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Louise Carpple ou l'art d'être française à Poudlard
21 novembre 2013

Chapitre 38 : Vive le vent d'hiver

pumps_by_lolietablij-d4zc7gu« Je n’ai pas très envie d’aller à cette fête… Si Lena ne m’avait pas supplié de l’accompagner, j’aurais pu terminer ma malle tranquille ce soir… »

« Vois-le côté positif ! Il y aura de la bonne nourriture, une ambiance sans doute grandiose et surtout, tout le gratin du monde magique ! J’espère que Slug connait des anciens élèves qui travaillent à la clinique du Dragon d’Or ! Sait-on jamais ! Tu penses quoi de celle là ? Trop courte ? »

Carla évalue  avec précision la robe pourpre que je lui présente.

« Hé bien…Si tu veux que Will aperçoive ta petite culotte à chacun de tes pas, c’est la robe idéale… Tu crois que les gens vont comprendre quand ils nous verront arriver ensemble ? Essaye plutôt cette blanche là, elle a l’air sympa ! »

« Carla ! C’est une chemise de nuit ! » M’exclamai-je en levant les yeux au ciel.  « Non je ne pense pas… Ils croiront que Lena n’a pas trouvé de cavalier et préféré venir avec une amie, ils ne chercheront pas plus loin….Bon alors… Celle-ci ? C’est Emilie qui me l’a offerte ! »

C’était une robe bustier framboise et crème, à la taille marquée et au jupon en voile, flottant et léger. Comme les cadeaux d’Emilie ne sont jamais… communs, la partie voile framboise se, je cite, « dépétale »… Oui vous avez très bien compris… Chaque morceau de voilage se détache et devient noir en tombant, laissant ensuite place à une robe moulante strassée…

Emilie l’avait appelé « la friandise pour mâle en rut », ce qui explique sans doute la raison pour laquelle je ne l’ai jamais portée

« Oui… Elle n’est pas mal… Si tu comptes faire une pub pour Honeydukes ! »

Un doux sourire éclaire le visage de mon amie, se regard devient lointain, elle soupire, puis ajoute :

« J’aimerais tellement que ce ne soit plus un secret… »

« Ka ! » Lui répondis-je, indignée. « Je ne pense pas que ça choque tant de monde, la société évolue, les mentalités aussi… »

« Quoi tu veux mon avis non ? Bon alors voilà, tout ces machins ne te mettent pas suffisamment en valeur ! Essaye plutôt une des miennes ! Celle-ci a été faite sur mesure par Alicilia Delpodium, une excellente créatrice brésilienne ! C’est elle qui habille notre Ministre de la Magie ! »

J’admire le tissu argenté qu’elle me tend, c’est doux et ne pèse rien, bizarre…

« Cette robe doit coûter une fortune ! J’aurais trop peur de l’abimer ! »

« C’est un cadeau de ma mère… » Souligne t-elle comme si cela résolvait la question.

J’enfile donc la robe rapidement et celle-ci se colle à moi comme une seconde peau.

« J’ai hâte de voir ce qu’elle va donner sur toi ! » Me souffle t-elle d’une voix énigmatique.

Avant même que je ne me tourne vers le miroir, je sens que la robe bouge et frétille sur ma peau.

Je sursaute, perplexe et inquiète, puis me tourne vers Carla qui a le sourire pratiquement au coin des yeux.

« C’est parfait ! »

Je me tourne donc vers la glace et mon reflet me coupe le souffle.

« Mais comment… »

« C’est un vêtement intelligent ! Il a été tissé avec de la soie d’Arachnée et ensorcelé… Il devient une robe différente selon la personne qui la porte… Mais pas n’importe laquelle… La robe qui représente notre personnalité… Pas la robe qui nous rend juste jolie, mais celle qui montre qui nous sommes ! »

« Wahou… C’est merveilleux ! Je ne savais même pas qu’un tel tissu existait ! Sur toi, elle montre quoi ? »

« C’est très difficile à créer… Il faut des dons en métamorphose très puissants et surtout être patient… 100ans son nécessaires pour créer ne serait-ce qu’un mètre de ce tissu ! C’est mon arrière grand-mère qui l’a conçu et ma mère a demandé à Alicilia de m’en faire une robe. Sur moi… hé bien… Elle est faite d’or et de plumes d'Ara bleu… Je ne peux pas te la décrire… C’est comme sur toi, elle est indéfinissable… Elle est nous, c’est tout. »

Je comprends ce qu’elle veut dire… Je ne me suis jamais autant sentie moi-même qu’en cet instant. Je me demande ce qu’en pensera Will…

Je laisse mes cheveux tomber en cascade sur la partie nue de mon dos et je m’accorde pour seule fanfreluche une paire de boucles d’oreilles d’argent en forme d’étoiles.

Carla, elle, porte une robe écrue qui met indéniablement ses longues jambes en valeur, elle est rayonnante. Elle s’admire une dernière fois dans la glace puis prend un air résolu.

« Tu as raison Lili ! Si on n’essaye pas, on ne saura jamais ! J’en parlerai à Lena ! Il est temps de se dévoiler ! Et puis qui sait ! Nous ne sommes peut-être pas seules ? »

« C’est sûr ! Je suis pratiquement certaine que ces deux types bizarres de sixième année sont gays ! Tu sais ! Celui qui a un nom de crustacé et son acolyte à la carrure d’hippogriffe !»

« Qui ça ? Crabbe et Goyle ? » Demande t-elle avant d’éclater de rire. « Tu délires ma chère, on dirait plutôt qu’ils font partie d’une secte ! Les Mangemorts ça te dit quelque chose ? »

« Sérieux ? Eux ? Des Mangemorts ?! Mais que ferais Tu-Sais-Qui de deux idiots pareils ? »

« Je n’en sais rien, mais les temps changent… Je ne sais pas si tu as remarqué, mais il se trame quelque chose de grave… Les gens chuchotent… Mon père s’inquiète pour le Ministère… Il y a de plus en plus de disparitions…Il faut être sur ses gardes… »

Sur ces paroles inquiétantes, j’attrape mon étole de soie et rejoins la sortie où nos deux cavaliers nous attendent.

Tout du moins, c’est ce que je croyais.  Lena est seule à patienter devant le mur d’entrée.

Les filles se saluent d’un rapide baiser sur les lèvres, aux aguets du moindre fureteur.

Mais bon sang où est Will ?

Me voyant agacée, Lena, dans sa robe pourpre, m’indique d’un ton d’excuses :

« Désolée Lili, j’étais là avant lui, du coup, quand il m’a vue, il a fait demi tour aussitôt. Il ne doit pas être bien loin. »

Tiens donc… C’est la seconde fois que je remarque une sorte d’animosité entre eux… Bizarre…

« Ah… Je peux savoir ce qui cloche entre vous ? »

« Oh tu sais… Juste des histoires de famille » Me répond t-elle en haussant les épaules d’un geste qu’elle veut désinvolte.

Cependant, je ne me laisse pas berner, s’il y a bien une chose que j’ai apprise ici, c’est que les histoires de familles ont un rôle loin d'être anodin…

Alors que je lui demande davantage de détails, Lena réussit à orienter la conversation sur la robe de Carla et elles partent toutes les deux devant, bras dessus, bras dessous.

J’en profite pour sortir le petit carnet qui ne me quitte plus depuis que Will m’a plus ou moins dévoilé son problème. Il est juste là, planqué dans mon soutient gorge, dans l’attente d’indices…

Pour l’instant, seuls quelques mots tapissent la première page blanche : Malédiction, famille et Irlande… Certes, ce sont des indices un peu maigres mais tant que je ne connaitrai pas le nom de famille de la mère sorcière de Will, je ne pourrai pas en savoir davantage… Les Bellefleur sont tout ce qu’il y a de plus moldu, je n’ai donc trouvé aucune info sur eux… Ca doit forcément venir du coté maternel…

Pensive je murmure Lena Porter et les lettres se tracent d’elles-même sur le papier.

Je verrai ça demain… Il me semble avoir entendu dire que la famille de Lena était aussi ancienne que la mienne. Enfin, que les Avalon. Je me demande si les secrets y sont aussi répandus…

Pour l’heure, il est temps de s’amuser un peu ! Pour cela, il faudrait déjà que le principal concerné se pointe !

J’avance jusqu’aux marches du hall quand une main frôle délicatement mes reins nus. Je me retourne précipitamment, me servant de mon étole comme d’une arme.

« Pitié ! N’essaye pas de m’étrangler avec ton morceau de tissus mortel ! » Plaisante mon petit ami, visiblement fier de lui.

« Aha, très drôle monsieur Zonko… J’ai cru que tu avais changé d’avis et que tu irais avec cette sirène rousse de Ginny Weasley. »

« Loin de moi cette idée ma chère, j’ai déjà en ma possession une sirène tout aussi délicieuse »

Je le frappe violement du poing. C’est ça ! Enfonce-toi !

Il éclate d’un rire clair et  passe ses doigts dans ses cheveux de miel avant de me prendre la main et me faire tourner sur moi-même.

« Crois-moi, avec cette robe, aucune sirène ne t’arrive ne serait-ce qu’à l’orteil… Cependant, je dois dire qu’il y a certaines parties de ton corps que j’aurais aimé être le seul à admirer. »

Je lui offre le sourire le plus langoureux que je connaisse avant prendre la direction du bureau de Slug.

C’est vrai que je me sens presque nue malgré le tissu qui frôle ma cheville. De ma nuque jusqu’au creux de mes reins, je le suis littéralement, mais le fait que le tissus me recouvre comme une seconde peau ne laisse aucune place à l’imagination. Ma poitrine est délicatement mise en valeur bien qu’aucun décolleté ne soit présent et mes bras sont subtilement parsemés d’étoffe soyeuse par-ci par là…

Il me rattrape en quelques secondes et en gentleman, me propose son bras. Lui-même n’est pas mal non plus dans son smoking bleu marine.

« Pas de robe de soirée de sorcier ? » Le taquinai-je.

« Oh non ! Ça ne risque pas ! Pour ce qui est de la mode, je fais davantage confiance à mon coté moldu ! »

Nos regards complices se croisent un instant, avant d’arriver à la porte du bureau, décorée pour l’occasion d’une charmante pancarte dorée avec écrit « Soirée Privée » dessus.

Un élève a visiblement été embauché pour jouer les videurs, le malheureux est affublé d’une horrible robe de soirée vert émeraude,  qui me rappelle dans le même genre, un de mes pyjamas.

Will le salue d'une poignée de main, il contrôle notre invitation et nous laisse entrer.

« Bon courage Neville ! Sympa la robe ! »

« C’est une idée de Slug… Attends de voir l’intérieur Will ! » Lui réplique le garçon d’un air désabusé.

Intrigués, nous franchissons donc le grand voile qui sépare le seuil de la porte et le reste de la salle. Au plafond, d’immenses drapés du même vert que la robe de Neville sont accrochés, des lanternes dorées flottent autour des invités, apportant une touche chaleureuse. Circulant entre les groupes de personnes, des elfes de maisons portent d’immenses plateaux de petits fours aux couleurs et aux parfums variés.

Un elfe s’arrête d’ailleurs à notre hauteur, tout du moins, à celle de notre ventre et nous propose ses mets en s’inclinant dangereusement.

Curieuse, et affamée, je penche pour un petit toast que je pense être un genre de pâté. Mal m’en a pris ! A peine ai-je croqué dedans, que le morceaux restant me mord le doigt et s’élance dans le vide. Son homologue, à l’intérieur de ma bouche semble polir mes gencives.

Tandis que je cherche une serviette pour cracher en toute discrétion, Slug vient à notre rencontre, écrasant par la même occasion le pâté fugueur.

J’avale en urgence, en me jurant de ne pas toucher au buffet malgré ma faim.

« William ! Ca me fait plaisir que vous soyez venu! Ah et vous avez emmené Miss Carpple ! Merveilleux ! Je suis sûr qu’elle sera ravie de savoir que Lemon Rugit est ici ! Hé oui ! Le célèbre auteur de « Créatures mythologiques, pas si mythologique que ça ! » est aussi un de mes anciens élèves ! Vous devriez aller le saluer, c’est l’homme chauve là bas, avec la cape jaune ! En attendant, je vous emprunte Monsieur Bellefleur ! J’ai quelqu’un à lui présenter ! » Me souffle t-il avec un enthousiasme démesuré avant de kidnapper mon petit ami au regard impuissant.

Lemon qui ? Jamais entendu parler de ce bouquin…

A présent seule, je décide de partir à la recherche de têtes connues. J’aperçois la Serdaigle un peu excentrique du concours de musique, elle est en compagnie d’Harry Potter qui semble s’ennuyer ferme le pauvre… Alors que je m’apprête à aller engager la conversation, on me bouscule sans ménagement et je manque de m’étaler par terre.

« Oh ! Par la moumoute du Yéti ! Je suis navré mademoiselle ! » Se confond en excuse le fautif. « Par la corne de Ronflak Cornue ! Louise ! C’est un plaisir de te voir ici ! »

« Monsieur Coben ! Ca alors ! Mais… mais vous n’êtes pas en France ? » Demandai-je interloquée.

« Hé bien non vois-tu ! J’étais à Londres pour régler quelques affaires pour notre prochaine expédition et comme Horace a lourdement insisté pour que je passe à sa soirée, me voilà ! Comment vas-tu ? Chris était vraiment ravi de te revoir ! Tu lui manques beaucoup tu sais ! »

Je ne peux m’empêcher de rougir. Les parents de Chris ont toujours eu beaucoup d’affection pour moi et je pense qu’ils ne seraient pas contre le retour de notre relation.

« Très bien merci ! Je suis venu avec mon petit ami, il est là bas, à discuter avec le vieux monsieur en robe noir » Lui indiquai-je pour éviter tout malentendu. « Je rentre à Nice pour Noël, je ne sais pas si Chris vous a dit mais je vous accompagnerai certainement pour l'aider à choisir sa future monture. »

« Bien sûr qu’il m’en a parlé ! Nous sommes ravis ! Avec ton œil expert, je suis sûr qu’il trouvera sa perle rare ! »

« Je doute qu’il ait besoin de moi pour cela mais ca me fait plaisir de l’aider ! Comment va votre femme ? Vous repartez bientôt en expédition ? Chris m’a pourtant dit qu’après votre blessure vous preniez un peu de vacances ? »

« Eolyn va très bien ! Elle est à Marseille pour s’occuper d’un petit Re’em orphelin… Les vétéromages du coin ne sont pas très compétents quand il s’agit de créatures rares… Ils l’ont appelée en renfort ! Nous repartons le mois prochain, nous avons une piste sur l’existence d’un mystérieux Kelpi mangeur de Saules Cogneurs… Tu sais bien comment nous sommes chez les Coben, on ne tient pas en place ! Et puis, ce n’est pas un petit bout de pied en moins qui va m’arrêter ! » S’exclame t-il en se tapotant la jambe.

« Sans aucun doute ! Chris va donc encore devoir changer d’école ? »

« Nous aimerions qu’il vienne ici, à Poudlard, comme sa mère et moi mais comme il n’y a pas de courses de Pégases, il ne veut pas en entendre parler ! La seule chose qui le ferait changer d’avis, c’est si tu avais besoin de lui ici. » Me confesse t-il plein d’espoir.

Gênée, je ne sais pas trop comment me sortir de cette situation embarrassante quand une femme apparait à mes cotés, interrompant notre conversation.

« Alfred ! Quelle surprise ! J’ai entendu dire que tu étais mort ! »

Je m’éclipse donc discrètement après avoir salué mon ex beau-père d’un petit signe de la main.

Me voilà donc à nouveau seule, je saisis une coupe d’un liquide rosé pétillant. Après tout j’ai juré de ne rien manger, pas de ne rien boire !

Le liquide, visiblement alcoolisé, coule doucement dans ma gorge, la délectant d’un goût de cerise très sucré. Je me trouve un petit coin calme, où je peux épier tout le monde sans être remarquée.

En tout cas, c’est ce que je pensais. Quelqu’un vient s’installer à coté de moi, une coupe dans chaque main.

« Berkfleur est complètement inconscient de te laisser toute seule ici dans cette tenue. »

« Ah oui ?! Pourquoi ça ? Qu’a t-elle au juste ma tenue Gabriel ? » Demandai-je froidement.

« Oh rien… Elle est juste terriblement appétissante… Pardon, je corrige, elle te rend dangereusement appétissante… Tu ne remarques pas les regards avides de tous les jeunes hommes présents ? »

Effectivement, je remarque que plusieurs garçons me fixent avec des sourires de prédateurs,  et mes joues s’enflamment légèrement.

« Non vraiment… Si j’avais été à sa place, jamais je ne t’aurais laissée sortir comme ça… Je t’aurais enfermée quelque part… Et je ne serais certainement pas venu à cette soirée débile… Préférant retirer moi-même cette robe de ta peau… » Me susurre t-il à présent dans l’oreille.

Je le repousse fermement, il chancelle légèrement mais ne se départit pas de son sourire railleur.

« Heureusement pour moi, tu n’es pas à la place de Will ! »

Il ricane avant d’avaler cul sec la flûte de qui se trouvait dans sa main droite et de la jeter derrière lui dans un bruit de verre brisé.

« Je ne le crois pas ! Tu es encore saoul ! Si ta sœur s’en rend compte, ça va barder pour toi Gabriel Santos ! D’abord, qu’est ce que tu fiches ici si tu trouves cette fête débile ? »

« J’ai été invité, comme ton petit copain à plumes ! Slug pense que je suis brillant sur un balai ! »

« Actuellement, je pense que la seule chose que pourrais faire avec ton balai, c’est t’empaler dessus ! Tu en est à combien de coupes ? »

Il tangue dangereusement, renversant un peu de sa coupe pleine sur mes chaussures.

« Oups ! Pardon ! Je vais nettoyer ! »

Sans que j’ai le temps de protester, il s’accroupit et attrape fermement ma cheville, essuyant mes escarpins du bout de sa robe.

« Gabriel qu’est ce que tu fais ?! Non mais ça ne va pas ! » Protestai-je en le repoussant.

« Oui moi aussi j’aimerais bien savoir ce que tu es en train de faire à ma copine Santos ! » Retentit une voix visiblement furieuse.

« Ton travail Berkfleur, je tiens compagnie à cette charmante demoiselle, lâchement abandonnée par son cavalier ! »

« Son cavalier est revenu, tu peux aller rejoindre la tienne ! »

« Moïra est partie me chercher à boire, elle est très obéissante comme fille, mais ça, tu le sais déjà Berkfleur, pas vrai ? »

Will pâlit légèrement avant de répliquer :

« Dégage Santos ! On n’a pas besoin de ton haleine d’ivrogne ici ! »

Après un salut militaire, Gabriel s’éloigne avant de faire demi-tour et de balancer le contenue de son verre rescapé sur la chemise blanche de Will.

« Espèce de sale… »

« Ca suffit Will. Laisse tomber, tu as ta baguette non ? Tu peux nettoyer ça en deux temps trois mouvements. » Je le retiens par le bras avant que son poing n’atteigne le visage de Gab et n'anéantisse la soirée. « Je m’occupe de lui c’est bon. »

Will lance un regard assassin à son agresseur avant de rejoindre les toilettes.

Je m’approche de Gab qui est affalé contre un pylône de pierre, un sourire satisfait sur le visage.

« Pourquoi faut-il toujours que tu cherches les ennuis ? Allez viens ! Allons trouver cette Moïra ! »

Il attrape la main que je lui tends et chuchote à mon oreille :

« Je préfère quand c’est toi qui me donnes un ordre… »

Je ne dis rien, je préfère lever les yeux au ciel. Son ton enjôleur aurait pu être touchant si son haleine alcoolisée ne me fouettait pas le visage.

« Bon alors elle est faite comment cette Moïra ? » Demandai-je en parcourant la foule des yeux.

« Grande, blonde, les yeux clairs… Plutôt jolie… Ça ne te rappelle pas quelqu’un ? » Me souffle t-il en resserrant sa prise sur ma main. « Je te rassure la comparaison s’arrête là, elle n’a aucune conversation et sa robe noire est à GERBER ! » Hurle t-il à présent.

« Chut ! Ça suffit ! Tu devrais faire profil bas vu ton état ! »

« Je te rassure ma chère, mon état ne modifie aucune de mes capacités… Vraiment aucune… » Insiste t’il en embrassant à présent le creux de ma main.

Je la retire prestement, et il manque à nouveau de perdre l'équilibre en glissant sur une longue cape sombre. La seule cape de la soirée qu’il aurait mieux valu éviter de piétiner…

« Monsieur Santos… Pourquoi ne suis-je pas surpris…Vu le nombre de verres que vous ingurgitez depuis le début de la soirée, je devrais m’estimer heureux de ne pas recevoir les restes de votre repas sur ma cape ! Miss Carpple ! Raccompagnez-le immédiatement en salle commune, avant qu’il ne se ridiculise davantage devant le gratin du monde magique ! »

Son regard abyssal agacé me fait ravaler toute protestation et c’est donc vers la sortie que je me tourne.

Neville, un peu surpris, me laisse sortir avec mon boule et me salue joyeusement.

« Il est trop fort ce Sev’ ! A croire qu’il lit dans mes pensées ! Tu vas aussi me mettre au lit ? »

« Là tu peux toujours rêver ! Tu viens déjà de pourrir ma soirée ! Je ne vais pas non plus te border bien que visiblement, tu ais encore l’âge mental pour cela ! »

« Santos 1, Berkfleur zéro ! » S’écrit-il en plaquant un baiser humide sur ma joue.

« Non mais quel imbécile ! Un vrai gamin ! Et encore ! Mon frère est plus mature que toi ! » Lui répliquai-je en essuyant frénétiquement ma peau.

Gabriel est toujours affalé contre moi, le poids de son corps nous empêche d’avancer rapidement, son bras entoure mes épaules, le mien le soutient comme il le peut par la taille.

Si je pouvais simplement l’assommer, ça irait plus vite ! Un coup de baguette et hop ! Ah oui ! J’oubliai s ! Pas de place dans cette robe pour une baguette !

Will va se demander où je suis passée…. Pourvu que personne ne lui dise que je suis partie avec Gab…

J’entrevois enfin l’entrée de la salle commune, et même s'il ne reste que quelques mètres à parcourir, je décide d’une petite pause.

Je cale Gabriel contre le mur et soulage un peu mes muscles endoloris.

« Par Merlin ce que tu es lourd ! »

« C’est bien connu, les muscles, ça pèse ! » Me rétorque t-il, moqueur.

« C’est ça ouais ! Je dirais plutôt la stupidité et l’inconscience moi !  Allez, on repart ! Je voudrais bien retourner là bas rapidement ! »

« Tu as peur que Berkfleur s’imagine des choses ? T’inquiète ! Je ne lui dirai pas que tu m’as peloté les fesses tout le trajet ! »

« QUOI ? N’importe quoi ! C’est ton pantalon que je tiens ! »

« Tu glisses souvent alors ! » Réplique t-il dans un clin d’œil provocateur.

Ce mec est déjà exaspérant en temps normal, alors bourré… Merci du cadeau !

Les regards surpris et curieux des serpentards nous suivent jusqu’à l’escalier du dortoir des garçons, avant que les conversations ne reprennent, ponctuées de gloussements.

Je cherche une aide quelconque parmi eux mais aucun ne semble daigner se lever. Adam n’a pas l’air de traîner par ici et je sais qu’Emma et Shanon sont sorties en douce au parc pour bidouiller je ne sais quoi. Bref, je suis seule.

« C’est bon tu crois que tu pourras grimper là haut tout seul monsieur le capitaine ? »

« C’est bon je m’appelle pas Belnouk le Kasskou ! Je peux même les monter en courant ! »

Alors qu’il s’élance pour me prouver ses dires, il glisse lamentablement et sa tête cogne contre l’une des marches supérieure.

La pierre tranchante lui a visiblement entaillé le front et il saigne abondamment.

« Ce n’est pas possible ! Tu le fais exprès ! »

Je le traîne donc, à moitié assommé jusqu’en haut, où il s’assoit lourdement sur le sol, tenant sa tête entre ses mains.

« Pouha ! Ça fait super mal ! »

« C’est laquelle porte ta chambre ? Qu’on en finisse ! Je te préviens, si tu mets du sang sur la robe, je te jette du haut de l’escalier ! »

Il m’indique du doigt le chemin à suivre, et je le conduis jusqu’à son lit où il s’avachit dans un soupir soulagé.

Je prends le temps de regarder un peu la version masculine de nos dortoirs, et je constate que l’ambiance y est toute autre. Un désordre impressionnant règne dans la pièce, comme si les elfes de maison n’y avaient pas pointé leur nez depuis des semaines. Au mur, le Quidditch est roi, avec un éventail de ce que je suppose être les équipes de Grande Bretagne.

Je fouille dans sa malle, elle aussi bordélique et après en avoir extrait plusieurs caleçons colorés, je trouve une chaussette qui semble propre.

« Tiens ! Applique ça sur ta blessure monsieur le cascadeur ! »

Il obéit avant de demander :

« C’est quoi un casdacoeur ? »

« Laisse tomber… Bon ! J’ai accompli mon devoir, je repars maintenant ! Bonne nuit ! »

« Lili attends ! Reste s’il te plaît ! » Me supplie t-il d’une voix paniquée.

« Tu te moques de moi là Gabriel ? »

« Non… Pas cette fois… Tu pourrais… Heu… M’aider à enlever mes chaussures ? »

Il me fait tellement pitié allongé là, couvert de sang, que je cède…

Je m’assois à coté de lui et défais tranquillement ses lacets… Foutu pour foutu…

Même dans la pénombre, je perçois son regard sombre qui me fixe intensément.

« Je me demandais… Tout à l’heure… Quand tu as dit à Will qu’il savait déjà de quoi tu parlais à propos de Moïra, qu’est ce que ça signifiait ? » Lui demandai-je pour briser le silence pesant.

« Voyons… C’est évident Lili… Elle était à ta place récemment et pendant pas moins d'un an  … Ils sont sortis assez longtemps ensemble… Elle le suivait comme la puanteur au cul d’un Veracrasse ! »

« Ah… Il ne m’en a jamais parlé…

« Normal ! Il s’est fait larguer comme un vieux hibou ! Devant toute la Grande Salle ! Un grand moment ! »

« Est-ce que tu sais pourquoi ? »

« Pas vraiment, mais une chose est sûre, c’était violent ! »

Je lui retire ses chaussures en silence, pensive. Que me cache t-il encore ? Je me doutais bien qu’il avait des ex mais pas de si sérieuses…

« Cette fois-ci, j’y vais… Merci de m’avoir répondu… Bonne nuit… »

Alors que je me lève du lit, il me retient doucement par la main et me tire vers lui. Il sent toujours l’alcool mais le parfum âcre du sang a pris le dessus.

« Merci de m’avoir raccompagné… Comme quoi, elle n’était pas si pourrie cette soirée… » Murmure t-il.

« Parle pour toi ! » Lui répliquai-je gentiment.

Il sourit, passe sa main sur ma joue, ce qui comme toujours, me fait frissonner.

Mal à l’aise, je m’écarte, il laisse tomber lourdement son bras sur le lit. Après un sourire triste, il me souhaite à son tour une bonne soirée.

Avant que je ne referme la porte, il ne peut s’empêcher de me faire remarquer :

« Tu vois, j’étais sûr qu’un jour tu finirais dans mon lit ! »

Je souris malgré moi en refermant délicatement la lourde porte de bois.

Je retourne rapidement à la soirée et Neville me confirme ce que je craignais.

« Will te cherchait ! Je lui ai dit que tu raccompagnais un malade… Il n’avait pas l’air très content. »

Je le remercie, puis entre à nouveau dans la pièce, prête à affronter la crise de jalousie qui va sans aucun doute suivre.

A peine mon pied a-t-il franchi le voile, qu’une main sort de l’obscurité et attrape la mienne fermement.

« Je t’ai cherchée partout… Tu étais où ? »

« Rogue m’a obligée à ramener Gabriel à la salle co parce qu’il était trop bourré… »

« Et bien sûr, toi tu as obéi… »

« Evidemment que j’ai obéi ! J’avais plutôt intérêt ! Je te rassure, le traîner jusque là bas, n’a pas été une partie de plaisir ! »

« Pour lui, bien sûr que si ! Il t’a piégée, et toi tu es tombée en plein dans le chaudron ! Tu aurais pu le laisser dans le couloir ! »

« Bien sûr ! Il m’a piégée ! Parce que je suis une blonde complètement débile qui se laisse manipuler par n’importe qui ! Dis-le comme ça, ça, ira plus vite ! » Lui répliquai-je, furieuse.

Je dois parler un poil trop fort car les invités sont à présent tournés dans notre direction.

Will m’entraîne alors un peu plus à l’écart.

« Ce n’est pas ce que j’ai dit ! C’est juste que… Il te veut ! C’est évident ! Il ne cesse de me défier ! C’est un jeu pour lui ! Et là, il vient de gagner une manche ! »

Là, je tique. Un jeu ? Une manche ?

« Alors c’est ça que je suis pour toi ? Le trophée d’une nouvelle bataille avec ton vieil ennemi ?! C’est pour ça que Moïra t’a largué ? Parce qu’elle aussi elle en avait ras le bol de se trouver entre deux gamins ridicules ? »

Visiblement, je viens de toucher une corde sensible, ses yeux le trahissent.

« C’est lui qui t’en a parlé n’est-ce pas ? Évidemment ! Il ne sait même pas ce qui s’est passé entre nous ! Quoiqu’il t’ai dit, c’est totalement faux ! »

« C’est moi qui lui ai demandé, et je te rassure, il n’a rien inventé pour te traîner dans la bouillabaisse, il m’a juste dit qu’elle t’avait quitté en plein milieu de la Grande Salle ! »

«Ah parce je devrais le remercier de ne pas m’avoir craché dans le dos en plus ? Tu le défends maintenant ? »

« Non mais ça ne va pas ou quoi ?! Je ne défends personne, je donne les faits ! Maintenant, j’aimerais savoir pourquoi tu ne m’as jamais parlé d’elle alors que tu sais tout de ma vie sentimentale ! »

« Ce n’est pas mon genre de raconter mes anciennes histoires d’amour à ma nouvelle petite amie ! Moïra, c’est terminé, maintenant, je suis avec toi, point final. »

« Point final ? Tu te fous de moi ou quoi ? Tu me piques une crise parce je vais aider Chris à choisir un Pégase, alors que je te préviens, tandis que j’aurais pu le faire en cachette afin d’éviter une dispute ! Je te raconte tout pour te prouver que tu peux avoir confiance en moi et toi tu me caches la moitié de ta vie ! Tes histoires de famille secrète qui te rongent, tes ex que je croise tous les jours, il y a autre chose ? Tu as un demi-frère à moitié géant dont je ne connais pas l’existence ? »

La colère ne m’arrête plus, j’en ai ras le chapeau de ses crises de jalousie ridicules ! Je le plante là pour aller me calmer dehors avant que je ne sorte quelque chose que je risque de regretter.
Neville est surpris de me croiser à nouveau mais a la gentillesse de ne pas faire de commentaire.

Je serre les poings dans mon coin sans doute rouge comme un phénix.

Will me rejoint quelques secondes plus tard, remué.

« Tu as raison, je suis désolé… Ce n’est pas de ta faute pour Santos… C’est un abruti et toi tu as juste été adorable, comme toujours…Pour Moïra… hé bien, c’est compliqué mais je vais te dire en gros ce qu’il s’est passé parce que tu as le droit de savoir et je veux que toi aussi tu ais confiance en moi, même s’il y a des choses dans ma vie dont je ne peux te parler, pour l’instant en tout cas. »

Je m’apaise un peu mais je ne peux m’empêcher de dire sèchement :

« Bien, excuses acceptée, je t’écoute. »

« Moïra et moi on est sortis ensemble pendant les vacances d’été, toute l’année, on était de très bons amis et pendant cette période, nous nous sommes envoyés des tas de hiboux et on s’est rendus compte qu’on était devenus plus qu’amis. En juin dernier, je suis tombé malade et j’ai dût rentrer quelques temps chez moi, en Irlande. Elle est venue me rendre visite un weekend, et c’est là qu’elle a rencontré ma mère… Elle n’a jamais voulu me dire ce qu’elle lui a raconté ce jour là, mais je sais que dès mon retour à Poudlard, je me suis fait larguer comme un moins que rien. Sans aucune explication… Voilà, Tu sais tout. »

Tout, tout, c’est vite dit… Ils sont décidément très bizarres dans cette famille… Mais comme il parle de sa mère, j’en profite et saute sur l’occasion ! Pêche aux indices me voilà !

« Sympa ta maman… J’espère qu’elle ne terrifie pas comme cela toutes tes copines… Il y a du caractère chez Bellefleur ! »

« Oh ce fichu caractère c’est du cent pour cent Lykaon ! Elle le tient de mon grand-père ! Heureusement pour moi, et pour toi, j’ai hérité de mon père ! Calme et patience, ma mère, elle, était à Serpentard. » Me dit-il comme si cela expliquait tout.

Ravie d’avoir enfin dégotté une info, je laisse passer.

Voyant que je n’ajoute rien, il me prend tendrement la main.

« Ça te dit une petite promenade dans le parc ? Rien que nous deux ? »

« Si Slughorn a terminé de te montrer comme un trophée à tous ses invités, pourquoi pas ! »

Machinalement, je tente de repositionner mon étole sur mes épaules nues mais je me rends compte qu’elle a disparu… Super… Cette étole m’avait coûté deux gallions à Paris…

« Il essaye juste de m’aider… Il m’a présenté à Fambry Bonham, le directeur de Ste Mangouste et surtout, un Guérisseur renommé ! Il se pourrait qu’il ait une place pour moi, à ma sortie de Poudlard… Si j’obtiens suffisamment d’ASPICS… »

« Tu les auras, j’en suis sûre ! Tu es brillant ! »

Il me sourit en haussant les épaules, modeste. Toujours modeste ! Il est intelligent et est le meilleur de la classe, je ne vois vraiment pas pourquoi il ne se sent pas fier de lui…

En guise de réponse, il ôte sa veste de smoking et la pose sur mes épaules glacées. Son geste me touche et me rassure, je prends donc son bras et le suis jusqu’au parc.

Will connaît un coin tranquille où ne serons à l’abri du froid. Nous rejoignons donc un bouquet de châtaigniers aux branches touffues, et alors que Will m’annonce : « Viens, c’est ici ! », nous sursautons en même temps que le couple déjà présent.

Un couple qui s’embrasse tendrement dans la pénombre du soir. Un couple qui nous fixe avec un air paniqué et terrorisé.

« Du calme les filles, Will n’a rien vu, il ne dira rien, n’est-ce pas mon chéri ? »

Mon petit ami, la bouche encore à demi ouverte, hoche frénétiquement la tête avant de se ressaisir.

« Oui… C’est promis… Tout le monde a le droit d’avoir ses secrets… »

Pourquoi ai-je l’impression que cette annonce m’est destinée ?

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Commentaires
Louise Carpple ou l'art d'être française à Poudlard
  • La rentrée est proche, et pour Louise, pas le choix, elle s'effectuera à Poudlard ! Notre jeune française de quinze ans prend donc la direction de l'Angleterre où elle fera sans aucun doute des rencontres qui changeront à jamais son image de l'Ecole
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