Et Will ! Dois-je lui cacher ?

Je crois vraiment que je vais faire un malaise. Ka me rejoint et passe ses bras autour de moi.

« Par Merlin Lili ! Je n’aurais jamais pensé que mon frère était responsable d’un tel présent… Jamais je ne m’étais doutée d’une telle sensibilité de sa part… Je suis… Ebahie ! Et cette pauvre Emma… Qui le croit fou d’elle… Elle va encore tomber de haut la pauvre… »

« Qu’est ce que tu veux dire ? » Demandai-je toujours confuse.

« Mais enfin Lili ! C’est évident ! Il fait ça pour te rendre jalouse ! Il t’aime Lili ! C’est certain ! »

« Mais c’est toi qui m’as dit qu’il était incapable d’amour ! »

« Il faut croire que je me suis trompée… Jamais il n’avait encore fait preuve d’autant d’attentions et de patience… Tu lui plais ! Voilà pourquoi il déteste Will encore plus que d’habitude ! »

« Qui me déteste encore plus que d’habitude ? » S’écrie tout à coup la voix de mon petit ami.

Nous nous retournons en même temps Ka et moi, cherchant une justification plausible.

« Oh tu sais mon frère… Il racontait une anecdote pas très sympa sur toi… Tu sais quand tu as fait un plongeon dans le Lac Noir en deuxième année… Lili s’est énervée et est sortie. » Se lance t-elle la première.

« Oh celle-la ! Bah ! Ce n’était pas si terrible finalement mais c’est vrai que cet abru… euh cet imbécile s’était bien foutu de moi… Lili ? Tu es prête ? Je peux te kidnapper ? » Me demande t-il malicieusement.

Ka m’embrasse sur la joue et me pousse vers lui avant de me lancer un regard encourageant et de rentrer à l’intérieur.

Je reprends mon souffle, encore un peu bouleversée, puis attrape la main qu’il me tend.

 

« J’espère que ça te plaira… »

Mon imagination divague complètement, je visualise un pique nique romantique entouré de lucioles chanteuses avec vue sur les montagnes, suivi d’un spectacle de magie artistique.

Cependant, après avoir traversé un jardin, puis une prairie, j’aperçois enfin la surprise tant attendue.

Oh bon sang ! Quel merveilleux cadeau ! Je me tourne vers lui, aux anges et me jette à son cou, oubliant totalement Gabriel et ses fleurs.

« Oh Will ! C’est une merveilleuse idée ! Tu es un amour ! Merci ! Tu n’imagines pas à quel point ça va faire du bien ! »

« Ouf ! Je suis soulagé… J’avais peur que tu ne trouves l’idée trop simple… Après tout ce ne sont que des chevaux normaux… Rien de comparable à Libellule… »

Pour le faire taire et savourer ce moment, je l’embrasse avec passion, évacuant toute la pression subie quelques minutes plus tôt. Je m’accroche à lui comme s’il était ma dernière source d’oxygène et il est obligé de me repousser doucement pour lui-même respirer.

« Wahou ! Si j’avais su que ca te ferait cet effet, je l’aurais réalisé plus tôt ! Si tu m’embrasses à nouveau comme ça, je ne te promets pas de me tenir » Ajoute-il d’un ton taquin.

« Allons voir comment tu tiens sur une selle justement ! » Lui répliquai-je en l’entraînant à ma suite, de nouveau joyeuse et insouciante.

 

~*~

 

Je ne pense plus à rien. Je suis le vent dans mes cheveux, je suis la caresse de la selle sur mes cuisses, je suis la puissance sauvage de ma monture. Je ne suis que sensations et liberté. Je ne pense plus à rien et je bénis Will pour ce cadeau.

Voilà bien longtemps que je ne n’avais pas ressenti cette plénitude… Je monte un étalon, un étalon d’un gris profond à la crinière noire et sauvage. Un étalon à l’image de mon humeur, sombre et passionnée.
Je m’accorde un long moment de galop, seule, au milieu de la prairie. Au début, j’attendais Will qui grimaçait à la moindre foulée de sa jument, mais comme je le taquinais un peu trop à son goût sur ses qualités de cavalier, il m’a demandé de partir devant. Prière à laquelle j’ai obéi sans me faire implorer, rien ne vaut une chevauchée en solitaire pour se vider l’esprit…

Le temps est radieux pour une fin octobre… Certes cela ne vaut pas la méditerranée mais je crois que mes racines britanniques s’expriment enfin. Moi qui voulais cacher cette partie de ma vie, être la française par excellence… Tout ça me semble bien loin… J’ai changé en si peu de temps… Je me sens plus vieille, plus épanouie… Finalement, ce déménagement n’était pas si catastrophique…

Je respire un grand coup l’air froid et humide puis tire doucement sur les rênes. Alpago ralentit imperceptiblement, soufflant bruyamment avec fierté, une vapeur argentée s’échappant de ses naseaux. Je trotte un moment avant de m’arrêter à l’orée d’un bois, légèrement en hauteur. D’ici, je verrai forcément Will débarquer !

Je mets pied à terre et félicite ma monture avec une caresse méritée. Je me sens de nouveau d’attaque ! Qu’importe Gabriel et ses manigances ! Je veillerai à ce qu’il ne blesse pas Emma ! L’amitié c’est sacré et je compte bien avoir une conversation musclée avec lui.

Je m’appuie tranquillement contre mon compagnon, admirant le silence régnant aux alentours. J’aperçois le château au loin, sombre et majestueux, derrière les arbres dansant au gré des bourrasques du vent. Je frissonne mais je respire, je me sens tellement vivante !

Tout à coup, Alpago s’agite et je suis du regard ses oreilles pointées. A plusieurs mètres de nous, une silhouette équine portant, ou plutôt devrais-je dire ballottant, un pauvre hère en détresse hurlant à la mort.

Je souris devant un tel spectacle… Décidément, les sorciers ne sont bons que pour le Quidditch…

Comme mon père me l’a appris, je mets deux doigts dans ma bouche et siffle avec puissance. La jument change alors de trajectoire et s’élance vers nous.

C’est un Will ébouriffé et transpirant qui descend de sa selle. Tandis que j’attache les rênes, il manque de chavirer mais se rattrape à moi, chancelant mais tentant de garder la tête haute.

« Bon sang… Je préfère mille fois mon bon vieux Nimbus… Il m’obéit lui au moins quand je lui demande de tourner ! Comment fais-tu pour marcher après ça ? J’ai les fesses en compote ! » S’exclame t-il en se frottant le bas du dos.

« L’habitude mon cher ! L’habitude ! Et puis, il n’y a rien de mieux que l’équitation pour avoir un fessier parfait ! » Lui répliquai-je en me retenant de rire.

« C’est donc ca ton secret ! Viens par là miss joli popotin, je voudrais bien un bisou après ce supplice ! » Me susurre t-il en m’attrapant par la taille.

Effectivement, c’est largement mérité ! Je me hisse sur la pointe des pieds et l’embrasse tendrement tout en enroulant mes doigts dans ses cheveux en bataille. Miam ! Ils sentent le caramel !

Après quelques secondes, je détache délicatement ma bouche de la sienne mais c’est sans compter sur son avidité. Il me serre plus fort contre lui, caresse ma joue avec douceur puis c’est à lui de m’embrasser. Sa langue est experte et je me laisse volontiers aller. L’une de ses mains me chatouille la nuque, l’autre se promène innocemment le long de mon échine, me faisant frissonner de plaisir. Je suis bien dans ses bras, c’est comme être enroulée dans sa couverture au coin du feu, je m’y sens en sécurité, protégée.

Petit à petit, ses lèves se font plus pressantes, plus appuyées, ses caresses deviennent plus sensuelles, je suis surprise mais je ne le repousse pas, curieuse de voir ses limites, et les miennes.

Son souffle s’accélère, mes mains deviennent moites sous mes gants, je brûle de l’intérieur, il n’y a vraiment pas que les français qui connaissent le french kiss… Sentant que la situation risque de déraper, je me recule doucement, également essoufflée par l’intensité de ce baiser.

Ses yeux mi bleus mi verts me transpercent, et même sans me toucher, je peux y lire son désir. A cet instant, je dirais même qu’il y a quelque chose d’animal dans ce regard, ce qui me fait m’enflammer sur le champ.

Cependant, sans doute jaloux du peu d’attentions que je lui porte, Alpago rompt la magie en écartant Will d’un puissant coup de naseau.

« Hé mec chacun son tour ! Celle-ci c’est la mienne ! Toi tu as Méneal si tu veux ! » Proteste-il faussement énervé.

Puis il se tourne à nouveau vers moi et me prend la main.

« On marche un peu princesse ? Je ne compte pas remonter tout de suite sur cette folie sur pattes ! »

Je détache les chevaux puis nous rebroussons chemin main dans la main en discutant joyeusement.

« C’est quoi ce truc là-bas ? » Lui montrai-je du doigt intriguée.

« Ca c’est la Cabane Hurlante, il parait qu’elle est hantée mais personne n’est jamais allé vérifier… Cette baraque est bien trop flippante ! »

« Parle-moi un peu de chez toi ! Tu as déjà mentionné tes parents mais j’aimerais en savoir plus ! Toi tu connais déjà presque tout de ma famille ! »

« Ma famille… Bon si tu y tiens… Voyons… Par quoi commencer… »

 

Il prend quelques secondes pour réfléchir puis se lance d’un ton enjoué :

 

« Comme tu le sais déjà j’ai grandi en Irlande, plus précisément à Newgrange, un village un peu dans le style de Pré-au-Lard où la majorité de la population baigne dans la magie…C’est pourquoi, c’est un coin où des tonnes de légendes circulent ! Ma famille est installée là bas depuis des dizaines de générations et mon Grand Père est un peu l’historien de la ville. C’est pour cela que je connais toute ces choses sur les vieilles familles. Quand j’étais plus jeune, il me racontait les péripéties mythologiques sur nos ancêtres, j’étais fasciné ! Figure toi que Newgrange n’est autre que le nouveau nom de Brug na Boinne ! »

A mon regard interrogateur, il sourit devant mon ignorance et poursuit :

« Brug na Boinne Lili ! L’hôtel de la Boyne ! La célèbre demeure de Dagda ! Le Dieu druide ! Enfin, ça c’est l’histoire officielle pour les moldus ! Dagda était en réalité un sorcier guérisseur très puissant, le premier en Europe… Lui et son frère Ogme ont fait beaucoup pour mon pays ! Ce sont eux qui ont découvert le pouvoir mystique des menhirs ! Aujourd’hui encore, les sorciers les utilisent, surtout pour transplaner loin, avec un transplanage classique, tu peux faire un ou deux milles kilomètres tout au plus mais avec l’énergie des menhirs, tu peux traverser la planète ! »

Il semble totalement passionné… Ses yeux sont dans les vagues, loin, très loin, sans doute de l’autre coté de la mer…

« Ca doit être génial… Aller se dorer la pilule aux Caraïbes en trois secondes de voyage… » L’encourageai-je à continuer.

« Oh il n’y a pas que cela ! Tu peux faciliter les métamorphoses aussi ! La plupart des sorciers qui essayent de devenir Animagi s’installent dans mon village pendant des mois ! Ma mère et le médicomage ont un travail monstre avec tous les blessés ! Enfin… Elle adore son métier et ses potions et antidotes son réputés dans tout le pays ! »

« Elle est apothicaire c’est ça ? Et ton père médecin ? Mais est-ce que tu as des frères et sœurs ? »

« Tout à fait ! Malheureusement non… Je suis l’unique fils adoré de ma maman ! J’ai des cousines mais ce n’est pas pareil… Voilà pourquoi j’apprécie autant d’être préfet, j’ai une grande fratrie dont je dois m’occuper ! J’aurais adoré avoir un petit Max à taquiner mais comme ma mère est l’ainée de six enfants, elle refusait de m’imposer une tribu ! »

« Six enfants ! Hé bien il s n’ont pas froid aux yeux tes grands parents ! » M’exclamai-je surprise.

« Et pourtant Merlin sait que mon Grand Père a été difficile à convaincre ! Granny prend toujours un plaisir fou à lui rappeler à quel point il est Papy gâteaux ! Il faut dire qu’avant lui… On s’en est toujours tenus à un seul enfant chez les Lycaon… Ca fait partie des… Traditions… »

Je m’apprête à lui en demander davantage sur ces traditions et sur les légendes de son pays quand quelque chose de bruyant passe au dessus de nous, terrorisant les chevaux. Ménéal se cabre aussitôt, et Will, surpris, lâche les rênes. Alpago essaye de faire de même mais je le retiens fermement, furieuse contre l’objet volant non identifié qui file déjà vers le village.

« MENEAL !!! REVIENS !!! » Hurle t-il en s’élançant à la suite de sa monture.

En cavalière expérimentée, je remonte en un saut sur mon étalon paniqué, le rassure avec quelques mots magiques puis trotte jusqu’à Will.

« Monte derrière moi, on va la suivre, Alpago n’attend que ca ! Un vrai mec celui là ! » Lui dis-je pour détendre ses traits affolés.

« Ha ces filles… De vraies trouillardes ! » Me répond-il avec un sourire penaud.

« Trouillardes ? Si les mecs savaient nous rassurer, il n’y aurait pas de problèmes ! » Protestai-je avec une moue boudeuse.

Il attrape la main que je lui tends et monte tant bien que mal dans mon dos. Ses mains enserrent tendrement ma taille, me chatouillant légèrement.


« Je crois qu’on ne parle plus de chevaux là ! Je te jure que si j’attrape l’imbécile qui a osé sortir se promener en plein jour avec un balai, c’est chez le directeur direct ! Vite elle est partie par là ! » S’écrie t-il un pointant la forêt du doigt.

Super ! … Moi qui pensais qu’elle rentrerait directement à l’écurie… On a plus qu’à espérer que la malédiction de mes promenades ne se reproduise pas…

Un peu moins confiants, nous longeons la lisière de la forêt, agréablement lumineuse et accueillante. Après vingt minutes de recherches infructueuses, nos estomacs gargouillent et toujours rien en vue… Il est presque treize heures et nos amis doivent s’inquiéter, Will décide donc qu’il est temps de se séparer.

« On ne peut pas la laisser là… Si elle se blesse la pauvre… L’oncle de Selma me tuerait en plus ! C’est lui qui m’a prêté ses chevaux… Il utilise leur crin pour tisser des tapis volants jouets ! Je pars vers le Nord, tu prends le Sud avec Alpago princesse ? »

« Je ne sais pas si c’est une très bonne idée de se séparer… »

« Ne t’inquiète pas pour moi ! J’ai l’habitude de me promener dans les bois ! Dans mon village, on en est envahi ! Toi sois prudente, garde bien ta baguette à portée de main d’accord ? »

Il m’embrasse dans le cou, puis se laisse glisser au sol.

« Si jamais tu as un problème, envoie des étincelles rouges, j’accourrai ! Quand l’un de nous à trouvé Ménéal, on en lance des vertes ! Rendez-vous aux Trois Balai princesse ! »

Il s’éloigne en courant et je le perds vite de vue derrière les arbustes feuillus.

« Bon ! Hé bien nous voilà en duo mon ami ! Allez vamos Alpago ! Allons retrouver ta dulcinée ! » M’exclamai-je en le talonnant.

Une trentaine de minutes s’écoulent et rien de concluant à part des lapins et quelques biches… Cependant, il semble que ce soit mon jour de chance ! Un hennissement puissant et paniqué se fait entendre à quelques centaines de mètres devant nous. Ma monture n’a pas besoin de sollicitation, la voilà déjà partie en direction du bruit.

Je me prends de nombreuses branches en plein visage et je sens le goût du sang couler dans ma bouche, ma lèvre semble touchée. Je parviens à distinguer la fin du labyrinthe d’arbres au son familier de l’eau qui s’écoule. Une rivière !

Alpago freine instantanément, anxieux face à cet obstacle qui lui semble inconnu.

« Oh non Alpi ! Ne me dit pas qu’un grand garçon comme toi à peur de l’eau ! »

Toutefois, d’après la direction de ses oreilles, je remarque que ce ne sont pas les flots qu’il guette… Mais l’autre coté de la rive… un coté où se balade tranquillement un ours… un ours immense et familier… Un ours, avec un corbeau posé sur l’épaule… Mais dans quel délire suis-je encore tombée ?

 

M'ayant sans doute repérée grâce à mon odeur, l’immense tête de l’animal de trois mètres se tourne dans ma direction tandis que le corbeau, lui, s’envole dans un croassement retentissant. Terrifiée, je suis incapable de bouger un muscle et je fixe l’ours en retenant mon souffle. Paralysée, je passe de la terreur à la stupéfaction en une seconde… La bête fait demi-tour en courant à toutes pattes, comme si c’était moi le monstre capable de sectionner une tête en un seul coup de griffe.

Alpago profite de mon effarement pour se cabrer en hennissant joyeusement, comme pour signaler que c’est grâce à sa musculature puissante et dissuasive que l’ours a fui … Mais oui… Bien sûr Alpi…  !

Alors que je suis toujours perplexe face à cette étrange attitude, un autre hennissement, beaucoup moins jovial, se fait entendre. Instantanément, ma monture traverse le courant, insensible au fait que sa cavalière se retrouve trempée en moins de deux.

Quelques branches dans la figure plus tard, nous nous retrouvons dans une sorte de mini jungle, et je suis recouverte de ronces et de lianes en tous genres. Un curieux spectacle dans cette partie du globe…

Au milieu de cet enchevêtrement végétal, Ménéal, prise au piège et dégoulinante de sueur. La pauvre bête est terrorisée ! Ses flans son déchirés par les épines et ses jarrets étouffés par des liens trop serrés.

Immédiatement, je descends à  la rescousse, à la fois soulagée et inquiète. En deux ou trois Diffindo, je libère la jument et lui prodigue les premiers soins. Elle tressaille un peu quand je lui referme ses plaies et soigne ses contusions, mais Alpi joue le rôle de l’infirmier à la perfection. Il la rassure tendrement à coups de museau tout en me fouettant avec entrain la tête avec sa queue. Finalement, plus de peur que de mal…

« Voilà ma toute belle ! Tu es comme neuve ! Allez zou ! On rentre ! J’en connais qui doivent s’inquiéter pour toi ! »
J’attache les rênes à ma selle puis envoie des étincelles vertes dans le ciel. Ouf ! Une nouvelle catastrophe d’évitée…

Me fiant d'avantage à l’instinct équin qu’à mon sens de l’orientation, je laisse Alpago mener la marche comme bon lui semble, les protestations de mon estomac pour seule musique… J’espère vraiment que Will a prévu un pique-nique…

Il me semble enfin apercevoir la lisière de la forêt, quand j’entends une branche craquer brusquement dans mon dos. Je me retourne, aux aguets, la baguette bien en évidence, prête à dégainer mon stupéfix. Une ombre se rapproche, mes mains se crispent sur le bois et les chevaux deviennent nerveux, voilà qui n’est pas bon signe…

La chose jaillit et au même instant, je lance mon sort réflexe en hurlant comme une sauvage.

« STUPEFIXXXXXXXX !!! »

Plus rien ne bouge, j’ai dû faire mouche ! Je descends prudemment et m’approche à pas de loup de la forme allongée au sol, inconsciente. Oh bon sang ! Bouse de Dragon ! Will ! Par Merlin ! Je viens de stupéfixier mon petit ami ! Mais quelle imbécile ! Oh Lalala il va me tuer !

Alors que je m’apprête à lancer un Enervatum, je remarque ses vêtements, curieusement déchirés et sales… Il est allé creuser un tunnel ou quoi ? Oh bon sang ! Et si l’ours l’avait attaqué ? Non… Cet animal est imposant mais il ne m’a pas l’air dangereux… Curieuse de connaître sa propre aventure, je fredonne le sortilège.

Il ouvre difficilement les yeux, des yeux qui semblent avoir une couleur bizarre, inhabituelle, cependant, mon impression ne dure qu’une seconde avant qu’il ne fronce les sourcils.

« Mais par mes ancêtres Louise qu’est ce qu’il t’a pris ? Tu n’as pas vu que c’était moi ? Veracrasse ! Ca fait un mal de chien ! » S’écrie t-il en se frottant la nuque.

« Tu plaisantes ou quoi ? Il fait sombre ici et tu étais aussi silencieux qu’un matou en chasse ! Pourquoi tu ne m’as pas appelée ? J’ai cru que c’était encore un ours moi ! Désolée en tout cas… J’ai mis la dose… J’ai un peu paniqué… »


« Je voulais te faire une surprise ! J’ai cueilli de superbes fleurs sur le chemin ! Oh non ! Regarde ! Elles sont toutes écrasées maintenant ! » S’exclame t-il, déçu.

Effectivement, ce devait être un très joli bouquet avec ses couleurs violettes et rosées…

« Oh… Merci Will c’est adorable ! C’est bon ! Je peux toujours en insérer quelques unes dans mes cheveux ! » Dis-je pour lui redonner le sourire et me faire pardonner.

« C’est toujours comme ça avec vous les filles ! On veut vous faire plaisir et ça nous retombe toujours dessus… Enfin ! L’essentiel, c’est d’avoir retrouvé Ménéal ! Je suis obligé de remonter ou je peux marcher à coté de toi ? »

Mon estomac décide qu’il est temps de s’exprimer à nouveau ce qui fait éclater de rire Will.

« Très bien j’ai compris ! Mon pauvre fessier n’est pas encore sorti d’affaire ! Ni mon dos d’ailleurs… Tu crois que c’est possible de négocier un petit massage ? » Me souffle t-il d’une voix qu’il veut grave et virile, un sourire jusqu’au ciel.

Je décide de jouer le jeu de sa plaisanterie et d’enchérir.

« Bien sûr ! Et si tu parviens à arriver avant moi à Pré-au-Lard je t’offre les bougies et le repas avec ! »

« Hiiiiiiiiiiaaaaaahhhh ! » Hurle t-il en réponse à ma proposition et en s’élançant au galop.

Alpago ne se fait pas prier pour suivre sa dulcinée et je savoure de nouveau la puissance de sa foulée !

Notre course effrénée se termine aux portes du village. Et alors que j’ai fait exprès de le laisser juste devant tout le trajet, au dernier moment, je lâche du mou dans les rênes et Alpi bondit en avant, coiffant ainsi au poteau notre adversaire !

« Hiiiiiiiiiiiiaaaaaaaaaahhhh ! » Répondis-je à son cri précédant en guise de victoire.

« C’est pas juste ! Tu m’as donné de faux espoirs ! Quelle tacticienne tu fais ! Au Quidditch, cette manœuvre s’appelle la Feinte de Perdonoff ! Et dire que je ne l’ai même pas vu venir ! »

« C’est le jeu mon cher ! Du cou on fait comment, tu m’invites ? » Ajoutai-je en le taquinant.

« C’était prévu princesse ! Comme si j’allais te laisser m’inviter au resto ! Allez viens ! On pose les pépères et direction les Trois Balais ! J’ai réservé pour ce midi ! Enfin… Treize heures trente pour nous du coup… J’espère qu’il restera quelque chose à grignoter… »

Je claque un baiser humide sur sa joue, il proteste, m’embrasse les lèvres, m’attrape tendrement la main et m’entraîne vers l’écurie.

Après avoir bichonné nos montures, et ce malgré notre faim, nous entrons tout transpirants et puant le crottin dans le bar. Alors que je me dirige vers le comptoir, j’entends Will pester de rage.

« Je vais le massacrer… Sale face de Troll arrogante ! »

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Louise Carpple ou l'art d'être française à Poudlard
  • La rentrée est proche, et pour Louise, pas le choix, elle s'effectuera à Poudlard ! Notre jeune française de quinze ans prend donc la direction de l'Angleterre où elle fera sans aucun doute des rencontres qui changeront à jamais son image de l'Ecole
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